Champion de Grande-Bretagne du contre-la-montre, Alex Dowsett remporte le chrono de Saltara - Photo Movistar
Champion de Grande-Bretagne du contre-la-montre, Alex Dowsett remporte le chrono de Saltara – Photo Movistar

Au départ de Gabicce Mare, peu d’observateurs auraient misé sur une victoire d’Alex Dowsett, dont on ne soupçonnait pas de telles qualités. Triomphant cet après-midi à Saltara, il vient décrocher la plus belle victoire de sa carrière et confirme les espoirs placés en lui.

Un illustre exemple de l’école britannique

Ces dernières années, les coureurs anglo-saxons, avec comme fer de lance Bradley Wiggins, sont devenus de véritable spécialistes du contre-la-montre. La Sky en particulier s’attelant à former des rouleurs hors pair, les Britanniques plus que les autres semblent très à l’aise lorsqu’il s’agit de choisir un matériel proche de celui utilisé par les pistards, qui ont fait la réputation de l’école anglaise. Même si comme Bradley Wiggins ou Geraint Thomas, il n’a pas marqué de son empreinte la piste de son pays, Alex Dowsett s’est forgé un joli palmarès de rouleur durant son apprentissage. Sur les épreuves chronométrées, il a d’abord été sacré chez les juniors, avant de continuer chez les espoirs et enfin chez les professionnels, où il décroché deux titres. A seulement 24 ans, le natif de Maldon offrait donc quelques garanties.

Malgré ça, la formation Sky a décidé de s’en séparer l’hiver dernier, et le coureur passé par le Trek Livestrong a trouvé un point de chute du côté de Movistar. Dès son arrivée, Eusebio Unzué a alors décidé de faire confiance à sa recrue, l’alignant sur de nombreuses épreuves World Tour malgré les difficultés de son poulain à obtenir des résultats. Cette saison, il n’y a que sur Tirreno-Adriatico qu’il avait décroché un top 10, sur le chrono de San Benedetto évidemment. Rien ne le prédisait donc à participer au Tour d’Italie, malgré le fait que Movistar n’y envoyait pas ses meilleurs éléments. Motivé pour saisir cette chance, Dowsett a été d’une aide précieuse lors du chrono par équipes d’Ischia, que la formation espagnole a bouclé à la deuxième place, juste derrière la Sky. Mais surtout, sur l’étape de Pescara, ce vendredi, le Britannique s’est reposé, préparant l’épreuve chronométrée d’aujourd’hui. Il a terminé à plus de 18 minutes du vainqueur Adam Hansen, dans le gruppetto.

Opportuniste sur un contre-la-montre épique

En ce samedi 11 mai est alors venu son jour de gloire : il a remporté le premier chrono de sa carrière sur un grand tour, une sacré performance. Mais ce qui jette surtout Dowsett sous le feu des projecteurs, c’est le contexte de sa victoire. Parti pour donner des indications à Beñat Intxausti, porteur du maillot rose, il a su parfaitement dompter un parcours de 55 kilomètres très piégeux, rompant totalement avec la tradition du chrono final dans les rues de Milan. Entre d’interminables portions montantes et descendantes, des passages pour spécialistes et un mur final sur les hauteurs de Saltara, il fallait être costaud pour s’imposer, et surtout faire la nique aux gros bras dont il ne faisait pas partie. De Bradley Wiggins à Ryder Hesjedal en passant par Vincenzo Nibali et Cadel Evans, Alex Dowsett a repoussé tous les favoris à plusieurs dizaines de secondes.

Parmi ces noms, c’est évidemment celui de Wiggins qui surprend le plus. Le vainqueur du dernier Tour de France a entamé l’épreuve de la plus mauvaise des manières, hésitant et changeant de vélo. Dans la première partie du parcours, il a donc perdu un temps précieux qui aura été décisif dans la victoire de son ancien coéquipier. La Movistar, qui aura donc passé une journée en rose avec son leader Intxausti, perd le paletot au profit de Vincenzo Nibali, mais peu se consoler avec cette belle victoire. Surtout qu’au vu de sa progression actuelle et de son âge, Alex Dowsett pourrait ne pas s’arrêter là. Grâce à la confiance totale que lui accorde sa nouvelle équipe, il devrait s’améliorer au fil des mois pour devenir, peut-être, une référence parmi les rouleurs. De quoi, à n’en pas douter, se forger un palmarès conséquent.

Alexis Midol et Robin Watt


 

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.