Le 25 septembre 2005, Tom Boonen levait les bras à Madrid. Il était alors un prodige qui n’avait pas encore soufflé ses 25 bougies. Onze ans plus tard, il va disputer ses derniers Mondiaux à Doha, symbole d’une mondialisation du cyclisme qu’il a accompagné. A quelques jours de ce rendez-vous, il s’est livré à la Chronique du Vélo pour confier ce qui l’attend. Parce qu’après la course mondiale, il passera un dernier hiver dans la peau d’un professionnel avant ses ultimes coups de pédale sur Paris-Roubaix, en avril prochain.

« Il reste l’un des coureurs les plus intelligents »

« Il pense forcément un peu au fait que c’est la dernière chance de sa vie d’être champion du monde, concède Brian Holm, directeur sportif de Tom Boonen chez Etixx. Mais tout le monde y penserait à sa place. » Par chance, le Flamand trouvera au Qatar un parcours presque à sa convenance. S’il n’est plus le redoutable sprinteur qu’il était il y a une dizaine d’années, il reste capable, dans certaines conditions de course, de battre les purs spécialistes. « Il n’est plus le coureur le plus rapide du peloton, c’est une certitude. Mais il reste l’un des plus intelligents », lâche Holm. Alors pour son ultime course à l’arc-en-ciel au lendemain de son anniversaire – il fêtera samedi ses 36 ans -, l’enfant de Mol se veut optimiste. « Ce sera tout plat et s’il n’y a pas de vent, la stratégie sera simple : il faudra juste attendre le dernier tour. Mais j’y crois quand même, assure « Tommeke ». J’espère qu’il y aura du vent et qu’on arrivera dans le final avec un peloton fatigué. » En tout cas, sur Paris-Tours dimanche, il s’est rassuré : « J’avais de bonnes jambes. C’est la preuve que malgré ma longue saison, je ne suis pas encore épuisé. »

« Je ne sais pas s’il préfère être champion du monde ou gagner à Roubaix, mais personnellement, je préférerais être champion du monde. C’est vraiment quelque chose de spécial, pour moi c’est presque comme gagner le Tour de France. »

Brian Holm

Mais surtout, dans le Golfe ce week-end, Tom Boonen sera entouré comme personne. Même Greg van Avermaet, auteur d’une saison époustouflante, devrait plus ou moins se mettre à son service. « Je crois aussi en lui, lance Brian Holm. L’équipe belge est très forte, vraiment. A Doha, il sera sûrement le coureur avec la plus grosse équipe autour de lui. » Onze ans après Madrid, cinq après Copenhague, le peloton va donc retrouver un parcours pour sprinteurs qui place le Belge parmi les outsiders. Avant Paris-Roubaix en avril prochain, qui marquera la fin de sa carrière chez les pros, l’épreuve mondiale sera donc le dernier grand objectif de Boonen. « Je ne sais pas s’il préfère être champion du monde ou gagner à Roubaix, mais personnellement, je préférerais être champion du monde, tranche Holm. C’est vraiment quelque chose de spécial, pour moi c’est presque comme gagner le Tour de France. » Le principal intéressé, lui, ne s’avance pas : « Je veux essayer de bien finir sur les deux épreuves, mais je ne peux pas dire ce qui est le plus important. »

« Gagner à Roubaix avec le maillot arc-en-ciel »

Symboliquement, raccrocher sur une victoire dans l’Enfer du Nord serait sûrement la plus belle fin qui puisse exister. Mais Brian Holm se prend volontiers à rêver encore plus grand : « Il pourrait gagner à Roubaix avec le maillot arc-en-ciel sur le dos », lance-t-il. Avant de se raisonner : « En réalité, il a davantage de chances de l’emporter sur Paris-Roubaix que ce week-end. » Boonen lui-même confirme, assurant que les pavés du printemps offrent davantage de possibilités à un coureur de son profil. Mais à quelques mois de sa retraite, pas question de s’empêcher les rêves les plus fous. Surtout pour un Tom Boonen qui après quinze ans dans le peloton n’est pas moins motivé et pointilleux qu’au début.

Son dernier hiver dans la peau d’un coureur professionnel, il compte bien le passer aussi sérieusement que les précédents. « C’est un peu différent des autres années, c’est sûr. Mais il ne faudra pas que je me relâche », argue Boonen. Avant d’entamer ses trois derniers mois dans le peloton, le Belge ne prendra qu’une semaine de vacances, juste après la course de Doha. Pas besoin de plus puisque dans six mois, le garçon en aura définitivement terminé. Pour autant, chez Etixx, son état d’esprit force l’admiration. Et on lui fait une totale confiance pour finir de la meilleure des manières. « Ca va être un hiver particulier pour lui, mais je ne m’inquiète pas, assure Brian Holm. Il est un très grand professionnel, et ce depuis plus de quinze ans. Il a un rêve qui est de gagner un dernier Paris-Roubaix, et je sais que pour ça, il ira s’entraîner qu’il pleuve ou qu’il neige. »

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