Alexander Kristoff était largement le plus rapide du groupe du tête qui s’est présenté à l’arrivée à Plouay et n’a pas failli à son rang de favori. Le Norvégien a remporté hier sa vingtième victoire cette saison et semble revenir au niveau qu’il a montré au printemps, époque où il a brillamment remporté le Tour des Flandres, qui selon les spécialistes serait l’épreuve la plus proche du circuit de Richmond. Parce que c’est bien de l’autre côté de l’Atlantique qu’il faudra regarder, le 27 septembre prochain, la course qui décidera du prochain maillot arc-en-ciel. De quoi donner des idées au sprinteur de la Katusha qui revient en forme.

Coup d’arrêt au Tour de France

Quasiment imbattable en mars-avril, il a traversé la Grande Boucle de manière presque transparente. Largement battu à chaque emballage final, la faute en partie à un grand André Greipel, il n’a pas pu rééditer sa performance de l’année dernière où deux succès étaient venus garnir ses valises. Les arrivées en côte étaient trop dures pour lui, et il n’était pas le plus rapide au sprint. Sûrement émoussé par un début de saison où il a été très actif, il a manqué de giclette. « J’ai toujours eu du mal avec ce type d’accélérations » avoue Kristoff. « Greipel a un très bon jump et je peinais à chaque fois pour recoller. » Avec des objectifs de victoires d’étapes voire de maillot vert, le Norvégien a rapidement déchanté et n’a finalement pas gardé grand-chose de positif du mois de juillet. Dépassé une ultime fois sur les Champs-Elysées, certains le voyaient même baisser pavillon sur la fin d’année. C’était sans compter sur la force de l’ancien vainqueur de Milan-San Remo qui possède une énorme capacité à rebondir.

En reprise à domicile sur l’Arctic Race of Norway, il est venu remporter la première étape d’une épreuve durcie lors des derniers jours. Et pourtant, on l’a vu aux avant-postes sur des parcours où des coureurs avec vingt kilos de moins sont bien plus à l’aise, comme lors de cette dernière étape courue sur un circuit exigeant et terminée à la vingtième place. Une nouvelle preuve de sa capacité à passer les côtes si elles ne sont pas trop longues. En seconde position au terme de la Vattenfall Cyclassics à Hambourg où les sprinteurs dominent habituellement les lieux, il a confirmé son retour en forme. Battu une nouvelle fois par le “Gorille” mais tout de même deuxième, il a parfaitement réagi sur les routes de Plouay ce dimanche. Sur un parcours pas si simple, il s’est très bien accroché sur les pentes les plus exigeantes du circuit pour devancer tout le monde sur la ligne blanche. C’est plein de confiance qu’il va désormais aborder le dernier objectif d’une année 2015 bien remplie.

Un parcours à sa convenance

Le circuit n’est pas en Belgique mais il a tout pour être en adéquation avec les qualités des meilleurs coureurs sur les Flandriennes. Sur les 16,2 kilomètres du circuit américain, tracé exclusivement en ville, il y a tout d’abord douze bornes de plat essentiellement composées de longues avenues et de virages serrés. Puis vient un enchaînement de trois bosses, présentant toutes de forts pourcentages et ayant l’originalité de présenter des pavés. Ce ne sera certes pas le Mur de Grammont mais il faudra maîtriser ce type de difficulté pour pouvoir rêver au maillot irisé. Et Kristoff fait assurément partie des dix coureurs qu’il faudra absolument surveiller. Il ne cache d’ailleurs pas ses ambitions où il pourra compter sur une équipe talentueuse à son service. « Mon prochain objectif est le Championnat du Monde. J’ai vu le circuit en vidéo et il devrait me convenir. Les montées sont courtes, techniques et il y a des pavés…»

Prochaine direction pour le colosse scandinave, le Canada et ses deux épreuves World Tour à Québec et Montréal. Des circuits peut-être un peu trop exigeants pour ses 81 kg mais qui lui serviront à coup sûr pour le 27 septembre. « Les classiques Canadiennes sont un peu trop dures pour moi, mais ça sera une préparation parfaite pour Richmond. » Le problème pour le natif de Stavanger est qu’il sera surveillé comme le lait sur le feu et ce n’est assurément pas la meilleure des options pour gagner un mondial. Sauf s’il montre qu’il est de loin le plus fort, inlâchable dans les bosses et le plus rapide au sprint. Un statut qui pourrait servir à des champions comme Cancellara ou Sagan, moins à leur aise que d’habitude en 2015 mais qui devront attaquer l’ancien double champion de Norvège pour espérer l’emporter. En grand favori, on verra s’il peut prendre la course à son compte et mener au bout une saison exceptionnelle.

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