Peut-on avoir déjà tiré des enseignements des premières classiques du Nord ? L’Omloop Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne et la récente Dwars door Vlaanderen ont certes été animées, mais finalement peu porteuses d’indications, la faute en autre à un plateau incomplet. Ce vendredi, l’immense majorité des spécialistes des flandriennes livreront bataille durant le GP E3, qui a la particularité d’emprunter bon nombre de monts et secteurs pavés du Tour des Flandres, dont l’enchaînement Vieux Quaremont-Paterberg, décisif sur le Ronde. Une répétition générale grandeur nature sur une course où le tenant du titre n’est autre que le très attendu Peter Sagan. Le Slovaque est en quête de doublé.

Les favoris :

***** Fabian Cancellara : Parmi tous les prétendants à la victoire, Spartacus semble bien être intrinsèquement le plus fort de la mêlée. D’autant plus que les terres d’Harelbeke lui sourissent généralement bien. Triple vainqueur de l’épreuve, les deux doublés Flandres-Roubaix à son actif ont été décrochés après un succès fondateur à l’E3, tournant généralement à la démonstration pour ses concurrents. Cette année, ce sera encore tout pour les classiques, et tout son programme a été axé afin de ne pas arriver en forme trop tôt. Vainqueur de l’épilogue chronométré de Tirreno-Adriatico, et dans le coup sur Milan-Sanremo, les jambes semblent revenir pile poil au bon moment. Tous les regards seront tournés vers le leader de l’équipe Trek.

***** Peter Sagan : Le phénomène Sagan, désormais amarré chez Tinkoff, souhaite bien conserver son titre, acquis de belle manière l’année dernière. Sur un GP E3 ou la différence peut parfois se faire après le dernier franchissement du Paterberg, son profil l’avantage. Si il n’est pas décroché à la pédale par Cancellara ou un autre dans les terribles bergs, un sprint peut très bien avoir lieu pour le gain final. La mise à pied de Bjarne Riis fera t-elle figure d’électrochoc ? Il a en tout cas besoin d’engranger de la confiance avant le Tour des Flandres.

Les outsiders :

**** Niki Terpstra : Tom Boonen forfait, l’équipe Etixx s’avance quelque peu soulagée de ne plus devoir faire de choix cornéliens en fonction des sensations de son éternel champion. Du coup, le vainqueur du dernier Enfer du Nord, Terpstra, part leader sur le GP E3. L’occasion de vivre un test intéressant, le leadership en prime, face aux autres candidats aux podiums pour les échéances à venir. Car quand on gagne un Monument à la pédale, il n’est plus possible de se cacher, et le Néerlandais le sait. À lui de se livrer pour mieux se situer.

**** Sep Vanmarcke : Le Belge, très puissant dans les fameux bergs, manque cependant toujours d’un petit quelque chose dans le final des plus grandes courses pour remporter sa première grande victoire sur les pavés. Déjà impressionnant avant une crevaison sur le Het Volk, et quatrième des relevées Strade Bianche, Sep Vanmarcke entre dans sa fenêtre de prédilection, à savoir cette fameuse quinzaine entre fin mars et début avril, ou sa condition est optimale. On compte sur lui pour dynamiter la course dans les passages clés, comme le Taaienberg par exemple.

**** Greg van Avermaet : «GVA» est tout simplement l’homme en forme du mois de mars. Malheureux dauphin de Stybar à Sienne, il a ensuite débloqué son compteur en battant Sagan sur un final de puncheurs à Arezzo, lors de la troisième étape de la Course des Deux Mers. Sur la réserve durant la Primavera, il attend toujours une victoire de prestige sur une classique du printemps, et tentera de tirer profit de son audace ainsi que de sa pointe de vitesse en cas de final en petit comité.

*** Geraint Thomas et Ian Stannard : Troisième ici même l’an passé, on ne peut exclure Geraint Thomas de la liste des favoris pour la victoire à Harelbeke. Très complet, agile et véloce, le Gallois semble même avoir voulu emprunter le chemin de son mentor Bradley Wiggins, en se spécialisant dans les courses par étapes. Cinquième de Paris-Nice et vainqueur du Tour d’Algarve, il n’y a aucun problème concernant sa forme, mais plutôt son gabarit. Thomas a vraiment maigri, et risque de souffrir d’un déficit de puissance. Cette dernière, on la retrouve chez son coéquipier Ian Stannard, vainqueur au forceps de son deuxième Het Nieuwsblad, et motivé pour réaliser une campagne de classiques pleine.

*** Zdenek Stybar : Le Tchèque fait sensation en ce début d’année 2015, et aurait probablement mérité une étoile de plus s’il n’était pas tombé dans la descente du Poggio dimanche dernier. Légèrement touché, Stybar ne sera peut-être pas à 100% de ses moyens vendredi, mais reste un pion stratégique de l’armada Etixx-Quick Step dirigée par Patrick Lefevere, qui aura à cœur de se rattraper de la débandade gantoise.

