Un mois après le début des classiques, il y a comme une anomalie : hormis sur le Samyn, l’armada Etixx-Quick Step n’a toujours pas gagné. Sur son terrain de prédilection, l’équipe belge apparaît presque trop forte, et doit faire avec la méfiance de ses adversaires. Personne ne veut venir en aide aux hommes de Patrick Lefevere. Et seuls, ils n’y arrivent pas.

Le GP E3, c’était trop

« On était l’équipe la plus forte, mais il y en avait d’autres qui n’ont pas travaillé pour revenir sur Sagan et Kwiatkowski. Peut-être qu’elles roulaient pour les points UCI », a lâché Patrick Lefevere après le GP E3, ce vendredi. Le manager flamand l’avait très mauvaise. « Je ne veux pas donner de nom, mais quand vous êtes un coureur et que vous avez un numéro un dans le dos, vous êtes supposé être un leader. Or je n’ai pas vu de leaders aujourd’hui, je n’ai vu que des lâches. » Le fantôme du Het Nieuwsblad 2015, où Stannard avait fait la nique à trois coureurs estampillés Etixx, semble resurgir sur chaque classique. Pourtant cette saison, les hommes en bleu mettent tout en œuvre pour justement ne pas commettre les mêmes erreurs. Boonen, Terpstra, Stybar, Trentin, Vandenbergh et désormais Martin, qui a jeté son dévolu sur les classiques, forment toujours la plus grosse armada du peloton. Mais les errements tactiques ne sont plus qu’un lointain souvenir.

Sur le GP E3, personne n’a tergiversé, mais la réussite n’était pas au rendez-vous. Zdenek Stybar, victime d’un problème mécanique, était à peine revenu dans le groupe de tête lorsque Kwiatkowski et Sagan ont pris les devants. Alors il a bien essayé d’y aller, mais sans succès. On imagine pourtant qu’avec un peu plus de fraîcheur, il aurait pu accompagner les deux larrons dans le final. Au lieu de ça, il a dû rentrer dans le rang et c’est son coéquipier Matteo Trentin qui a tenté le coup. Mais il n’avait clairement pas le punch pour garder la roue des deux derniers champions du monde. Pas représentée à l’avant, la formation Etixx s’est donc employée pour revenir, Niki Terpstra roulant comme un dératé pendant de nombreux kilomètres. Mais seul, il n’a pas ramené le groupe sur la tête de course. Pas plus que Boonen, qui s’est employé dans les ultimes bornes. En revanche, les BMC et les Trek, qui comptaient chacun deux coureurs dans le groupe, n’ont pas daigné rouler. Ils ont finalement participé à la victoire de Kwiatkowski.

Trois courses pour faire oublier

« Tout le monde semblait avoir peur de prendre un relais qui ne soit pas nécessaire, analysait Boonen à l’arrivée. Je m’attendais à ce que l’on collabore, mais les autres équipes ont finalement roulé pour la troisième place. C’est stupide parce qu’elles étaient dans la même situation que nous. » Au final et malgré ses efforts, Etixx n’a pas placé un seul coureur parmi les dix premiers de l’épreuve. Pire, au sein du groupe de 13 qui chassait derrière les deux hommes de tête, les protégés de Patrick Lefevere ont pris les quatre dernières places. Une situation qui forcément, énerve au plus haut point les intéressés. « On ne peut pas reprocher aux autres équipes de nous regarder, c’est leur droit. Mais nous devons nous assurer de ne pas nous retrouver à nouveau dans cette situation (avec quatre hommes dans le groupe de chasse et pas un seul à l’avant, ndlr) », détaillait Boonen.

La force du nombre tend en effet à être de moins en moins avantageuse sur les classiques. Si Etixx est la formation la plus efficace en ce début de saison avec 19 succès, sa domination sur les classiques n’est plus que théorique. Elle n’en a décroché qu’un seul bouquet en Belgique : lors du Samyn, grâce à Niki Terpstra. Un bilan incroyablement fade pour un effectif aussi pléthorique. Depuis la création de l’équipe en 1999, à l’époque sous le nom de Mapei, Patrick Lefevere n’a d’ailleurs connu pire qu’à deux reprises : en 2002 et en 2010. En attendant les ardennaises ou d’autres hommes entreront en piste, il reste donc deux semaines aux mangeurs de pavés pour redresser la barre. Une victoire sur Gand-Wevelgem, mais surtout sur le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, pourrait faire oublier ce mois de galère où les Etixx ont clairement failli à leur réputation. Mais pour ça, ils devront courir autrement. En sachant qu’ils seront seuls contre tous.

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