THOMAS
Excellent sur le Critérium du Dauphiné, Geraint Thomas sera l’un des atouts de Sky sur le Tour de France – Photo Sky

Presque oublié après son intermède pistard pourtant couronné de succès, le champion olympique de la poursuite par équipes est revenu à la route dans un relatif anonymat. Présent en début de saison, du Tour Down Under aux classiques flamandes, Geraint Thomas a réveillé les talents de grimpeur qui sommeillaient en lui au cours du récent Critérium du Dauphiné. « 3e homme » potentiel de la Sky derrière Porte et Froome, ce coureur aux multiples facettes n’a pas encore atteint la plénitude de son immense potentiel, qui selon lui, pourrait un jour le conduire jusqu’aux hautes sphères des classements généraux. Thomas héritier de Wiggins ? Pour l’ancien ténor de la poursuite, rien ne semble impossible.

Un Sky ambitieux et combatif

Prendre la 15e place de l’épreuve alpestre, en ayant travaillé sans relâche pour ses leaders, est déjà un exploit en soit. Mais ce qui impressionne encore d’avantage, c’est la manière avec laquelle cette performance a été réalisée : « actionné » très tôt au cours des étapes, la machine Thomas a avalé les cols avec une facilité digne d’un véritable rouleur-grimpeur, permettant au Team Sky de contrôler d’une main ferme le destin victorieux d’un Chris Froome conforté dans sa position de favori du prochain Tour de France. Cette même course dont le Gallois rêve depuis si longtemps et qui constitue son objectif à moyen terme. Au cours d’un entretien avec Wales Online pendant l’intersaison, il s’était encore comparé à Wiggins, un modèle de réussite pour les poursuiteurs en quête d’expansion :   « Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir la même progression que Bradley (…) Si vous aviez demandé à Brad quand il avait 26 ans s’il pensait pouvoir remporter le Tour, il vous aurait probablement répondu que non. Et si vous comparez mes performances avec les siennes au même âge, je suis en avance. » Chez Sky, tout est possible, l’optimisation du potentiel de leurs éléments a déjà fait ses preuves, permettant notamment à Chis Froome, Bradley Wiggins et désormais Richie Porte de franchir un cap supplémentaire.

Déjà fortement fournie en leaders, l’équipe britannique n’a donc pas forcément la possibilité d’offrir à Thomas le statut qu’il espère glaner un jour. Son plus beau tour ? L’ancien de la Barloworld l’a réalisé en 2011, lorsque Wiggins, contraint à l’abandon, avait laissé le champ libre au natif de Cardiff pour s’exprimer. Maillot blanc lors de la première semaine, attaquant intenable des les Alpes, Thomas passa près de remporter le prix du supercombatif et boucla la course en 31e position. Un esprit offensif, de bonnes jambes lors des contre-la-montre et sur les pavés : il avait véritablement conquis le public cette année-là. Ne voulant pas manquer l’occasion de briller lors des Jeux Olympiques de Londres « à domicile », il n’avait pu poursuivre sur cette lancée prometteuse au cours de la saison suivante, se contenant de jouer les couteaux suisses de luxe aussi bien pour Cavendish, dont il emmena les sprints, que pour Wiggins, qu’il guida vers la victoire sur Paris-Nice et en Romandie. Spécifiquement préparé pour la poursuite, il avait ainsi capitalisé sur son entrainement en remportant le prologue de cette course World Tour.

Une explosion programmée ?

Solide, presque bâtit comme un flandrien, Thomas n’a pas encore le physique extrêmement aminci que présentent les leaders de sa formation. On se souvient que Bradley Wiggins avait, courant 2009, perdu 7 kg superflus pour opérer sa mutation, passant en un éclair de pistard à coureur de grands tours. Sans éveiller les soupçons bien sûr, puisque l’Aicar, une substance encore mystérieuse qui agit sur les tissus musculaires en brûlant les graisses, est évoquée par certains détracteurs de la Sky au sujet de la métamorphose de quelques coureurs. Plus linéaire dans sa progression, Thomas a été légèrement moins exposé à ce genre d’accusations. Evidemment, d’autres facteurs bien connus, tels que le matériel de pointe, la qualité d’un staff qui compte les meilleurs diététiciens, psychologues, mécaniciens et superviseurs d’entrainement du peloton, place chaque élément de l’équipe dans des conditions optimales pour s’accomplir pleinement et donner le meilleur de lui-même une fois sur le terrain. Vasil Kyrienka, Konstantin Siutsou, Rigoberto Uran, Sergio Henao et Richie Porte étaient des valeurs sûres bien avant leur arrivée chez Sky, mais c’est ce surplus d’expertise qui les a conduis jusqu’à ce niveau proche de la perfection.

Cet environnement favorable n’empêche pas certains lieutenants d’avoir des envies d’ailleurs. L’an passé, Michael Rogers avait plié bagages pour rejoindre Alberto Contador et la Saxo-Tinkoff. Cette fois, c’est Rigoberto Uran qui devrait s’émanciper en ralliant les Belges d’Omega-Pharma Quick-Step. Des départs majeurs qui devront être comblés soit par un recrutement judicieux, soit par le changement de statut d’un ou plusieurs équipiers prêts à passer au niveau supérieur, à jouer enfin leur carte personnelle sur les épreuves qui comptent. Si la perspective de voir Geraint Thomas mener la Sky sur une course comme le Tour de France semble encore lointaine, la probabilité de retrouver l’ex-pistard aux avants postes sur des courses par étapes World Tour de premier-rang  ne cesse d’augmenter. Patient, il se contentera pour l’instant d’aider Chris Froome à conquérir son premier grand tour au mois de juillet, tout en se positionnant pour l’avenir.

Louis Rivas


 

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