Peu vernis en cette première semaine, les baroudeurs devraient avoir le sourire au moment de la prise de repères en Haute-Savoie. La première journée de repos du Tour de France 2018 est l’occasion de recharger les batteries, et de démarrer une seconde course pour certains. Pour ces audacieux parfois extrêmement attendus, ce changement de physionomie tombe à pic. De quoi débloquer leur compteur de victoires d’étapes dès l’arrivée au Grand-Bornand, mardi ?

Warren Barguil, Fortuneo-Samsic

Tonitruant en deuxième partie du Tour 2017, le Breton aborde les Alpes pour ce qui constitue la période la plus importante de sa saison. Celui qui a tout misé sur la Grande Boucle depuis son arrivée chez Fortuneo, initialement pour vivre sa passion sans stress, n’aura guère le droit à l’erreur pour s’offrir une victoire d’étape. Dix-huitième au général à seulement 2’37’’ de Van Avermaet, sa bonne première semaine lui laisse toutefois la possibilité de miser sur deux cartes, et d’installer le doute chez certains de ses concurrents. Peu gâté en terme d’arrivée au sommet, il reste toutefois plus probable qu’une échappée aille au bout mardi parmi les trois opus alpins. Pour le reste, il faudra sortir le bout de son nez dans les Pyrénées, au bon souvenir d’une victoire à Foix un 14 juillet. À moins que, sur l’Alpe d’Huez…

Lilian Calmejane, Direct Energie

L’Albigeois n’a pas cherché à se défiler ces derniers jours, sans réussite. Souvent à l’avant, hésitant à se lancer dans des échappés bien contrôlées, le lauréat de l’étape des Rousses en 2017 a pu se rassurer sur sa condition. Le général n’est pas son affaire, à moins d’une échappée fleuve lui donnant les moyens de remonter dans les dix premiers, selon son propre aveu. Parfait pour se remettre à l’attaque en haute ou moyenne montagne, et ramener un beau bouquet pour une équipe Direct Energie qui ne chôme jamais sur la Grande Boucle. À l’inverse d’un Barguil ou Rolland, on met déjà une pièce sur lui en cas d’échappée victorieuse le deuxième week-end, que ce soit à Mende ou du côté de Carcassonne, après l’ascension du Pic de Nore, en terre d’Occitanie.

Thomas de Gendt, New Lotto – Soudal

Conformément à son statut, le super-baroudeur des Grands Tours l’a joué collectif jusqu’à présent, en roulant pour André Greipel, loin d’être ridicule dans les quelques emballages massifs. Pourtant, si la Lotto-Soudal reste fanny après neuf étapes, la formation belge comptera plus que tout sur De Gendt en terrain accidenté. Capable de fausser compagnie aux sprinteurs sur un profil plat, comme de dominer ses compagnons d’échappée au sommet du Chalet Reynard, De Gendt est presque imbattable lorsqu’il se trouve dans un bon jour. À défaut d’en claquer une instantanément, on possède déjà l’assurance de le voir tenter à de nombreuses reprises. Désormais âgé de 31 ans, le troisième du Giro 2012 fait partie des indéboulonnables du peloton professionnel.

Omar Fraile, Astana

Membre de l’échappée roubaisienne ce dimanche, Omar Fraile s’est principalement glissé à l’avant pour éviter les chutes, et renforcer son leader Jakob Fuglsang dans les derniers secteurs du jour. Pour autant, celui qui s’était imposé au sommet du Mont Cassel sur une édition des Quatre Jours de Dunkerque nourrit de grandes ambitions dès que la route s’élèvera. Ce baroudeur on ne peut plus typique, passé par Caja Rural et Dimension Data, avait fait ses preuves sur l’avant-dernier Tour d’Italie en battant Rui Costa à Bagno di Romagna. Double meilleur grimpeur du Tour d’Espagne en 2015 et 2016, pourquoi pas viser la tunique à pois cette saison ? Encore méconnu de notre côté des Pyrénées, le grimpeur espagnol possède tous les éléments pour briller sur son premier Tour de France.

Pierre Rolland, EF Education First

On ne présente plus Pierre Rolland, vainqueur d’étape à l’Alpe d’Huez, quatrième du Giro, et bon soldat des années Europcar ayant permis à Thomas Voeckler de tutoyer les sommets de la Grande Boucle. Lieutenant de Rigoberto Uran, l’Orléanais n’aura peut-être pas l’occasion de courir à 100 % rien que pour lui, mais dispose toujours d’une grande confiance de la part de son patron, Jonathan Vaughters. Capable du meilleur comme du pire, et de surgir après une succession de performances anonymes, Rolland reste une valeur sûre des échappées du Tour, et il fait partie de cette classe de coureurs qui devrait se métamorphoser au départ d’Annecy, demain. À lui de surprendre encore son public, et de renouer avec la victoire dans son pays.

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