Sur Tirreno-Adriatico, Santambrogio serre les dents, mais il est bien le seul à suivre Alberto Contador - Photo Vini Fantini
Sur Tirreno-Adriatico, Santambrogio serre les dents, mais il est bien le seul à suivre Alberto Contador – Photo Vini Fantini

Dans l’ombre des grands noms qui ont illuminé les dernières semaines, c’est un outsider italien qui a pris les devants en cette première partie de saison. A 28 ans, Mauro Santambrogio surprend les observateurs par des performances plus que bonnes, et s’impose comme l’un des coureurs du moment. Mais alors, est-ce là un feu de paille ou une éclosion logique ? Nous essayons d’y voir un peu plus clair.

Omniprésent depuis fin janvier

Le choix n’avait rien de facile, pouvant s’apparenter à un retour en arrière, mais le natif d’Erba ne s’est pas dégonflé, en passant de la BMC à Vini Fantini. La formation américaine était l’une des plus puissantes du peloton alors que l’équipe italienne n’évolue même pas en World Tour. Une sacrée différence qui n’a pas fait peur à Santambrogio. Débutant avec les giallofluorescente sur le Tour de San Luis, il y a pris une sixième place à ce moment là anecdotique, mais finalement annonciatrice de son début de saison fantastique. Quelques accessits plus tard, et profitant des invitations dont bénéficie l’ancienne Farnese, le Lombard se montre en grande forme sur Tirreno-Adriatico. Dans la difficile montée du Prati di Tivo, il sera le seul, dans le dernier kilomètre, à tenter d’aller chercher un Christopher Froome des grands jours. Les étapes suivantes confirmeront sa forme croissante, et il se classera septième du classement général à San Benedetto del Tronto.

Mais le coureur qui a débuté chez LPR ne s’arrête pas là. Son équipe n’étant pas conviée aux ardennaises, il se concentre sur le Tour du Trentin, et une nouvelle fois, y fait forte impression. Santambrogio s’impose comme un adversaire très solide de Vincenzo Nibali, Bradley Wiggins ou encore Domenico Pozzovivo, en fin de préparation pour le Giro. Terminant sur le podium des deux arrivées au sommet, il prend la deuxième place sur le podium final. En quelques mois, le Lombard aura donc fait étalage de bon nombre des ses qualités, qui n’étaient pas forcément reconnues par les observateurs. Mais c’est surtout pour la suite que ses performances sont intéressantes. Le Tour d’Italie commence dans deux semaines et en local qu’il est, Santambrogio souhaitera y faire bonne figure en portant haut les couleurs de son équipe.

Libéré par son transfert

Cependant, il faut bien trouver des raisons à ces résultats totalement inattendus d’un coureur qui n’avait jusque là remporté que les Trois vallées varésines en 2009. Le premier facteur important, à n’en pas douter, concerne son nouveau statut. Désormais leader désigné d’une formation où la pression est incomparable à ce qu’a pu connaître l’Italien chez BMC, il a pris confiance. Les gros rendez-vous sont toujours aussi importants pour une petite équipe qui ne peut se permettre de passer à côté, mais l’environnement est totalement différent, et Santambrogio se retrouve libre d’exprimer pleinement ses qualités de puncheur-grimpeur. Jusqu’ici, ça n’avait pas été le cas, et ce malgré le gros potentiel du principal intéressé. Il lui aura donc fallu rejoindre la structure de Luca Scinto pour qu’on daigne lui porter un peu d’attention. Remarquablement combatif, le Lombard s’affirme comme un coureur à ne plus sous-estimer, que ce soit sur les classiques ou sur les courses à étapes.

On espère pouvoir le vérifier prochainement, sur le Giro. La course rose représente comme chaque année le principal objectif de sa formation, qui espérera se montrer autant cette année que ce fut le cas la saison passée. Le maillot de meilleur grimpeur de Matteo Rabottini avait permis au grand public de découvrir l’état d’esprit des Farnese-Vini. Aujourd’hui, le nom a changé, mais pas la philosophie, et Santambrogio semble parfaitement s’en être imprégné. Associé au vétéran Stefano Garzelli, au repenti Danilo Di Luca et donc au prometteur Matteo Rabottini, le leader des giallofluorescente pourrait atteindre des sommets sur son Tour national. Néanmoins, il convient d’émettre quelques réserves sur les futures performances du Transalpin. En forme très tôt dans la saison, on se demande aujourd’hui s’il va pouvoir tenir encore longtemps. Le Giro ne se termine que le 26 mai, et il faudra tenir jusqu’au bout. Mais c’est certain, Mauro Santambrogio a pris rendez-vous.

Alexis Midol


 

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