Entre le démarrage irlandais puis les premières étapes italiennes, ce 97ème Tour d’Italie a débuté plutôt tranquillement, le mauvais temps y étant sans doute pour quelque chose. Mais ce week-end, après une semaine de course, les premières grandes journées se dressent face au peloton. L’occasion, pour les leaders, de marquer leur territoire, lors des deux vraies premières arrivées aux sommets du Giro 2014.

Des étapes « made in Giro »

Si la première semaine de course a éliminé l’un des grands favoris en la personne de Joaquim Rodriguez, et a créé des écarts parfois conséquents entre Evans, premier leader au général, et les autres, rien n’est encore définitif. Et pour Nairo Quintana, qui pointe par exemple à presque deux minutes de l’Australien, il est temps de montrer les crocs. Car jusqu’à maintenant, tout s’est joué sur des cassures ou des chutes malvenues, sans oublier le chrono par équipes inaugural. En clair, des éléments que les leaders ne peuvent pas vraiment maîtriser. Alors bien sûr, le placement, primordial, a fait défaut à certains durant des étapes que l’on savait pourtant dangereuses compte tenu des conditions météorologiques. Mais quand Martin va au tapis le premier jour à Belfast, ou que Purito goûte le bitume au pied du Montecassino jeudi, il y a aussi beaucoup de malchance. Sans oublier le temps perdu par Quintana, Rolland et quelques autres lors du contre-la-montre par équipes, dut à l’équipe plus qu’au coureur lui-même.

Cependant, ce samedi, la donne devrait changer. Si la météo restera sans doute incertaine au cours des deux prochaines semaines, les grands cols transalpins devraient permettre d’assister à un combat à la loyale. A la seule force des jambes. Et avec des étapes typiques du Tour d’Italie. Un peu moins de 180 kilomètres au programme, dont 125 premiers assez tranquilles. Puis un enchaînement des plus difficiles sur une cinquantaine de bornes seulement, que ce soit vers le Montecopiolo samedi ou en direction de Sestola dimanche. Un programme habituel sur la course rose, qui contraste avec les parcours proposés sur le Tour de France ou sur la Vuelta, souvent moins spectaculaires. La faute, souvent, sur les routes hexagonales, à des arrivées jugées après une descente, ou à des enchaînements qui démarrent trop tôt, amenant au boycott de certaines difficultés. De l’autre côté des Pyrénées, le problème résulte plutôt en une course de côte qui se répète de jour en jour avec une seule difficulté journalière, courte et raide. Le Giro, lui, a su trouver le juste milieu.

Evans contre les Colombiens ?

Après une semaine peu habituelle pour l’épreuve transalpine, comprenant un départ irlandais et des étapes peu sélectives, on retrouve donc le Giro dont on avait l’habitude. Avec un scénario, au moins pour le week-end, qui semble assez lisible. Le paletot rose va changer de propriétaire, pour sans doute passer d’un australien à un autre : Evans. Un homme qui a brillé par sa régularité en cette première semaine de course, et qui va malgré tout se retrouver dans une position assez inconfortable : celle du chassé. A plus de deux semaines de l’arrivée à Trieste ! Alors avec deux fusées qui se lanceront à ses trousses dès ce week-end, profitant de deux arrivées au sommet propices aux offensives, l’ancien vainqueur de la Grande Boucle peut, malgré un début d’épreuve parfait, se sentir menacé. Et comme par hasard, en l’absence de Rodriguez, les deux larrons sont colombiens : il s’agit bien évidemment de Quintana et Uran. Des spécialistes de la montagne qui vont mettre la pression sur le doyen Evans.

Il faut dire que les cols au programme – et notamment le Montecopiolo – correspondent bien mieux aux grimpeurs de poche que sont les deux escarabajos qu’au vétéran aussie. Avec des pentes dépassant régulièrement les 10%, le leader de la BMC pourrait ne pas pouvoir réagir si les deux Colombiens décident de partir. Un tel scénario trotte d’ailleurs sans doute dans la tête de Nairo et Rigoberto. En 2013, ils ont tous les deux terminé deuxième d’un grand tour, et la probabilité de les voir cette fois se battre pour la victoire est grande. Malgré tout, faire d’Evans un simple faire-valoir serait à n’en pas douter une grosse erreur. Le natif de Katherine a remporté juste avant le départ de Belfast un Tour du Trentin très disputé, prouvant ainsi qu’il ne venait pas en touriste sur les routes italiennes. De quoi donner lieu à une belle bataille entre ce qu’il reste des quatre fantastiques du départ. Car une chose est sûre, ce week-end marque un nouveau départ : celui de la véritable bataille pour le maillot rose.

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