A l’hiver dernier, Astana recrutait italien sur le mercato. Et si la star était évidemment Vincenzo Nibali, la venue du jeune Andrea Guardini, prodige du sprint mondial, était presque aussi intéressante. Sauf que chez les Kazakhs, le Vénitien a déçu. Et on se demande s’il peut redevenir lui-même…

La dégringolade

Quand Astana fait venir Guardini de chez Farnese-Vini, c’est bien plus qu’un espoir qui signe. A seulement 23 ans, le Transalpin est déjà une valeur sûre du sprint. Pas encore un cador capable de se disputer des victoires à la pelle, mais un homme capable de s’offrir une étape du Tour d’Italie au nez et à la barbe d’un Mark Cavendish excédé, mais battu à la régulière. Un homme, aussi, qui accumule malgré tout les succès lorsqu’on l’envoie sur les épreuves de seconde zone, comme au Tour du Langkawi ou sur celui de Qinghai Lake. En perpétuelle progression, on imaginait qu’en rejoignant le World Tour, Guardini exploserait. Oui mais voilà, il n’a pas vraiment eu sa chance. Malgré quelques places d’honneur en début de saison au Qatar et en Malaisie, les victoires ont été trop peu nombreuses au goût de ses dirigeants, qui avaient pour priorité de bâtir une équipe autour du Squale, pour le Giro puis pour la Vuelta.

Résultat, pas de grand tour disputé pour Guardini, même pas son Tour d’Italie fétiche où il aurait pu tenter de décrocher au moins un bouquet. Comme si cette signature chez Astana n’avait rien changé, l’Italien n’a disputé que deux épreuves World Tour durant la saison (le Tour du Qatar et celui de Catalogne). Alors il est vrai que les blessures ne l’ont pas aidé, mais c’est surtout son équipe qui ne l’a pas franchement mis dans de bonnes dispositions. A l’heure où sa première saison hors de ses terres se termine, le bilan comptable est franchement mauvais : une seule victoire et dix tops 10, tous acquis entre février et avril. Pas de quoi, dans un premier temps, inquiéter le principal intéressé. « Je ne considère pas que c’est une année négative, mais plutôt une année durant laquelle j’ai beaucoup appris. Vous apprenez davantage dans les moments difficiles et pour vous en sortir, vous devez travailler. Vous ne pouvez pas vous arrêter et pleurer. »

Un seul objectif

La remise en question était donc nécessaire, et le jeune sprinteur l’a bien compris. « Pour le moment, mon seul but est de redevenir Andrea Guardini. Je ne veux pas me fixer d’autres objectifs, je dois être un peu plus modeste et ne pas viser trop haut. Je dois travailler au jour le jour. » Une humilité sincère pour un garçon qui a encore tout a prouvé, et pas forcément plus de conditions réunies pour pouvoir briller davantage qu’en 2013. Car encore une fois, ce sera tour pour Vincenzo Nibali, et les équipiers s’entasseront autour du leader. Cependant, pour sa deuxième saison chez les Kazakhs, Guardini aura peut-être la chance de disputer le Tour d’Italie avec quelques hommes pour l’emmener dans les sprints, le Requin de Messine n’ayant pas fait de la course rose l’un de ses objectifs. L’occasion, sur ses terres, de retrouver un peu de confiance. Parce que c’est bien lui qui est attendu pour tenir la baraque d’Astana dans les finals d’étapes.

L’année d’adaptation peut être une excuse valable pour le Guardini de 2013. Celui de 2014 ne pourra pas se reposer sur cet unique argument. Il doit lever les bras de nouveau, et montrer qu’il est capable, régulièrement, de rivaliser avec les tous meilleurs mondiaux. A l’heure où son compatriote Elia Viviani progresse à vitesse grand V, lui semble stagner. Il n’en a plus le droit, pas dans l’une des meilleures formations du peloton. La pression ne sera donc pas moins grande la saison prochaine, et la préparation hivernale sera déterminante dans le but de gagner rapidement, et d’engranger de la confiance. L’Italien reprendra sur le Tour Down Under, et le sait, « les meilleures opportunités pour les sprinters sont au début de saison. » Quand on connait son potentiel, entrevu lors de ses années chez Farnese, on ne peut qu’être exigeants avec lui. Il doit l’être tout autant avec lui-même, surtout qu’il n’hésite pas à l’avouer, la course de ses rêves est le Tour de France, qu’il a « toujours vu comme un Tour d’Italie en plus grand. » Désormais, il faut se donner les moyens de ses ambitions !

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