Sojasun s’est arrêtée, et c’est forcément la fin d’une belle histoire pour l’un de ses coureurs phares, Julien Simon. Mais le Breton a eu de la chance dans son malheur, retrouvant très rapidement une équipe prête à lui faire confiance, toujours en France, chez Cofidis. Le puncheur tricolore, forcément un peu nostalgique, veut malgré tout regarder vers l’avant, et retrouver son niveau de 2012, lorsqu’il claquait des victoires de prestige en World Tour. Il s’est donc confié à la Chronique du Vélo pour un entretien des plus enrichissants.

Bonjour Julien. Tout d’abord, comment avez-vous abordé la période hivernale ? Décompression avec de bonnes vacances en famille ou toujours le vélo à l’esprit ?

J’ai coupé comme tout les coureurs, bien évidemment. Je n’ai pas pris de longues et grandes vacances, je suis avant tout Breton, je vis dans les Côtes d’Armor et j’ai juste pris un week-end dans le Finistère avec ma famille. Je suis surtout resté pas mal de temps chez moi, à la maison. On a l’habitude d’être tout le temps en déplacement, et j’aime profiter de mon chez moi, tranquillement. Je suis remonté sur le vélo quatre semaines après le début de ma coupure, à la mi-novembre donc.

Avec l’expérience, s’habitue-t-on au fait de ne pas être chez soi pendant les trois quarts de l’année ?

Oui, on s’y fait. L’hiver, c’est traditionnellement au chaud chez nous, sauf qu’on part en stage, ce qui sera mon cas durant en décembre puis en janvier. On essaie de profiter dans ces moments au maximum de sa famille, car lors des multiples déplacements, c’est impossible. Enfin, je m’y habitue, surtout qu’on ne peut pas tout avoir, on vit notre passion avant tout !

Comment avez-vous vécu personnellement l’arrêt de Sojasun, l’équipe où vous vous êtes épanoui ?

C’était dur à vivre, surtout que j’y avais passé presque l’ensemble de ma carrière. A l’exception de mon passage au Crédit Agricole en 2008, j’ai toujours été dans la même structure, dans le même projet en côtoyant Stéphane Heulot, Lylian Lebreton et Xavier Jan. On a été très tristes de se séparer, surtout que plusieurs coureurs avaient des contrats de deux ans, c’est un peu venu par surprise. Il a fallu immédiatement trouver des solutions de repli, afin d’envisager un avenir dans le monde du vélo professionnel. Si j’ai retrouvé assez facilement un contrat, d’autres sont encore en galère. J’oublie pas les collègues du staff, les mécanos qui n’ont rien de concret…

L’un des moments marquants de votre année 2013 fut bien évidemment l’étape de Lyon sur le Tour de France, où vous faites rattraper à quelques mètres de la ligne par Trentin, opportuniste sur le coup. Qu’est-ce qu’on se dit dans ces moments-là ?

A vrai dire, j’étais un petit peu déçu sur le coup, mais j’ai très vite voulu relativiser. Je n’avais aucun regret puisque j’avais tenté, en choisissant ma façon d’opérer dans ce final. J’avais prévenu dans l’oreillette mon directeur sportif – Nicolas Guille, ndlr – que j’allais la faire au feeling, et ne pas attendre volontairement le sprint. J’ai trouvé la possibilité d’attaquer, et j’ai peu de remords ; mais cela aurait pu toutefois changer ma carrière, et celle de l’équipe si j’y réfléchis bien. Ça a traversé ma tête un temps, mais je l’ai désormais digéré.

Justement, pensez-vous que le fait de ne pas avoir vécu de « belle aventure » chez Sojasun, comme a pu le faire Europcar dans le passé, ait eu des répercussions sur le manque d’envies de potentiels repreneurs ?

Je ne sais pas vraiment. C’est sûr qu’on avait pas de Thomas Voeckler ni de Pierre Rolland dans notre équipe… Mais, c’était la troisième participation de Sojasun (et avant, Saur) au Tour, il y avait du progrès, même si nous ne possédions personne pour viser le classement général sur une grande épreuve. Cependant, je n’étais pas au courant des intenses discussions en interne.

Malgré tout vous l’avez dit, vous avez un contrat en poche chez Cofidis pour 2014, alors que d’autres galèrent encore. Comment expliquer que des coureurs comme Sanchez, Anton ou Horner sont encore sur le marché ?

Même si je suis pas dans le corps des managers, c’est tout de même très bizarre de voir des Samuel, Luis Leon Sanchez et Anton ramer autant. Après, Horner est âgé de 42 ans, ça ne vas pas l’aider. Puis le passé et les rumeurs sur certains durant les dernières années sont de plus en plus nombreuses et influentes à l’heure actuelle. Et surtout, cette année, beaucoup d’équipes ont mis la clé sous la porte, alors que je n’en ai vu aucune se créer…

Parlons un peu de votre nouvelle équipe, Cofidis. Vous a t-elle immédiatement contacté, et connaissiez vous déjà quelques membres du staff ?

