Pour le premier gros week-end de compétition de la saison, on a vu des Sky en pagaille. C’est bien simple, sur les trois courses par étapes qu’elle a disputé la semaine dernière, l’équipe britannique a décroché cinq étapes et deux victoires finales. De quoi mettre en confiance dans la préparation du Tour de France qui commence déjà.

Froome et Poels intouchables

Il n’y avait que trop peu de concurrence pour Chris Froome, qui a logiquement brillé sur les routes de l’Herald Sun Tour. Son rival le plus dangereux se nommait en effet Peter Kennaugh, son dévoué coéquipier, qui ne cesse de progresser sur les terrains escarpés. Leur domination s’est donc avérée sans partage sur les routes australiennes, avec deux étapes et un doublé au général. « Nous ne pouvions pas passer une meilleure semaine, raconte le double vainqueur du Tour. Gagner la dernière étape et prendre les deux premières places du classement général est vraiment une belle façon de terminer la semaine. » “Froomey” gagne ainsi pour la quatrième année de suite sa course de rentrée. Trop facile ? Ce n’est pas l’avis du Britannique, toujours à l’aise pour manier la langue de bois. « Il n’est jamais simple de remporter une course de vélo, même si vous ne connaissez pas très bien vos adversaires. » Il a pourtant chassé assez avec aisance Peter Kennaugh de la première place du général. Le champion de Grande-Bretagne oscillait alors entre déception personnelle et joie collective. « Je suis un peu déçu mais c’est comme ça. Froome était une option pour l’équipe, ça a parfaitement fonctionné. Durant la course, nous avons toujours dit qu’il était possible de faire un et deux. » La saison à peine débutée, le patron prend déjà toute la place.

Wout Poels était de son coté parti en Espagne pour participer à la renaissance du Tour de Valence. En proposant un parcours complet et une belle étape de montagne l’avant-dernier jour, les organisateurs ont su attirer un plateau de haut niveau. Mais à la fin, c’est encore le Team Sky qui gagne. Le Néerlandais, second leader de l’équipe à la bande bleue, a largement survolé la course. Son attaque dans la montée finale de l’étape reine, samedi dernier, avait de quoi nous rappeler Froome l’été dernier. Résultat, il a laissé ses adversaires sur place. Maillot jaune sur le dos et aussi sec que son coéquipier, il a tourné les jambes à une vitesse impressionnante pour s’isoler, presque aisément. Une image à laquelle il va falloir s’habituer cette saison tant Poels semble être une copie de l’Anglais. A l’automne dernier, le Néerlandais se montrait satisfait de sa première saison Outre-Manche, et aspirait à plus de responsabilités. Il est pour le moment en bonne voie. « La course a montré que Wout était le plus fort, tout comme l’équipe qui a parfaitement contrôlé chaque étape, notait le directeur sportif Dario Cioni. Il n’y a pas un moment où nous avons relâché la pression. »

Vers une nouvelle domination ?

Poels sera à nouveau un équipier de luxe en juillet, et à voir comment il est parvenu à lâcher Fabio Aru dans des pentes convenant à merveille au Transalpin, on peut l’imaginer très costaud en juillet. La Sky nous a habitué à dominer avec plusieurs coureurs, de Wiggins à Froome en passant par Porte et Thomas, même si tout est toujours mis en oeuvre pour le leader. Ce devrait encore être le cas en 2016. Et ça tombe bien, car l’ancien d’OPQS ne se voit pas encore porter les attentes de l’équipe sur une telle course. « Je ne pense pas gagner le Tour un jour. Mais il n’y a pas grand monde qui a la chance de travailler avec le vainqueur du Tour de France, c’est extraordinaire de le faire et si l’équipe apprécie, c’est encore mieux. » En revanche, sur des épreuves de second rang, il se voit de plus en plus responsabilisé. Il a fréquemment pu jouer sa carte personnelle l’an passé, sur Tirreno-Adriatico, le Tour de Grande Bretagne ou encore le Tour d’Abu Dhabi, et souvent avec succès. « J’ai été capable de combiner le travail pour l’équipe et de saisir mes opportunités sur d’autres courses. J’ai vraiment apprécié », confiait-il. Au mois de mars, Poels ira encore sur Tirreno quand Froome aura rendez-vous sur Paris-Nice. Puis viendront les objectifs estivaux, avec le Tour et les Jeux Olympiques. Un programme calqué sur celui du “Kenyan Blanc”, qui a remporté en Australie sa onzième course à étapes. « J’ai travaillé très dur cet hiver donc je suis ravi d’être aussi bien. Mais cette saison risque d’être la plus difficile de ma carrière, c’est une année olympique en plus du Tour de France. Il y aura beaucoup de courses. »

Mais il n’est clairement pas seul, et c’est toute son équipe Sky qui est en train de se positionner au dessus de la mêlée. Il n’y a qu’à jeter un œil aux autres prestations des hommes de Dave Brailsford. Benat Intxausti, fraîchement arrivé de la Movistar, a pris la deuxième position de l’étape montagnarde à Valence – derrière Poels – et possède toute la confiance de Cioni. « Il a montré qu’il pouvait être à un haut niveau. Il sait grimper, rouler contre-la-montre. Sa troisième place au général est une bonne performance pour sa reprise. » Parmi les non-grimpeurs, Elia Viviani s’est fendu d’un succès au Tour de Dubaï. Mais ce n’est là que le début. L’arrivée de l’ex-champion du monde Michal Kwiatkowski offre une possibilité à l’équipe de triompher sur les classiques, terrain jusque là un peu délaissé, alors que Mikel Landa est venu renforcer les rangs de la Sky en vue de jouer la gagne sur le Giro. Après ce début de saison en fanfare, Brailsford a donc de quoi voire les choses en grand, pourquoi pas jusqu’à un doublé Giro-Tour. Plus rien, en tout cas, ne surprendrait de la part de l’équipe britannique.

 

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