Néo-pro en cette saison 2014, le Cambraisien Florian Sénéchal est considéré comme l’une des plus belles chances françaises en devenir sur les classiques pavées. Vainqueur d’un Paris-Roubaix espoirs au sein de l’équipe Etixx, ses débuts chez Cofidis ont été marqués par un apprentissage régulier, et de la malchance… Il fait le point au micro de la Chronique du Vélo.
« À chaque classique j’ai eu un problème »
Âgé de 21 ans seulement, Florian Sénéchal a déjà l’envie des grands. Lorsqu’en janvier dernier, il nous faisait part de son impatience à courir les plus grandes épreuves du calendrier cycliste qui lui étaient accessibles, son caractère de battant ressortait. Loin des craintes fréquentes du peloton quant à l’idée de traverser un secteur pavé, de frotter et de se mettre dans un rythme infernal ficelé par les cadors, le Nordiste a voulu directement y aller tambour battant. Mais malgré sa fougue, ses espoirs de bons résultats se sont successivement brisés, “la faute à un mauvais matériel. Au Tour des Flandres je crève au pied du Vieux Quaremont. Sur Paris-Roubaix, je casse une roue avant, puis je déraille à Mons-à-Pévèle. Au Het Volk, j’avais ma roue qui était voilée avant le Taaienberg, là où la course se joue. Je ne pouvais pas changer, et je termine tout de même dix-neuvième avec une roue voilée sur les cinquante derniers kilomètres. Mon matériel était clairement défectueux, et il m’en faudra un meilleur pour l’année prochaine. À chaque classique j’ai eu un problème, hormis sur Gand-Wevelgem et lors du GP E3 où je finis quatorzième.”
Le garçon peste, et il faut dire qu’il y a de quoi. Car Sénéchal paraissait systématiquement en bonne posture pour suivre les meilleurs le plus loin possible, comme en témoigne sa très bonne performance printanière, à Harelbeke. S’il faudra régler la mire avec ses mécanos dès l’hiver pour éviter pareilles mésaventures, d’autres soucis plus importants sur le papier se sont dissipés, comme la question de l’endurance. “Je reste satisfait, ce sont des courses de plus de 250 kilomètres donc ça rassure.” Bon nombre de coureurs, parfois confirmés, ont eu – voire ont encore – d’immenses difficultés à exporter leurs résultats des semi-classiques sur les Monuments, plus durs surtout par leur longueur. Le classicman de Cofidis, lui, s’y est déjà habitué. « Quand on fait des grandes sorties, ça passe normalement. Et avec l’expérience ça va un peu mieux, même s’il me manque encore un peu de caisse. Cela viendra au fil des années, avec quelques grands tours. » Un bilan sur les courses d’un jour somme toute positif, mais frustrant quand on fait connaissance avec le contexte énoncé. Dommage, car la période printanière tant désirée demeure une fenêtre assez courte.
“Ma première saison avec autant de régularité”
Toutefois, on aurait bien tort de réduire la saison du jeune français à ces quelques mois de l’année. Bien que rêvant depuis tout petit de remporter l’Enfer du Nord chez les élites, Florian Sénéchal s’est donné les moyens de réussir sa première saison professionnelle sur tous les terrains. Et notamment dans l’exercice du contre-la-montre ! “Les petits chronos de dix kilomètres, quinze maximum, me conviennent assez bien. Au Tour d’Algarve, je fais treizième sans m’être entraîné sur le vélo de chrono auparavant et avec un bidon desserré.” Ce solide gaillard au gabarit imposant possède la carrure pour briller dans la spécialité, mais semble cependant plus conçu pour se distinguer sur les prologues. Treizième sur celui des Trois Jours de Flandre-Occidentale, douzième sur le circuit de Diksmuide au Tour de Belgique et deuxième du prologue des Boucles de la Mayenne, Sénéchal coince encore sur les plus longues distances. “J’ai vu que j’avais une bonne résistance dans les prologues, mais dans les exercices plus longs, c’est plus difficile pour moi. Sur les Championnats de France, cela faisait près de 47 kilomètres, j’ai voulu gérer mon effort mais je me suis mis dans le rouge et j’ai explosé sur la fin.”
Déjà de bon augure malgré tout, puisque le principal intéressé a démontré des réelles capacités de polyvalence, qu’il va désormais devoir exploiter au maximum. Sixième au général des Quatre Jours de Dunkerque, huitième en tout début d’année de la Tropicale et dix-neuvième de Paris-Tours en clôture, il s’en contente : “C’est ma première saison avec autant de régularité de janvier à octobre. Je me suis toujours senti bien, c’est le plus essentiel. Je ne serai jamais grimpeur, sprinteur éventuellement en cas de petit groupe. Après je pense que je pourrais être un bon rouleur, mais il n’y a que sur les classiques que je peux jouer la gagne dans les années à venir. Si je reste sérieux, bien évidemment.”
“Acquérir une meilleure adresse”
Pas question, alors, de se relâcher maintenant ! Afin d’anticiper, Sénécahl a déjà participé à quelques cyclo-cross dans sa région. Indispensable ? “C’est pour le fun, certes, mais également pour acquérir une meilleure adresse sur la machine. Je me suis aperçu que je manquais d’agilité par rapport à d’autres coureurs, et cela peut être très intéressant à travailler dans les virages notamment.” Rappelons qu’au sein de sa formation Cofidis, Sénéchal cotôye le champion du monde de cyclo-cross juniors 2011 Clément Venturini, actuel rival de l’expérimenté Francis Mourey sur les labourés des catégories hautes. Un argument de plus en faveur de l’émulation positive qu’il nous décrit dans l’effectif. “Cofidis, c’est une équipe continentale, c’est presque une famille !” Quant à son programme de course ? Rien n’est encore décidé, et il advient en premier lieu de pousser les présentations avec les nouveaux arrivants, conséquence d’un mercato agité. “Je ne peux pas vous en dire plus comme ça, hormis qu’on a bien rigolé. On n’a pas encore vraiment roulé ensemble, c’était principalement pour tout ce qui est administratif. Un stage plus important est prévu dans le courant du mois de décembre, pendant une bonne dizaine de jours.”
Mais derrière ces propos, le souhait de participer à un premier grand tour se dessine nettement. En 2014, Cofidis fut invitée sur le Tour et la Vuelta, et n’a jamais emmené le jeune natif de Cambrai. La raison principale ? “Au départ, je voulais faire le Tour d’Espagne, mais mon entraîneur a remarqué que j’avais plus de jours de courses que prévu. Du coup, prendre part à la Vuelta aurait sans doute été de trop, et c’était sûrement une bonne idée de faire l’impasse.” D’autant que ce n’est pas la priorité du garçon, qui préfère se spécialiser encore plus dans son champ de prédilection. Quitte à rester dans l’ombre à cause d’une sous-médiatisation qu’il souligne, la faute selon lui au manque de résultats des coureurs français dans les classiques. “Les chaînes françaises font une pub énorme pour le Tour de France, mais du coup, les autres courses restent dans l’ombre… La plus belle, la plus dure des courses cyclistes, ce n’est peut-être pas le Tour de France, mais la Grande Boucle reste la plus populaire.” Il n’y a plus qu’a espérer le voir conjurer le sort !