L’épidémie de coronavirus et les mesures de précaution prises pour tenter de limiter sa propagation perturbent fortement le calendrier cycliste. Tandis que l’Union Cycliste Internationale tente de planifier la fin de saison, d’autres équipes s’inquiètent sur leur avenir ainsi que de la santé de leur sponsor. C’est notamment le cas pour CCC, très présente dans le monde de la petite reine avec une équipe World Tour, féminine et U23.

Fin de l’histoire CCC ?

Dariusz Milek, le PDG actuel de la marque polonaise, a fait fortune en vendant des chaussures. A l’heure actuelle, il est à la tête de plus 1100 magasins implantés à travers l’Europe. Cependant, l’entreprise traverse une période difficile depuis fin 2018. L’annonce du report du remboursement de la dette ou encore le rachat du tier des actions par Milek lui-même sont deux exemples des récentes annonces qui ont fait chuter la côte en bourse. Cette dernière est passé de 300 Zloty (monnaie polonaise) à 30. La raison ? La chute des ventes depuis plusieurs mois. La pandémie de coronavirus et l’arrêt de l’économie qui va avec pourrait être le coup de grâce.

Par conséquent, des mesures drastiques sont prises au sein de l’entreprise, que ce soit pour les salariés, mais aussi le sponsoring sportif : « Nous avons un contrat pour cette année et pour la prochaine, mais l’entreprise doit et veut s’en tirer à moindre coût, car les cyclistes ne fournissent tout simplement pas de services. Nous n’aurons pas nos 265 jours de course sur Eurosport, ils ont annulé le Giro d’Italia. (…) Ils vont également annuler le Tour de France (sic). Il est donc inutile d’investir dans ce parrainage, car nous n’en tirons aucun avantage », raconte Milek auprès du média Rowery.org, laissant donc entendre qu’on ne reverrait pas le célèbre maillot orange en 2021.

Plusieurs équipes déjà en difficulté

La disparition du sponsor CCC confirme les inquiétudes émises par Patrick Lefevere il y a quelques jours. Le manager belge est pessimiste. Il pense qu’il se peut qu’on voit un retrait de plusieurs sponsors : « Toutes les entreprises qui exportent voient leur chiffre d’affaires fortement impacté et c’est souvent dans le marketing qu’on effectue les premières coupes budgétaires. Avec le printemps, c’est la principale vitrine pour nos sponsors qui s’est envolée », explique-t-il à la Dernière Heure. L’autre équipe belge Lotto-Soudal a déjà demandé à ses coureurs une baisse de leur salaire.

D’autres formations ont dû faire des efforts. C’est notamment le cas d’Astana. Le principal sponsor, Samruk-Kazyna, a budgété son année 2020 sur un prix du baril du pétrole à 55 dollars en moyenne. Malheureusement, les matières premières sont aussi victime de cette crise et le prix du baril a lourdement chuté (22 dollars en début de semaine). Pour les équipes européennes, certaines auront la chance de recevoir des aides de l’état via le chômage partiel, mais d’autres pourraient devoir remettre en question leur présence dans le vélo.

Le cyclisme traverse une période difficile. Les équipes ne doivent leur survie qu’à la volonté d’investisseurs qui s’y retrouvent grâce à l’exposition, notamment télévisuelle. Là est le problème. Ces équipes ne disposent pas de recettes en provenance de transferts de coureurs, de droits TV, de billetterie, ni même de subventions publiques. Par conséquent, le système économique du cyclisme actuelle apparaît bien fragile. L’Union Cycliste Internationale et les organisateurs de course devront se pencher sur le problème économique pour rendre ce sport plus viable économiquement. Nous sommes peut-être à l’aube d’une réforme du cyclisme.

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