*** John Degenkolb : Passé à travers de la Course au Soleil, Degenkolb a surgi de manière imparable dans les derniers mètres de Milan-Sanremo, pour s’adjuger son premier Monument. Sur cette fantastique lancée, l’Allemand compte bien enquiller les succès et jouer les trouble-fête sur les classiques flandriennes. Deuxième de Paris-Roubaix l’an dernier, le coureur de Giant sait tenir les roues. C’est pourquoi il faudra le distancer au préalable, au risque de revivre le scénario de dimanche dernier.

À ne pas sous-estimer :

** Lars Boom : La machine à rouler court maintenant pour Astana, et semble fin prêt pour sa nouvelle expérience sur les classiques au sein de l’équipe kazakhe. Frustré d’avoir raté le bon coup mercredi sur À Travers la Flandre, il a alors attaqué seul pour essayer de rejoindre le quatuor, avant de tomber heureusement sans gravité dans la descente du Vieux Quaremont. Boom devrait prendre sensiblement les mêmes risques sur l’E3, ceux qui lui avaient permis de remporter l’étape d’Arenberg sur le Tour de France. Pour lui, l’équation est plutôt simple. Il faudra se détacher de ses opposants pour l’emporter, puisqu’il paraît battu en cas de sprint.

** Alexander Kristoff : L’ogre norvégien est peut-être l’épouvantail de ce GP E3 d’Harelbeke 2015. Deuxième au terme des 293 bornes de Milan-Sanremo, et déjà cinq fois victorieux depuis février, le chasseur de classiques de la Katusha est largement capable de tenir le choc sur les monts des Flandres. Respectivement cinquième et quatrième des deux derniers Ronde, c’est le genre de coureur à ne surtout pas emmener sur son porte-bagage dans une telle course. Si les hommes forts veulent le faire sauter, il faudra anticiper les débats et ne pas attendre les derniers kilomètres, tous plats et propices aux regroupements.

** Stijn Vandenbergh : Voici le troisième larron Etixx. Vandenbergh, performe sans cesse au niveau des meilleurs sur les courses d’un jour les plus difficiles, et ce depuis deux bonnes années. Pratiquement toujours sacrifié par le staff au moment de faire des choix tactiques plus ou moins réussis, son tour semble venu, et une victoire au GP E3 sonnerait comme une récompense méritée pour cet infatigable gregario, sous-estimé par ses adversaires.

** Jürgen Roelandts : Troisième du Tour des Flandres en 2013, Roelandts n’a plus réalisé de performances aussi probantes depuis. Discret en début de saison, il s’est réveillé au meilleur des moments, en étant d’une grande aide pour Tony Gallopin dans le final de Milan-Sanremo. Onzième sur la Via Roma, Roelandts a prévu de monter en puissance jusqu’à sa course favorite le Ronde. Un GP E3 de bonne facture est dans ses cordes.

* Sylvain Chavanel : Au sommet de son art sur les classiques durant son passage chez ce qui était alors Omega Pharma – Quick Step, Sylvain Chavanel se fait vieillissant dès lors qu’il faut défier les mastodontes comme Cancellara, Sagan et Vanmarcke dans les terribles monts. Moins puissant, le statut de leader semble paradoxalement moins lui réussir que celui d’électron libre, d’outsider qui l’accompagnait avant son arrivée en grande pompe chez IAM. Sixième de l’E3, il s’agit de son meilleur résultat sur cette course. Alors, objectif top 5 pour “Chava” ?

* Filippo Pozzato : Vainqueur d’une Primavera, le fantasque fuoriclasse italien n’a jamais réussi à claquer un deuxième Monument au Nord de l’Europe. Deuxième au Vélodrome de Roubaix derrière Boonen en 2009, et encore défait par le même Boonen à Audenarde trois ans plus tard, Pozzato semble depuis retombé dans ses travers chroniques, l’irrégularité. Âgé de 33 ans, le temps presse pour “Pippo”, qui n’a toutefois pas déçu ces derniers mois. Bien en jambes sur Tirreno, et surtout très précieux au service de Bonifazio dimanche dernier, à lui de faire son retour sur scène.

* Sebastian Langeveld : Honnête coureur, Langeveld accumule les tops 10 sur les courses d’un jour du printemps, sans jamais avoir réussi à en gagner une autre que le maudit Het Nieuwsblad, s’ouvrant qu’aux seconds couteaux. Seul rescapé de la Cannondale-Garmin sur la Via Roma, c’est encore une fois une place parmi les dix meilleurs que le Néerlandais visera. A t-il réellement les moyens de faire mieux ?

Mentions : Andrey Amador, Bernhard Eisel, Tyler Farrar, Oscar Gatto, Johnny Hoogerland, Vincent Jérôme, Björn Leukemans, Mathew Hayman, Luca Paolini et Johann Vansummeren.

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