Le Tour de France approche à grand pas, son départ n’est que dans une semaine. Comme à l’accoutumée, c’est donc l’heure des championnats nationaux qui nous plongent dans le bain d’une période en évènements. Et les France, qui se déroulent demain, n’offrent pas seulement qu’une tunique bleu-blanc-rouge. Les enjeux sont multiples, et nous permettront à coup sûr d’assister à une course spectaculaire.
Le point d’orgue d’un duel fratricide ?
Bouhanni et Démare, Démare et Bouhanni. Le Picard et le Vosgien se tirent la bourre depuis plus de deux ans au sein d’une équipe FDJ incrédule devant l’explosion au plus haut niveau de leurs deux jeunes talents. Tous les deux sprinteurs aspirant aux plus grandes classiques internationales et aux batailles entre gros poissons lors des grands tours, les protégés d’un Marc Madiot quelque peu dépassé par la situation devraient se livrer un dernier duel explosif à l’occasion d’un Championnat qui sent la poudre, comme ceux de Saint-Amand-les-Eaux en 2012, où la FDJ signait un doublé retentissant. Si les rumeurs et autres tractations en coulisses ne devraient pas se décanter simplement grâce aux performances de ce dimanche, les annonces officielles devraient intervenir dans la foulée. Le décor est planté, et concerne toute la formation au trèfle. A vouloir garder impérativement le maillot de champion de France dans l’équipe, quelque soit le coureur lauréat, on privilégie forcément les individualités plutôt qu’un collectif qui part sans savoir où donner de la tête. Périlleux, mais à coup sur spectaculaire.
D’autres doivent se réveiller…
Même si le parcours, avec la boucle finale de vingt kilomètres, ne présente pas de difficultés majeures, on devrait tout de même assister à une course de mouvement. Les traditionnels baroudeurs et animateurs du peloton français pourraient alors s’en donner à cœur joie, à condition d’être en forme ! Et bien sûr, on pense à l’équipe Europcar de Jean-René Bernaudeau. Si Pierre Rolland sort d’un Giro époustouflant et devrait se préserver pour être l’un de trublions du mois de juillet, les acteurs inévitables de la belle échappée tels Thomas Voeckler, où encore Romain Sicard, très en vue depuis avril, seraient bien inspirés de se lancer à la poursuite du maillot national. Un maillot arc-en-ciel de champion du monde est accompagné de sa malédiction, mais le paletot tricolore n’a pas le même effet ces dernières années. L’Alsacien avait fait vibrer la France en 2004 une première fois, avant de s’illustrer à nouveau en 2010, tandis qu’Arthur Vichot nous avait gratifié d’une superbe campagne de classiques durant le mois de septembre. Enfin, que dire des membres de l’équipe Cofidis ? La structure nordiste regorge de talents, mais joue toujours placé. Et quoi de mieux que de troquer d’innombrables places d’honneur contre un sacre ? Le championnat de France permet de faire le point sur les formes de chacun, et peut même donner une indication encore plus fiable en fonction du parcours sur la condition d’un coureur en particulier. Vincenzo Nibali, vainqueur en patron de l’autre côté des Alpes, a fait taire les critiques. On espère que les déconvenues ne seront pas de trop du côté de l’Hexagone, au moment d’entamer un Tour de France placé sous le signe de l’offensive. Une chance pour tous.
Qui pour symboliser le renouveau français ?
Mais très clairement, c’est aussi une journée qui décidera de celui qui aura l’immense privilège de représenter le cyclisme français durant une année, à l’heure où ce dernier est en plein renouveau. En effet, la considération encore très faible de la nouvelle génération, qui, il faut le dire, revient chaque année, mais pas toujours avec les résultats escomptés, n’a jamais été aussi élevée en cette année 2014, et ce également à l’étranger. Avec des Pierre Rolland, Thibaut Pinot et Romain Bardet de plus en plus mûrs en étendards, et des révélations à l’image d’Alexis Vuillermoz, Warren Barguil ou bien Kévin Réza, l’ère des vieux briscards semble définitivement révolue. Ce championnat peut très bien être la confirmation de cette tendance au fort penchant, après les sacres de Bouhanni et Vichot, symboles de cette génération. Toutefois, n’excluons pas les expérimentés dont un Chavanel qui sort d’un sixième titre face à la montre. La course s’annonce donc très ouverte, et pourrait conditionner la suite de la saison de certains coureurs.