Invitée pour la première fois sur Paris-Nice, l’équipe Bretagne-Séché Environnement a de l’énergie à revendre et met du cœur à l’ouvrage sur les routes de la Course au Soleil. Forte d’un esprit combatif et d’éléments prometteurs, c’est un staff confiant qui s’est présenté dimanche dernier à Mantes-la-Jolie pour les grandes présentations, après un début de saison très encourageant. On risque alors bien de voir noir et blanc jusqu’à la Promenade des Anglais…

Hubert : « Gagner une étape, ce sera primordial »

Une semaine après la première victoire de l’année 2014 pour l’équipe Bretagne – grâce à Florian Vachon sur la Classic Sud Ardèche -, la sympathique bande à Emmanuel Hubert espère bien sabrer une nouvelle fois le champagne à l’occasion du 72ème Paris-Nice. « On est là pour plein de choses, mais notre leitmotiv premier est de gagner une étape, ce sera primordial », affirme le manager général de la formation aux couleurs de la région. Le ton est directement posé dans cette entrevue, et on le comprend. Bénéficiant de sa première wild-card sur l’événement, 2014 sera une année charnière pour l’équipe qui disputera également son premier Tour de France en juillet prochain. Il ne faudra donc pas se rater afin de remercier la confiance de l’organisateur ASO, et pour cela, rien de mieux que « d’être présent régulièrement dans les échappées », comme nous l’indique Eduardo Sepulveda, quatrième du dernier Tour Méditerranéen. L’offensive avant tout, on sent bien ici la marque de fabrique de cette Continentale Pro qui sent bien le vent tourner après des années plus difficiles, où elle était systématiquement effacée des grands rendez-vous à l’heure de décerner les précieux sésames.

Pour autant, si toute l’équipe est déterminée au moment de monter sur les vélos, inutile d’en faire trop selon Hubert : « On est des compétiteurs nés, on a envie de bien faire, mais ce n’est pas pour ça que je mets à mes coureurs une pression supplémentaire. Ils doivent juste faire le métier. » Ne surtout pas s’affoler, ni se précipiter, consignes essentielles afin d’entrevoir le chemin de la réussite tout au long de la semaine, sur un parcours très ouvert où il faudra doser les efforts. « Au niveau du classement général, on possède Eduardo Sepulveda qui est sur une bonne lancée, et ce Paris-Nice sera aussi l’opportunité d’acquérir des automatismes, c’est à dire impérativement courir à l’avant et ne pas prendre de cassures. Ce sera un bon test pour lui, pour voir comment il se comporte en jouant le général sur une épreuve prestigieuse et difficile à tous les étages. » Des crantes de cassures et de chutes qui se révèleront fondées dès le premier jour, lors de la pagaille qui aura semé le dernier tour de circuit. Le rêve de bon classement général s’est envolé pour l’Argentin, déjà déjà relégué à une minute et vingt-huit secondes de Geraint Thomas. Mais ce n’est pas le moment de jeter l’éponge, au contraire ! « Notre but est aussi d’être présent dans les finals d’étapes, et ce serait formidable pour moi comme pour nous tous de monter sur un podium, que ça soit pour une victoire ou bien pour un maillot. Faire un bon général, c’est une possibilité à étudier, mais il y a aussi toute l’importance d’un maillot distinctif qu’il ne faut pas oublier », rappelle Sepulveda.

Sepulveda : « L’étape décisive sera sûrement celle de Nice »

Treizième à Belleville hier avec la présence du Mont Brouilly dans les derniers kilomètres, qui aura émietté le peloton, le récent sixième du Tour de San Luis, à domicile pour lui, semble s’être immédiatement remobilisé et de nouveau concentré autour de l’objectif premier des hommes d’Emmanuel Hubert. « C’est vrai que le maillot de meilleur grimpeur serait formidable pour nous, d’autant plus avec un partenaire breton (Jean Floc’h, ndlr ), mais si on arrive à s’imposer, on sera d’ores et déjà très contents. » Un maillot blanc à pois rouges qui aura, quoi qu’on en dise, déjà séjourné dans l’hôtel de Bretagne-Séché, suite à la belle épopée en solitaire de Christophe Laborie, passé deux fois en tête au sommet de la Côte de Vert le dimanche. Cédant le maillot au profit de Valerio Agnoli mercredi, rien n’est encore joué, tandis que la victoire d’étape n’est pas passée très loin sur le faux plat de Saint-Georges-sur-Baulche lundi, avec la septième place d’Armindo Fonseca, transcendé depuis un Tour du Haut-Var de haute volée. Alors, qui pour ramener cette victoire d’étape tant convoitée ? Pourquoi pas un sursaut venu de Brice Feillu, l’ancien espoir du cyclisme tricolore. Le principal concerné sourit, mais déclare que « depuis le début de la saison, cela ne va pas trop mal.” “Mon but sera donc de me montrer, et d’essayer de faire un coup pendant la semaine. Il faudra aussi faire attention aux derniers kilomètres, on peut perdre beaucoup sur des erreurs de placement, j’ai vu dans le roadbook que pas mal de finishs étaient tortueux… »

Quant à son frère Romain, Hubert est très clair : « Il peut faire quelque chose, mais s’il termine quatrième ou cinquième, cela ne compte pas vraiment à mes yeux, et encore moins pour lui. Il n’y a que la victoire qui nous intéresse, et on va essayer d’aller la chercher. » Une ambition qui prime dans ces propos, tandis que pour Sepulveda, « l’étape décisive sera sûrement celle de Nice, tout pourrait s’y jouer.” Et d’ajouter : “avec des vrais cols tout au long de l’étape, même si on n’arrive pas au sommet, ce sera sûrement la plus dangereuse. » Sur un parcours maintes fois décrit comme ouvert et convenant à une multitude d’hommes, difficile de dégager un favori, ce qui aurait pu sourire à l’un des hommes de la formation tricolore. Mais pour l’Argentin, il y a tout de même un coureur qui se détache. « L’homme à battre ? Je dirais Vincenzo Nibali, c’est l’un des meilleurs grimpeurs et il possède un grand tempérament dans les descentes. » Plutôt discrets pour le moment, les favoris sur le papier qu’étaient Nibali ou Costa sont restés au chaud, et avec la victoire de Tom-Jelte Slagter hier conjuguée à la prise de pouvoir de Geraint Thomas, on semble entrer dans une véritable course d’outsiders. Un scénario favorable aux belles performances des bretons ? Il leur reste quatre journées pour remplir le contrat, et on risque bien de vibrer en suivant leurs épopées.

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