Alors que ce Paris-Nice 2014 bat son plein après l’arrivée sur le majestueux circuit de Nevers-Magny Cours, on peut déjà tirer quelques légers enseignements sur la forme de chacun, dans une Course au Soleil qui se jouera très certainement pour quelques secondes. Parmi les équipes déjà bien installées au sommet de la hiérarchie, on trouve les Néerlandais de Belkin, emmenés par leur jeune sprinteur Moreno Hofland, victorieux lundi, mais aussi l’un des rares français d’une équipe World Tour étrangère, Jonathan Hivert. Rescapé après la fin de l’aventure Sojasun, le puncheur tricolore s’est confié à la Chronique du Vélo lors du grand départ de Mantes-la-Jolie, et dresse le portrait de ses ambitions, conjuguées à celles de son équipe.

« Les aider au maximum »

Pour sa première épreuve en World Tour avec sa nouvelle équipe, Jonathan Hivert va véritablement donner le la à sa saison 2014. S’il n’est pas aussi tonitruant que durant le début d’une année 2013 euphorique avec ses victoires sur la Ruta del Sol devant un certain Alejandro Valverde mais aussi le général de l’Etoile de Bessèges, le natif de Chambray-les-Tours ne s’affole pas, et reconnaît immédiatement des objectifs et une situation qui diffèrent par rapport aux années passées. « On a déjà un bon gars pour le général qui sera notre leader, en la personne de Wilco Kelderman. Mon cas personnel passera donc un peu plus au second plan durant cette semaine, mais c’est le jeu, je suis avant tout présent pour les aider au maximum. » Une équipe Belkin qui n’est pas venue pour faire de la figuration avec des ambitions sur les routes françaises, et qui a déjà rempli une part du contrat avec la belle victoire d’étape de son jeune et véloce protégé, qui marque déjà les esprits : « Moreno Hofland ? Il marche très fort en ce moment, et il occupera une place importante dans notre dispositif. » Le vainqueur d’étape sur le Tour de Romandie 2012 – à Moutier – avait donc vu juste lors du départ, et il serait bien inspiré d’imiter le prouesses de son coéquipier.

Déjà âgé de 28 ans, celui qui avait fait ses premiers pas chez les pros au sein de la structure Crédit Agricole de Roger Legeay arrive sans aucun doute vers le stade le plus difficile de sa carrière, celui où l’on attend la confirmation. Après avoir enflammé tous ses supporters en étant le rayon de soleil de l’équipe de Stéphane Heulot parfois moribonde, Hivert a déjà réussi à s’exporter à l’international. D’abord en se faisant remarquer par ses placettes luxembourgeoises en 2012, puis en tirant le gros lot d’une intersaison dévastatrice, en décrochant un contrat d’un an en faveur d’une des plus grosses cylindrées du peloton. Si certaines mauvaises langues ont rapidement dénoncé un pari trop risqué qui pourrait conduire à son enterrement et à un confinement au rôle d’équipier de luxe pour les prestigieux Mollema, Gesink et consorts, ce dernier voit ce transfert positivement : « L’an dernier, j’ai disputé Paris-Nice chez Sojasun, cette année avec Belkin il y a plein de différences. J’ai la chance d’avoir à mes côtés de très bons coureurs et un gros collectif pour affronter les coups de vents, et les éventuelles bordures. » Si le discours est relativement prudent, le grand sourire et l’assurance qui traversent ses propos laissent toutefois transparaître des velléités plus nombreuses, chez le huitième d’un Paris-Nice 2009 disputé au sein de Skil, ancienne Giant-Shimano.

« Je suis confiant pour la suite »

Ayant déjà vécu l’aventure batave, ce dynamiteur de finals a tout pour réussir sur une édition 2014 tranchant radicalement avec les précédentes copies d’un organisateur suscitant toujours les débats. Sans contre-la-montre qui aurait été pénalisant pour un coureur de sa trempe, les étapes de Belleville, Rive de Gier ou encore de Biot sont du pain béni pour les coureurs de sa catégorie. Capable de faire la différence comme il nous l’avait montré en Andalousie l’an passé, ou d’aligner les meilleurs sur un final en petit comité tortueux à l’image de sa victoire suisse en 2012, Jonathan Hivert bénéficie de qualités non négligeables qu’il devra mettre à contribution. A ce titre, le Mont Brouilly ou encore l’enchaînement Bourigaille – Mur de Fayence pourrait occuper un rôle de tremplin vers les sommets : « Ce qui est sympa avec ce genre de tracé, c’est qu’il peut se passer n’importe quoi et surtout n’importe quand. » Une part d’incertitude qui ravit le clan tricolore, favorisé indirectement par la nouvelle tournure d’un parcours adoptant un format proche d’une classique quotidienne, le tout condensé dans une semaine intense et nerveuse. Les Français n’ont jamais été aussi bien lotis depuis l’édition 2009, avec déjà un Sylvain Chavanel de gala. Cette année, c’est en compagnie de Tony Gallopin et Arthur Vichot que le nouveau poulain de Merijn Zeeman se positionne en outsider de l’épreuve.

Attaquant né, Hivert sait que pour réaliser son souhait de lever les bras, il ne devra pas attendre, et conforter les discours frileux de certains : « Quand j’entends des gens dire que le parcours est facile, je pense vraiment que ceux-là n’ont pas du étudier la carte, car il est loin d’être simple. » Légèrement en retard sur ses temps de passage d’il y a un an, Hivert a néanmoins montré des signaux positifs lors du week-end ardéchois, en prenant entre autre la septième place de la Classic Sud du même département : « J’étais très bien d’entrée de jeu en 2013, cette année c’est moins visible. Malgré tout, si une étape me plait, alors pourquoi pas tenter un petit quelque chose. Mais on verra bien si cela se fait sur ce Paris-Nice, je suis tout de même confiant pour la suite ! » Dans l’optique d’une saison fournie en terme de courses, ce Paris-Nice est aussi l’ultime étape avant de prendre part à sa première Primavera, avant le Tour du Pays Basque, des courses qui l’attirent grandement. Mais avant ça, c’est sur des routes qu’il connait bien que nous aurons l’occasion de découvrir le nouveau Jonathan Hivert, arrivé à maturation et qui entrera très bientôt dans les meilleures dispositions physiques. Son heure n’est sans doute qu’une question de secondes.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.