En 2007 encore, ils étaient chez eux. Les Italiens avaient remporté 11 des 21 étapes du Giro, et porté le maillot rose durant toute la course. Depuis, les choses ont changé. L’Europe toute entière mais aussi les autres continents se font une place sur le Tour d’Italie, et poussent presque les locaux au second rang.
Il y a une dizaine d’années, les transalpins dominaient largement leur grand tour national. En 2007 ils y avaient remporté plus de la moitié des étapes (alors même que quatre succès de Petacchi ont été réattribué à des coureurs étrangers), comme en 2005 ou 2008. Mais depuis, ils ont beaucoup plus de mal à briller sur leurs terres. Hormis en 2015, où Fabio Aru et Sacha Modolo ont sauvé le bilan de leur pays, l’Italie gagne inexorablement de moins en moins. Cela se ressent aussi sur le port du maillot rose, que les Italiens laissent aussi à leurs rivaux. L’édition de 2011, avec le déclassement de Contador – et donc la victoire de Scarponi – est légèrement faussée, alors qu’en 2013, c’est Nibali qui a fait tout le travail en restant leader presque 15 jours. A titre de comparaison, en 2007, le paletot rose avait changé d’épaules à sept reprises, allant de Gasparotto à Di Luca en passant par Noè et Pinotti.
Depuis 2008, l’Italie a décroché 62 succès d’étapes sur le Giro. C’est moins que la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Australie, l’Allemagne et la Belgique réunis, qui à eux cinq en comptent 64. Alors bien sûr, les locaux gardent l’avantage : ils sont encore ceux qui lèvent les bras le plus souvent sur le Giro. Mais leur domination en a pris un coup, quand on sait que sur certaines éditions des années 2000, ils étaient proches du 100 % de victoires (16 victoires en 21 étapes en 2003 et 2004). En montagne, ce sont les Espagnols et les Colombiens qui ont pris la main, avec des coureurs comme Contador, Rodriguez ou Quintana. Et lors des sprints, les anglophones n’ont jamais été aussi efficaces avec Mark Cavendish qui à lui seul a offert 15 bouquets au Royaume-Uni, mais aussi Matthews ou Farrar.
Entre 1997 et 2007, l’Italie avait enchaîné onze succès consécutifs dans le Giro. Depuis, seulement quatre transalpins se sont imposés, dont Scarponi, déclaré vainqueur sur tapis vert après le déclassement d’Alberto Contador. C’est d’ailleurs les Espagnols qui, de plus en plus, viennent concurrencer les Italiens chez eux, avec deux victoires et trois deuxièmes places. L’inverse est vrai aussi mais à un degré moindre, puisqu’un seul podium vient compléter les victoires finales d’Aru et Nibali sur la Vuelta. Alors oui, sur ses terres, le cyclisme italien a du mal à garder la main. C’est normal, le vélo s’internationalise : il y a quinze ou vingt ans, les Américains, Colombiens et Australiens étaient bien moins en vue. Mais les Italiens semblent aussi manquer de grands leaders. Sur cette édition 2016, il n’y a guère que Nibali pour défendre les chances italiennes au général. Et pour le reste, les coureurs de la Botte, malgré toute leur volonté, n’ont pas l’efficacité des Petacchi, Cipollini, Bettini et autres anciens, qui permettaient à la bannière vert-blanc-rouge d’être constamment en haut de l’affiche.
Petit erreur dans l’article avec le déclassement de contador, il a été déclassé en 2011 et nom en 2012 ?
Sinon bonne article, le cyclisme italien évolue dans le même sens que le reste du monde, l’arrivée de bcp de nouveau pays dans la course au maillot rose et une génération de jeunes qui ont du mal à percer font qu’il y a moins de victoires italiennes sur le giro.
Exact, merci d’avoir noté l’erreur, c’est corrigé.
Déficit de fuoriclasse italiens – en attendant Moscon qui en est assurément un – combiné à la mondialisation du Giro, pour de mauvaises raisons cette épreuve demeura pendant longtemps une citadelle difficilement prenable du fait des magouilles entre locaux avec l’aval des organisateurs, aujourd’hui les choses vont dans le bon sens et la concurrence est plus dense. Les italiens doivent se faire la peau pour gagner des étapes et c’est plutôt sain. Et puis dans les années 2000 les réseaux lugubres de la botte “fonctionnaient” plein pot avec pour clients réguliers Riccò, Simoni, Mazzoleni, Di Luca, Petacchi, Piepoli… je ne vous fais pas un dessin !
Cette internationalisation est un bon signe pour le standing du Giro. Il faut se rappeler en effet qu’au début des années 2000, le Giro comprenait bien plus d’équipes italiennes au départ et que les formations étrangères alignaient la plupart du temps des “équipes B”. On a eu des Tours d’Italie de faible niveau à l’époque des Simoni et Garzelli. Désormais les 18 équipes World Tour envoient des formations plus ambitieuses, il n’y a plus que Lampre à porter les couleurs nationales au plus haut niveau niveau, même si de nombreux transalpins figurent dans d’autres équipes, en particulier Astana.Par rapport à leurs prédécesseurs, les coureurs italiens n’ont pas à rougir avec des leaders comme Nibali et Aru qui surclassent à mon avis les Basso, Cunego et autres Di Luca de la génération précédente.