On n’arrête visiblement plus la structure batave ! Concluant le formidable travail d’une équipe comme toujours entièrement dévouée à son leader, John Degenkolb parachève une semaine dorée pour l’équipe Giant-Shimano en s’adjugeant au sprint Gand-Wevelgem. Une démonstration de force de l’Allemand – une semaine après l’échec de Milan-Sanremo – qui intervient après le festival de Luka Mezgec sur les routes catalanes, et une victoire de prestige de Tom Dumoulin en Corse, sur le Critérium International. Vous avez dit meilleur collectif du peloton ?

La victoire d’un homme qui déçoit rarement

Si le Tour des Flandres et le très en vogue GP E3 semblent avant tout destinés aux spécialistes des pavés, capables de décramponner leurs adversaires sur un démarrage, Gand-Wevelgem fait pour sa part partie des quelques classiques dont l’indécision fait le charme. On serait tenté de dire que les sprinteurs possèdent une emprise non négligeable sur le déroulement d’une course peu sélective, mais à l’image du petit groupe réglé par Peter Sagan en 2013, ou de l’échappée de Bernhard Eisel en 2010, on se devait de garder une petite réserve. Pourtant, lorsqu’un redoutable trio – dans lequel figurait le double vainqueur du Ronde Stijn Devolder – a pris la poudre d’escampette à la sortie du Monteberg, personne n’aurait parié sur leur victoire. Il faut dire que Greipel, Sagan, Boonen, Kristoff ou Démare étaient là avec leurs formations pour rouler. Cela a été juste, mais les sprinteurs ont finalement bien tenu leur rang ce dimanche, et ce malgré des chutes coupables d’une certaine désorganisation et d’une relative temporisation dans les derniers kilomètres.

Les hommes du « Giant-Shimano’s Express » faisaient partie de ceux-là, et ont embrayé dans les 10 dernières bornes. Dans la continuité du travail abattu depuis le départ. Pour que lors de l’emballage final,Degenkolb et sa moustache prêtant aux commentaires sur la toile surgisse de l’ombre du fidèle Koen De Kort, faisant parler sa puissance irrésistible pour aligner le valeureux Démare et l’autre favori, Sagan. Tout sauf une surprise pour celui qu’on présente tel le successeur du grand Erik Zabel sur les classiques.. Fort d’une polyvalence rare, l’Allemand a une nouvelle fois démontré son sens de la gagne et sa capacité à saisir les brèches lorsqu’elles s’ouvrent à lui, pour remporter sa troisième course d’un jour significative après la Vattenfall et Paris-Tours. Le meilleur ami – ou ennemi ? – de Marcel Kittel n’est pas du genre à se laisser dépasser par les événements et se rachète une conduite après sa grande déception transalpine, inhabituelle chez un garçon de 25 ans qui devient un véritable spécialiste des classiques. De bon augure pour le natif de Gera avant la grande messe du Tour des Flandres, où une place parmi les dix – voire plus si affinité – est largement envisageable.

Une marque de fabrique de plus en plus visible

« Argos ? Une équipe qui cherchera a gagner une étape du Tour avec Kittel et Degenkolb et puis c’est tout ! » Un son de cloche que l’on peut désormais aisément juger d’absurde, mais qui fut pourtant monnaie courante lors de l’attribution des licences World Tour à la fin de l’hiver 2012. Démarrant alors un projet censé amener la formation néerlandaise aux sommets de la hiérarchie mondiale, c’est sur un vivier de jeunes au nombre insoupçonnable que l’ex-Skil a construit les bases du succès actuel de Giant-Shimano. Si la proportion de sprinteurs/rouleurs est primordiale au sein de l’effectif, on remarquera une culture de la polyvalence soutenue au sein du staff, qui a su polir des diamants incomplets engagés pour la pérennité d’une aventure de plus en plus dorée. Ainsi, Luka Mezgec fait figure de troisième homme dans le dispositif Giant. Placé sur toutes les courses à étapes World Tour auxquelles il a participé en 2013, le surprenant slovène avait débloqué son compteur en Chine lors du crépuscule de la saison dernière. Il est reparti sur la même dynamique en remportant coup sur coup l’escarpée Handzame Classic, mais surtout trois étapes casse-pattes du Tour de Catalogne. Une nouvelle dimension à endosser pour l’une des révélations de l’année dernière, qui profite aussi aux autres ressources d’un collectif des plus fournis.

Etonnant son monde lors de l’Eneco Tour, Tom Dumoulin a enfin concrétisé ses belles places d’honneur en décrochant dans cette même semaine prolifique l’exercice solitaire du Critérium International, à Porto-Vecchio. Mais plus que des coups d’éclats, c’est avant tout l’esprit d’équipe et la mentalité de chacun qui frappe les observateurs. On croirait assister au retour de la surpuissante HTC. Sur Gand-Wevelgem, leur figure de proue ne partait pourtant pas avec les faveurs des pronostics, mais la complémentarité des huit engagés avec le maillot Giant a été déterminante. Contrôlant l’échappée sans la moindre tension, la bande à Iwan Spekenbrink s’est ensuite intelligemment retirée des preneurs de relais lors de la traversée des impitoyables monts, avant d’enfoncer le clou lors des ultimes difficultés sous la houlette d’un Devenyns galvanisé par la présence de son leader. Il ne restait alors plus qu’à faire l’effort juste, au bon moment, sans se précipiter, ni trop tarder, et mettre la balle au fond. Pour cela, Giant comptait sur son redoutable finisseur, Degenkolb. Plus que la morale d’une course, c’est toute la marque de fabrique et l’essence même d’une philosophie collective que l’on a retrouvé en ce dimanche, et qui peut en inquiéter plus d’un pour les prochaines échéances. Giant est à l’heure, et il ne sera pas question de leur laisser l’initiative, sous peine de voir les bouquets s’envoler.

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