Ce jeudi, un troisième front s’ouvre sur la bataille cycliste de la fin du mois de mars, puisqu’en plus du Tour de Catalogne et du retour des pavés de Belgique, c’est en Italie que les coureurs se sont donnés le mot pour la 29ème édition de la Semaine Internationale Coppi et Bartali. Offrant un parcours des plus variés, avec des chronos individuel comme collectif, c’est devenu un rendez-vous incontournable du calendrier transalpin, mais aussi un lieu de préparation pour les grandes échéances à venir.

Ulissi, un statut à assumer

Cette settimana sera d’abord l’occasion pour Diego Ulissi d’asseoir son statut de patron sur les courses italiennes où la Lampre le propulse favori. Un leadership acquis au détriment d’un Damiano Cunego qui aurait bien besoin de retrouver de la confiance, sur une course où il y est toujours allé de son petit bouquet, même l’an passé… Décrochant des succès à la pelle lors des classiques automnales de fin de saison dernière, le Toscan a continué sur sa lancée en remportant le GP de Camaiore fin février. Il semble désormais fois fin prêt pour la saison des classiques, qui sera cette fois primordiale pour un coureur qui peine à s’exprimer lorsque la barre symbolique des 200 kilomètres de course est dépassée. Bénéficiant du festival des fuschia, celui qui a désormais la grande majorité des semi-classiques italiennes à son palmarès aura la possibilité de rééditer son acte fondateur de 2013 sur le difficile circuit de Sogliano al Rubicone. Avant un chrono final où on ne l’avait pas vu mal à l’aise l’an dernier, et qui s’achèvera cette année par un mur inédit le long des murailles du Castello di Montecuccolo. Tous les voyants semblent donc au vert pour qu’Ulissi récite ses gammes presque à domicile. Seul hic potentiel, Brent Copeland a mis à disposition de l’Italien une équipe logiquement privée de ses meilleurs éléments : Mori, Valls – capable du meilleur comme du pire – et le prometteur Wackermann seront les équipiers d’Ulissi cette semaine.

Une relative faiblesse collective qui pourrait potentiellement faire trébucher le grandissime favori et désormais spécialiste de ce genre d’épreuves, mais qui ne devrait pas tellement l’inquiéter, tant le grand espoir du cyclisme italien possède une science de la course excellente. Il est peu probable de le voir se faire piéger si un petit groupe prend le large dans l’étape de Rubicone, tandis que l’inédite étape de Crevalcore est loin d’être inaccessible aux purs sprinteurs s’ils parviennent à s’accrocher dans les bosses. Clairement, la Coppi et Bartali 2014 est moins sélective que par le passé – l’arrivée en haut du Piane di Mocogno n’ayant pas été renouvelée -, franchement destinée à un puncheur limitant la casse face à la montre. Parfait pour Ulissi sur le papier, certes. Mais cela ouvre aussi les portes à des coureurs habituellement exclus de la course à la victoire finale. De nouveaux adversaires pour le leader de la Lampre, que l’équipe transalpine devra contrôler. Un test important pour savoir si le jeune espoir est capable de briller à l’échelon supérieur.

Neri Sottoli, le tube de la rentrée

Et pour contrecarrer les plans bien définis d’Ulissi, il faudra compter sur l’équipe Neri Sottoli de Luca Scinto. Traîné dans la boue par les scandales Santambrogio et Di Luca, son nouveau Yellowfluo Project semble renaître de ses cendres et a fait forte impression sur les classiques de l’UCI Europe Tour, grâce à une solidarité exemplaire et des hommes ayant du cœur à revendre. Simone Ponzi incarne pleinement la réussite de l’ancienne structure Farnese, se relançant après ses échecs successifs chez Astana. Vainqueur sur le Tour des Côtes Etrusques et sur le GP Nobili, mais aussi aux Pays-Bas, il s’est affirmé comme le nouveau fer de lance des hommes jaunes, qui peuvent aussi s’appuyer sur Mauro Finetto – dont les résultats vont crescendo depuis le milieu de la saison dernière – ou Matteo Rabottini. Enfin, c’est aussi un lieu d’expression idéal pour Andrea Dal Col, annoncé comme la future pépite du cyclisme de la Botte en ce qui concerne les courses par étapes. Du beau monde donc, qui sera surtout présent afin d’accentuer l’avance prise en tête du classement de la Coupe d’Italie, qui voit son vainqueur automatiquement accrédité d’une invitation pour le Giro de l’année suivante. Avec la nouvelle réputation de Scinto, c’est sans doute le seul moyen de participer à la prochaine édition de l’épreuve labellisée RCS Sport.

Mais ce classement est l’objectif premier pour beaucoup d’équipes continentales – dont Androni ou Bardiani – qui profiteront aussi de la semaine pour tester et voir leurs jeunes pousses engranger de la confiance. Ce sera le cas pour le jeune sprinteur Bertazzo, mais aussi le précoce grimpeur Gianfranco Zilioli, vainqueur en tant que stagiaire du GP de Prato. Pellizotti sera le leader désigné de la formation de Gianni Savio, tout comme Francesco Bongiorno chez Roberto Reverberi, qui attend aussi beaucoup d’Enrico Barbin. Si le général devrait revenir à un coureur offensif et complet, il n’est pas exclu qu’un rouleur puisse souffler la victoire finale, comme l’avait fait Jan Barta en 2012. Et dans ce registre, attention à l’équipe Sky qui amène ses doublures habituelles avec de réelles ambitions. Il faudra alors impérativement se débarasser des encombrants Cataldo, Kiryienka, ou encore du rouleur Zakarin chez Rusvelo, capables de s’accrocher dès que la route s’élève. Loin des têtes d’affiches du World Tour, les protagonistes de cette Semaine Coppi et Bartali pourront donc s’expliquer tranquillement, loin des projecteurs. Car malgré un intérêt et une renommée en baisses, l’épreuve n’en reste pas moins un véritable révélateur de talents.

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