Un départ de Catalogne, une arrivée en Ligurie, et entre-temps, deux journées sur le sol français. C’était le pari risqué de La Méditerranéenne, nouvelle épreuve disputée cette semaine. Malheureusement, si tout n’est pas à jeter, le bilan est loin d’être emballant au terme des quatre jours de course.

L’inévitable comparaison

Le Tour Med’ avait été annulé en 2015. Seulement un an plus tard, l’arrivée de La Méditerranéenne apparaît donc comme la renaissance d’une épreuve historique, créée en 1974 par Lucien Aimar. Bien entendu, le format est différent, avec cet étalement sur trois pays : mais quoi qu’en dise l’organisateur André Martres, la comparaison avec l’ancienne épreuve est inévitable. Dans le calendrier, La Méditerranéenne a remplacé le Tour Med’. Et dans les cœurs aussi. On ne peut donc s’empêcher de comparer le vainqueur à ceux des années précédentes. Grâce à son coup de maître samedi, Andrei Grivko s’est adjugé le classement général final. Avant cette semaine, il n’avait gagné qu’une seule fois dans sa carrière. Habituel gregario, il a pu s’imposer et succéder à des coureurs comme Jalabert, Rebellin, Bettini ou plus récemment Sanchez, Moncoutié et Löfkvist.

Incontestablement, La Méditerranéenne a donc attiré cette année un plateau bien plus faible que celui que pouvait offrir le Tour Med’. En 2013 par exemple, on avait vu se bagarrer Péraud, Pinot, Rolland, Roche, Mollema, Ten Dam et tellement d’autres. A l’opposé, cette semaine, même les coureurs français avaient déserté l’épreuve. Hormis Geniez, Jeannesson et Gautier, difficile de trouver trace des grimpeurs qui portent d’habitude les couleurs tricolores jusqu’aux sommets. Et cette pauvreté du plateau était palpable dans tous les secteurs. Pour les sprints, Arnaud Démare est apparu incroyablement seul, permettant même à son poisson-pilote Mikaël Delage de terminer dans sa roue vendredi, lors de l’unique étape qui s’est jouée au sprint.

Un parcours qui pose question

Mais si les têtes d’affiche ont été trop peu nombreuses à faire le déplacement, c’est en partie à cause de l’organisation. Conséquence directe de la volonté d’André Martres de s’étaler de l’Espagne à l’Italie, les liaisons étaient très longues. Bien plus que les étapes elles-mêmes. Après le contre-la-montre par équipes inaugural de 5,5 kilomètres, les équipes ont donc dû parcourir 120 kilomètres pour rallier la ville départ du lendemain. Mais c’était encore anecdotique à côté des 360 kilomètres de liaison après la deuxième étape. De quoi freiner certains, tout comme cette dernière journée, ce dimanche, qui ne proposait rien d’autre que vingt tours d’un circuit de cinq bornes à Bordighera. La conclusion de ces quatre jours était pourtant prévue différemment au départ, mais il a fallu s’adapter. L’organisation avait en effet l’intention de passer sur le tracé du Trofeo Laigueglia, qui se disputait le même jour…

Pour une première édition, La Méditerranéenne témoigne donc d’une grande marge de progression. Le potentiel est là, mais ne semble pas exploité au mieux. Malgré tout, une naissance ratée ne veut pas dire que l’épreuve ne fera pas son trou dans les années à venir. La course a été ouverte et a offert un joli suspense pour la victoire finale : c’est un point positif sur lequel les organisateurs devront se baser pour travailler. Pour le reste, cela passera notamment par une plus grande fiabilité. L’an passé, ce n’est que quelques semaines avant l’épreuve qu’on avait appris son annulation. Et cette saison, le parcours a été modifié jusque cet hiver et les doutes sur la tenue de la course ont persisté jusqu’à il y a peu. Pour 2017, on attend donc autre chose. Mais si les évolutions sont au rendez-vous, peut-être que La Méditerranéenne s’imposera alors comme une épreuve qui compte dans un mois de février où il est difficile de concurrencer les épreuves du Moyen-Orient.

 

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