C’était écrit, le week-end andalou allait être le premier gros temps fort de cette Vuelta 2013 avec trois arrivées au sommet, chacune dans un registre différent mais ayant toutes la possibilité de faire de gros dégâts. Le premier acte du triptyque s’est terminé à l’Alto de Peñas Blancas par une victoire du Tchèque Leopold König, devançant Dani Moreno et Nicolas Roche. Un trio d’outsiders, pour le moment…

On prend les mêmes et on recommence

Dimanche dernier, au sommet de la première arrivée en altitude à l’Alto do Monte da Groba, l’Irlandais Nicolas Roche s’imposait en solitaire et à la surprise générale. Le début de ce qui aura été une première semaine au scénario consistant mais relevant plus d’une bataille entre seconds couteaux plutôt qu’entre les véritables cadors. Le lendemain, au Mirador do Lobeira, on assiste au show de Christopher Horner, qui confirme le caractère imprévisible et incontrôlable de la course. Cependant, à la vue du profil de l’étape de ce samedi, les 14600 mètres menant à l’Alto de Penas Blancas devaient permettre de faire un sacré ménage et de mettre sur le devant de la scène les favoris à la victoire finale. Il n’en n’a rien été. Alors qu’Igor Anton a surpris son monde en s’extirpant d’un groupe favoris roulant à un train de sénateurs imposé par les coéquipiers de l’ambitieux Horner, ceux qu’on attendaient n’ont pas daigné bouger d’un pouce. Vincenzo Nibali, qui paraissait pourtant à l’aise, n’a pas voulu se montrer, alors que le duo espagnol Valverde-Rodriguez ne s’est réveillé que dans le dernier kilomètre…

Pour Purito, la tactique était compréhensible puisque son fidèle lieutenant Moreno, déjà vainqueur au Cabo Fisterra, s’était immiscé dans la bataille pour la victoire d’étape, dont il passera encore tout proche. Au final, c’est donc le Tchèque de la NetApp, qui profite de son relatif anonymat pour décrocher une très belle victoire et se replacer au général. Peut-être le début de la confirmation sur trois semaines de ses aptitudes jusqu’alors démontrées sur des courses moins relevées. Sur les pentes du col andalou, le seul cador à avoir entrepris des choses est donc Ivan Basso. Le charismatique leader italien de la Cannondale a étonné pas mal d’observateurs en attaquant à maintes reprises durant les deux derniers kilomètres, pour se tester et surtout montrer qu’il était présent. Sûrement sous-estimé du haut de ses 35 printemps, le double vainqueur du Giro a fait parler sa fraîcheur et figure dans la liste des gagnants du jour, au même titre que les Français Pinot et Barguil. Une flopée d’outsiders aujourd’hui aux avants postes et qui pourraient le rester.

Un retard à l’allumage profitable aux attaquants

Au général ce soir, Nicolas Roche a donc dix-sept secondes d’avance sur Chris Horner et Dani Moreno, et dix-huit sur le grandissime favori Vincenzo Nibali. C’est peu, diriez vous, mais ce n’est déjà pas rien. Alejandro Valverde, qui a paru très facile tout au long de la première semaine, est quand même à trente secondes, alors que Rodriguez pointe déjà à plus d’une minute. Bien entendu, ce retard n’a rien de rédhibitoire, mais il ne faudrait peut-être pas démarrer les grandes manœuvres trop tard. L’étape de demain avec son arrivée fétiche au mur de Valdepenas de Jaen – avec ses ruelles à 30% qui font frémir tout le peloton – arrive donc à pic pour Purito. Mais difficile de le voir reprendre plus d’une minute sur un Roche qui se contentera de coller sa roue pour limiter la casse. Pour le Catalan, il serait pourtant bon de se replacer avant le chrono autour de Tarazona mercredi, où l’on attend une nouvelle perte de temps. Peut-être pas aussi conséquente que le premier jour, mais assez pour que le leader de la Katusha ait du retard sur ses adversaires alors que la mi-course sera déjà là.

En profitant d’un certain statut quo entre les grands favoris, les feux follets de ces derniers jours ont donc gratté de précieuses secondes. On imagine mal un König n’ayant rien à perdre s’écarter brutalement de la hiérarchie. Pour Basso, que les spécialistes hésitaient à placer parmis les favoris, il n’y a plus de doute. Sans oublier le vétéran et survolté Horner, sur qui il faudra compter. Alors du côté Katusha, on pourrait également commencer à se poser quelques questions. C’est presque devenu une habitude, dès que son leader le lui permet, Dani Moreno montre ses talents “à la Rodriguez” et illumine les finals d’étapes. Omniprésent sur les arrivées au sommet de cette première semaine, il compte 46 secondes d’avance sur son leader désigné. De quoi, sans doute, inciter son staff à au moins réfléchir à la suite de la course. D’autant que Rodriguez se dit lui même fatigué par le Tour de France et moins explosif qu’il ne l’aurait souhaité. Au sein de l’équipe russe, les deux prochains jours risquent de compter dans la réflexion. Malgré tout, la situation n’a – encore – rien de critique pour Nibali, Valverde et donc Rodriguez. Mais il ne faudra pas rester sur ce rythme de croisière jusqu’à lundi soir sous peine de voir des coureurs comme Roche, König, Horner ou Basso s’envoler et profiter des circonstances de courses qui leur donnent actuellement raison. La tendance doit s’inverser, et la vraie bataille doit commencer !

 

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