Oui, ce fut très rapide ! Je connaissais déjà Yvon Sanquer, et l’année dernière j’étais un peu dans la même situation. Saur stoppait son sponsoring, et Sojasun a décidé de sauver la baraque comme elle pouvait, mais déjà à l’époque j’avais une option de contrat avec Cofidis.

Avez-vous pu déjà rencontrer vos futurs coéquipiers, et établir un premier programme pour la saison prochaine ?

En effet, lors du stage de la dernière semaine, j’ai pu rencontrer mes nouveaux coéquipiers, même si ce n’était qu’un simple test à l’effort. Et cela s’est très bien passé ! L’ambiance était sympathique, tout le monde à l’air motivé pour réaliser une bonne prochaine saison. Après, je connais le rythme de la Continentale Pro, et on est forcément dépendant des invitations qu’on nous accordera. On se reverra pour un stage de préparation, du 10 au 19 décembre en Espagne, et avec les entraîneurs on y jettera un coup d’œil. Je verrais aussi quand je commencerai la compétition, mais nous sommes encore en attente de réponses claires. Malgré tout, il n’y aura pas de grand chamboulement au point de vue personnel.

Êtes vous confiant, justement, à propos de ces invitations sur les épreuves les plus réputées ?

C’est vrai que Cofidis a un grand passé et une histoire dans le vélo qui a conforté mon choix. J’accorde toute ma confiance à Yvon et au staff pour qu’on soit pris sur les courses où l’on désire être de la partie. Il n’y a pas vraiment de raisons qui vont dans le sens contraire. Et puis quelques équipes ont arrêté, il faudra bien les remplacer à un moment donné…

Ce serait quand même dommage de rater la prochaine Grande Boucle, avec un parcours favorisant les attaquants…

Beaucoup d’étapes ont été dessinées pour les puncheurs, et nous aurons du terrain afin de nous exprimer ! On va se préparer sereinement et avec beaucoup de sérieux pendant la trêve. Le Tour est encore loin, et je pense d’abord aux multitudes de courses qu’il y a avait. Je veux bien commencer avec ma nouvelle équipe, et prendre du plaisir surtout !

L’objectif numéro un en 2014 sera de lever les bras, après vos multiples tops 10 en 2013, et votre belle saison de 2012 ?

Mon objectif sera avant tout celui de l’équipe Cofidis, c’est à dire de réaliser une bien meilleure saison que l’an passé. Quant à moi, j’aimerais bien retrouver le chemin de la victoire. J’y avais goûté en 2012, et cette année, j’étais plus en difficulté dans la conclusion. Il faut que je travaille mes bases au maximum, pour surtout bien débuter. Il sera primordial d’emmagasiner beaucoup de confiance.

On dit, qu’à votre âge, 28 ans, on entre dans la force de l’âge. Vous le ressentez ?

Lorsque l’on a entre 28 et 30 ans, logiquement et physiquement, on est dans ce que vous dites. Mais il faudra surtout faire le point dans trois mois pour voir si cet adage est vrai (rires). Après c’est sûr, cette force de l’âge devra être avec moi pour la confiance, c’est essentiel d’en avoir. Je suis incapable de faire quelque chose au fond du trou, et je ne pense pas être le seul.

Les victoires de personnes de plus en plus tactiques, discrètes, intelligentes et rapides ces derniers temps, vous inspirent-elles ?

Tout le monde est différent, mais après, il est bon de prendre exemples sur certains. Rui Costa, c’est pas mon profil, mais je me rapproche plutôt d’un Simon Gerrans. C’est comme un modèle, qui sait naturellement conclure comme il faut. Je dois améliorer ma personnalité en m’inspirant de lui pour accéder au but en 2014.

On dit sans cesse que le cyclisme est sur la bonne voie, au niveau des sanctions et de son image. Comment ça se traduit dans le peloton, entre coureurs ?

Quand on est concentrés sur un même objectif, on se soucie rarement des commentaires des gens aux alentours. Cela peut devenir énervant lorsque le public assimile systématiquement dopage et cyclisme, mais c’est vendeur d’un autre côté… Notre sport est exemplaire là-dessus, et les médias font trop d’amalgame. Il y aura des tricheurs, ils tombent dans le vélo et sont médiatisés. Je préfère ça plutôt que d’avoir des cas de dopage, comme dans d’autres sports, mais couverts rapidement… C’est ainsi.

Avez-vous un rapport particulier avec l’internationalisation grandissante du cyclisme ?

Honnêtement, je fais pas du vélo pour aller découvrir des pays, c’est tellement mieux de partir en vacances pour profiter de l’étranger (rires) ! Je trouve cependant que l’histoire du vélo est centrée en Europe, et je ne suis pas forcément celui qui encourage le fait de se rendre dans tel et tel pays pour une course, c’est certain. D’autant que ça peut vite devenir difficile à gérer…

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour conclure ?

Je vais faire simple, des victoires ! Je ne vais même pas en choisir une, je veux juste en offrir une à ma nouvelle équipe en guise de remerciement !

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