Le nouveau leader du Tour de Pologne 2013 au jeu des bonifications, c’est lui. Ion Izagirre Insausti, jeune talent basque âgé de vingt-quatre ans. Dépossédant Rafal Majka de sa tunique de leader au terme de l’étape de Zakopane, il va devoir affronter deux journées très difficiles à venir et devra contrôler ses poursuivants qui ne sont que dans un mouchoir de poche. Mais, alors que les gros bras sont d’une discrétion quasi absolue, ne serait-ce pas quand même logique de voir son nom inscrit en haut du classement ?

Une lutte haletante au général 

Rien qu’à l’annonce du parcours, on en avait déjà l’eau à la bouche. Cette soixante-dixième édition du Tour de Pologne ne laisse pas indifférente avec son départ original dans le Trentin, en Italie, avec deux arrivées au sommet compliquées, l’apparition d’un contre-la-montre individuel final difficile ainsi que ses étapes pièges « classiques ». Si Diego Ulissi a décanté le général en s’imposant nettement en haut de Madonna di Campiglio, le final du lendemain au Passo Pordoi n’a fait que créer une liste d’une douzaine de prétendants au général, emmené par Rafal Majka. Un bilan s’impose, les gros bras se font oublier, place aux outsiders ! Après deux étapes de transition, les choses sérieuses recommençaient avec le désormais célèbre circuit de Zakopane. Une étape pour puncheurs/sprinteurs qui s’est une nouvelle fois terminée par un emballage massif. Après Swift l’an passé, c’est Thor Hushovd qui vient confirmer sa bonne forme du moment ainsi que la bonne spirale de la BMC. Mais les commandes du général changent. Exit le jeune polonais, c’est le cadet de la fratrie Izagirre qui prend la tête, mais la gardera t-il ?

Car dès demain, il faudra se coltiner la redoutable étape de Bukowina, et ses quinze ascensions toutes assez pentues et surtout usantes. Mais, nouveauté oblige, nous n’aurons pas droit à la procession finale dans les rues de Cracovie, puisque dans cette même ville, les organisateurs ont déniché de quoi réaliser un chrono individuel de 37 kilomètres vallonné, de quoi finaliser les positions d’un général jamais décidé. Si les grimpeurs purs tels que Majka, Riblon et Pozzovivo voire Kiserlovski vont s’en doute mettre le feu dans le final de demain, d’autres comme Sergio Henao où Ion Izagirre paraissent plus sereins à l’approche du rendez-vous terminal. 49 secondes seulement séparent Izagirre d’Alex Howes, douzième au général, qui garde encore ses chances. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un nouveau retournement de situation demain où d’un hold-up samedi après-midi, mais le suspens est clairement présent.

Une récompense qui tomberait à pic 

Mais, après tout, si Ion Izagirre venait à inscrire son nom au palmarès d’un course World Tour d’une semaine, ce serait très loin d’être immérité. Composant un duo plaisant à regarder avec son aîné Gorka, Ion est un puncheur/grimpeur qui ne cesse de gravir les échelons. Montrant un caractère très offensif, les courses d’une semaine sont celles qui semblent le mieux lui convenir pour le moment. Sur le même Tour de Pologne qu’avait remporté Moreno Moser, il avait pris la septième place finale, mais avait aussi réalisé une jolie « course des deux mers » puisqu’il avait réalisé un top 20. Quand à sa plus belle victoire de sa carrière, c’est aussi en Italie, lors du Giro 2012. Sur une étape de transition, il était le plus fort de la bonne échappée dans la bosse finale de Falzes, se révélant ainsi au grand public. La confirmation ne se fait pas attendre et sa progression est logique, en témoigne sa quatrième place finale du dernier Tour Down Under. De plus, le natif d’Ormaiztegi montre de plus en plus les signes d’une certaine polyvalence future. Non content de se débrouiller dès que la route s’élève, l’exercice solitaire ne lui fait pas peur et y limite plutôt bien la casse. Encourageant, sachant que dans ce Tour, les écarts décisifs risquent d’être faits dans cette configuration-ci, samedi. Après trois ans d’apprentissage au sein d’une formation idéalement conçue pour un coureur comme lui, le garçon a enfin pris son envol avec l’expérience nécessaire pour jouer – durablement? – les premiers rôles. Ion Izagirre est aussi depuis quelque mois l’un des rares « oranges » à se montrer perpétuellement à l’avant si on excepte l’incontournable « Samu ». De la situation sportive et financière qu’on connaît de la maison basque, la consécration de ce jeune coureur tomberait à pic pour une institution qui ne fait qu’attendre le successeur de « SSG ». La victoire finale est dans ses cordes, mais il ne faudra pas trembler, mais au contraire s’imprégner de la marque des plus grands et continuer à se faire un nom…

Alexis Midol


 

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