Gagnante ce week-end en Lombardie, et il y a une semaine sur Milan-Turin, l’équipe Astana a une nouvelle fois fait étalage de sa puissance et écœuré la concurrence. Et au-delà du leader Nibali, qui après la victoire d’Aru sur la Vuelta, s’est mis en avant sur l’ultime monument de l’année, c’est le jeune Diego Rosa qui a brillé.Ce n’est pas forcément celui qu’on attendait le plus en cette fin de saison, mais le Piémontais cartonne.

Du Moutain Bike à la route

L’ancien pensionnaire de la formation Androni, âgé de 26 ans mais qui ne se consacre au cyclisme depuis 2012 seulement, a levé les bras pour la première fois de sa carrière en s’adjugeant la prestigieuse semi-classique Milan-Turin. Et de fort belle manière. Pourtant, Diego Rosa n’arrive pas là en tant qu’inconnu. Comme Cadel Evans,  “le coureur [qu’il] admire le plus“, l’Italien a démarré dans le Moutain Bike, puis avait terminé du Giro en 2013, pour sa première participation à une épreuve de trois semaines. Sous le déluge, il s’était même permis de finir 14ème de l’étape arrivant à Bardonecchia. Loin d’être une performance anodine. D’ailleurs l’année dernière, après le Tour de France, Vincenzo Nibali avait déclaré que Diego Rosa était un “coureur solide, qui peut être important pour Fabio Aru sur les courses par étapes.” Le requin de Messine avait visé juste puisque cette année, Rosa a effectivement joué le rôle de gregario de luxe pour son nouveau leader, d’abord sur le Giro puis la Vuelta, finissant au passage 23e puis 20e.

Pourtant, ce n’est pas surprenant de le voir déjà à ce niveau. Dès sa première année sur route, l’Italien avait en effet été sacré meilleur grimpeur du Baby Giro, avant de remporter le Tour du Frioul devant Bob Jungels. Alors dimanche dernier, sur le Tour de Lombardie, il a eu droit à une sorte de promotion. Malgré la présence de Mikel Landa, troisième du dernier Tour d’Italie, c’est Rosa qui était l’ultime équipier de Vincenzo Nibali. Dans les derniers kilomètres, c’est lui qui a mis sur orbite le Squale. Dans la montée du Civiglio, avec l’aval du patron, le Piémontais s’est même permis de placer quelques attaques, et s’il n’avait pas été pris en chasse, il aurait pu bénéficier du marquage aux côtés de son leader pour s’envoler seul vers la victoire. Finalement, c’est bien Nibali qui a filé en solitaire jusqu’à la ligne d’arrivée, mais Rosa n’a pas craqué pour autant, et s’est offert une belle cinquième place à Côme. “Mes jambles criaient dans le Civiglio”, concèdera-t-il malgré tout à l’arrivée.

Futur numéro 3 d’Astana ?

Cette performance en Lombardie arrive donc après un premier succès chez les pros qui aura sans doute servi de déclic. “On disait que je n’étais pas un gagnant, j’ai prouvé le contraire. Cette victoire me donne beaucoup de confiance”, a lâché le principal intéressé. Il faut dire qu’au départ de Milan-Turin, l’équipe Astana est venue avec une véritable armada. Entre Aru, Landa, Lopez, Tiralongo et donc Rosa, les possibilités de jouer la gagne étaient nombreuses. La formation kazakhe a donc parfaitement contrôlé la course, à l’image d’un Paolo Tiralongo tout souriant lorsqu’il s’est agit d’étirer dans le final ce qui restait du peloton. Evidemment, on attendait le récent vainqueur de la Vuelta ou la révélation espagnol de cette année, mais sur Superga, Diego Rosa s’est tout simplement montré supérieur aux favoris.

Une seule attaque a suffi au local de la course pour l’emporter. Mais ce qui étonne le plus, c’est que l’Italien a battu le record de la montée finale, détenu depuis 2012 par Alberto Contador… Relativement à l’aise sur les semi-classiques italiennes de septembre et d’octobre depuis ses débuts professionnels, Rosa y a de nouveau devancé des coureurs de renom mais fatigués par une saison difficile. Qu’importe, entre ses performances automnales, son aide sur les grands tours et ses résultats du printemps dernier, où il avait notamment terminé cinquième des Strade Bianche, le garçon aura marqué beaucoup de points en 2015. Après avoir “cherché la victoire ces dernières années”, Rosa devrait donc s’imposer comme un élément très important de son équipe. Et au passage, il promet de “courir d’une manière différente”. On a hâte de voir ça.

Thomas Fiolet

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.