Ca en ferait, des coureurs sur le carreau, s'il n'y a pas de nouveau sponsor... - Photo radioshackleopardtrek.com
Ca en ferait, des coureurs sur le carreau, s’il n’y a pas de nouveau sponsor… – Photo radioshackleopardtrek.com

C’est officiel depuis ce matin, la structure américano-luxembourgeoise va se retirer du peloton cycliste à la fin de la saison 2013 ! Un coup dur pour de nombreux coureurs, qui paient inévitablement les déboires de Lance Armstrong, principal instigateur de cette équipe, mais aussi en partie les dérives actuelles des frères Schleck. Flavio Becca et Luca Guercilena se retrouvent donc dos au mur, le temps passe vite, et l’urgence de retrouver un sponsor est une réalité.

L’épilogue d’un projet très chahuté, voire décrédibilisé

C’est en fin d’année 2009 que la formation Radioshack vit le jour. Sous l’impulsion d’un Lance Armstrong encore considéré comme une « super star du cyclisme », la structure s’était doucement mise en place autour du Texan. Après un retour gagnant au sein d’Astana, celui qui était encore un septuple vainqueur de la Grande Boucle souhaitait faire bande à part pour atteindre ses objectifs complètement fous. La création de sa propre équipe s’est révélé être la meilleure solution pour éviter les relations houleuses avec d’autres leaders. En choisissant lui-même ses coéqupiers, la plupart étant ses anciens lieutenants, il n’a eu aucun problème (ou presque) sur le plan relationnel. La licence World Tour n’a pas causée plus de tracas aux dirigeants, mais la côte de popularité de l’équipe représentée par un “R” – interprété comme “Retraite” par certains – n’a jamais été très élevée. La faute pour beaucoup, à des raisons éthiques… On retiendra aussi de cette première année le buzz médiatique tenté lors de la dernière étape du Tour de France 2010, l’équipe souhaitant arborer un maillot spécifique pour l’occasion, à l’effigie de la fondation Livestrong. Les résultats, pour une équipe banale, auraient été plutôt correctes, grâce à un Chris Horner en jolie forme. Mais Lance Armstrong, sur la grande messe de juillet, venait de prendre une grande claque…

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Ainsi, après le départ de LA, Radioshack fusionne avec la Léopard des Schleck et de Cancellara. Une association sur le papier très alléchante, qui ne confirmera malheureusement pas sur la route. L’année est marquée par une guerre d’égos impitoyables avec d’un côté les anciens coureurs de la Radioshack et de l’autre, les ex-Léopard. Rien de bien surprenant, quand on essaie de faire cohabiter deux équipes qui se battaient en course quelques mois avant. Le terme “équipe” plus que jamais bafoué, la mauvaise ambiance au sein du groupe ne passe pas inaperçue et les critiques fusent de toutes parts. La saison prend des airs de catastrophe avec la blessure de Cancellara au moment des classiques flandriennes, le contrôle positif de Frank Schleck et la transparence désormais chronique d’Andy Schleck. Ce dernier décidant même de faire parler de lui lorsqu’il n’est pas sur le vélo, son image de gendre idéal s’est peu à peu effriter auprès des observateurs. Tout comme la crédibilité de l’équipe entière, pas très honnêtes avec ses coureurs, puisque plusieurs coureurs durent se confier dans les médias pour stopper les problèmes de paiement.

Une bataille à mener

Malgré lui, on a alors retrouvé Armstrong durant l’intersaison. Ses aveux font sauter Johan Bruyneel, et d’anciens équipiers ayant témoignés contre lui sont contraints d’arrêter leur carrière. Avec l’arrivée de Luca Guercilena, réputé plus proche de ses coureurs, ce qu’il reste du “clan luxembourgeois” prend le dessus sur les Américains. Mais il faut tout reconstruire. Autour, cependant, d’hommes toujours à la dérive. Comme l’a montré celui qui devrait être l’un des leaders de l’équipe, Andy Schleck. La décision annoncée ce mardi par les sponsors de s’arrêter en fin de saison sonne donc comme quelque chose de totalement logique. Une équipe qui n’en est plus une et dont l’image ne vaut plus grand chose auprès de l’opinion publique ne pouvait réellement perdurer. Que se serait-il advenu si, dimanche, Fabian Cancellara avait remporté Milan-Sanremo ? On ne le saura surement jamais, mais le Suisse a terminé troisième et Radioshack a bel et bien officialisé qu’il arrêtait en fin de saison…

La situation est donc claire, il faut retrouver un sponsor pour 2014 pour que la structure perdure. C’est le rôle de Flavio Becca, qui doit donc se muer en sauveur pour une formation qui ne lui a pourtant pas apporté que du bon. Toutefois, il faut faire vite. Impossible de faire attendre Fabian Cancellara trop longtemps. Le Suisse voudra avant même la fin de saison des garanties pour la prochaine, et il ne sera pas le seul ! Le Luxembourgeois a donc quelques mois pour trouver un repreneur. Pour cela, il ne peut véritablement compter que sur une chose : ses coureurs. Seules des performances à la hauteur des attentes pourront attirer de nouveaux sponsors. Les classiques dans un premier temps, le Tour de France ensuite, seront deux lieux d’expression que Spartacus et ses coéquipiers ne devront pas manquer. Sans quoi Radioshack s’en ira, et l’équipe disparaîtra totalement. De quoi retrouver Cancellara chez lui, dans l’équipe IAM ? Et permettre à Danilo Hondo concrétiser son rêve en créant sa propre équipe ? Cet évènement pourrait finalement sonner comme la fin d’un épisode maudit au sein d’une équipe qui n’aura jamais réussi à atteindre les sommets qu’elle visait.

Alexis Midol & Robin Watt


 

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