Sur le dernier Tour d'Espagne, Beñat Intxausti a été d'une aide précieuse pour Alejandro Valverde - Photo Movistar
Sur le dernier Tour d’Espagne, Beñat Intxausti a été d’une aide précieuse pour Alejandro Valverde – Photo Movistar

En ces premiers jours de Tour d’Italie, et malgré le fait qu’il ne faille surtout pas tirer d’enseignements définitifs à ce stade, un coureur fait bonne impression : Beñat Intxausti. Au delà d’un nom compliqué à écrire lorsqu’on n’y est pas habitué, le Basque de naissance s’affirme comme un coureur qui compte sur les courses à étapes. Longtemps équipier, le voilà leader sur le Giro. Actuellement troisième du général, Unzué doit être satisfait de son poulain. Et il peut espérer aller encore plus loin avec lui.

Voyageur ou mercenaire ?

Cycliste, basque et talentueux, Intxausti aurait presque logiquement dû se retrouver au sein de l’équipe phare de sa région : Euskaltel-Euskadi. Sauf que le natif d’Amorebieta ne fait pas tout comme les autres. Il préfère débuter chez la sulfureuse Saunier-Duval, qu’il suivra jusqu’à son appellation de Fuji-Servetto. Mais au moment où la structure passe un nouveau cap – où elle connaîtra le succès sous le nom de Geox, remportant la Vuelta grâce à Juan José Cobo – Intxausti s’éclipse. Direction l’équipe qui le désire depuis des années déjà, Euskaltel. Igor Gonzalez de Galdeano signe enfin celui qui est alors considéré comme l’un des meilleurs prodiges basques. Aux côtés de Samuel Sanchez, Beñat apprend donc énormément. Mais après seulement une saison, pourtant réussie, le grimpeur-puncheur décide, encore, de changer d’air.

A seulement 25 ans, Intxausti connaît donc sa troisième équipe : Movistar. Exit Sanchez, place à Arroyo et Soler. Mais peu importe le leader, le rôle d’Intxausti n’évolue guère. Il reste donc un équipier précieux sur lequel on compte – peut-être – pour les années futures. C’est du moins ce qu’affirme Eusebio Unzué, son directeur sportif, qui n’hésite toutefois pas à faire revenir Alejandro Valverde dans son équipe pour la saison 2012. Le quatrième du Tour du Pays basque sous ses nouvelles couleurs se retrouve bloqué, encore une fois, par un grand leader indéboulonnable. Mais il commence à s’y faire, et en fin d’année, il se plie en quatre pour le Murcian, sur le Tour d’Espagne. Malgré ce rôle, il parvient à terminer 10e à Madrid. Une place plus que satisfaisante, que le principal intéressé explique aujourd’hui : « L’année dernière, j’ai franchi plusieurs paliers, sur les plans de la maturité et de la résistance. J’espère donc que cela me servira pour cette saison. »

Un Tour d’Italie qui peut le lancer

Sur ce 96e Giro, Intxausti a donc convaincu son équipe de lui confier le leadership, et ça ne lui fait pas peur : « C’est une grande responsabilité d’être le leader de Movistar sur une course comme le Tour d’Italie. Mais c’est un défi que j’apprécie. » A 27 ans, Intxausti en est donc conscient : cette chance pourrait être unique pour lui. Il peut enfin se révéler comme un coureur de grands tours important, et s’affirmer comme le successeur d’un Valverde vieillissant. Derrière un objectif avoué de victoire d’étape, le Basque misera donc beaucoup sur le classement général. D’ailleurs, Eusebio Unzué compte sur lui : « Je pense que Beñat est prêt, il a prouvé l’année dernière qu’il pouvait être là. » En effet, sur la dernière édition du Giro, le vainqueur du Tour d’Asturies avait réalisé une très belle épreuve, se battant pour rester dans les six premiers jusque dans les derniers jours. Malheureusement, une maladie contractée lors des dernières étapes de montagne l’avait empêché d’être à 100% jusqu’au bout, et il avait terminé 38e à Milan. Clairement, cet épisode est resté en travers de la gorge d’Intxausti.

Sur une course qu’il décrit comme spéciale, très difficile mais qu’il aime tout de même, Beñat a donc toutes les chances de bien figurer dans moins de trois semaines, à Brescia. Aujourd’hui troisième du classement général, il parvient à être très régulier au fil des étapes, en se montrant très discret, mais toujours présent. Alors que Juan José Cobo lâche du temps jour après jour, Intxausti devrait logiquement se retrouver unique leader dès les premières étapes de haute montagne. Une aubaine, parce que l’homme de 27 ans le sait : « Comme les années précédentes, la dernière semaine sera décisive avec les arrivées au Galibier, aux Trois Cimes de Lavaredo et de nombreux cols dans lesquels on peut tout perdre. » Loin d’être mauvais en contre-la-montre et motivé comme jamais, Intxausti pourrait donc donner du fil à retordre aux principaux favoris. On se rappelle alors du dernier coureur discret à avoir surpris sur le Giro. Il s’appellait Ryder Hesjedal, et il a terminé en rose. Cette fois-ci, on est prévenu…

Robin Watt


 

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