Alessandro Petacchi a marqué le cyclisme, en particulier italien, des années 2000. Digne successeur de Mario Cipollini, il a effectué de multiples razzias sur le circuit mondial. Les victoires se sont enchaînées au fil de sa carrière, jusqu’à dépasser les 150 bouquets. Parmi les plus belles, Peta a conquis la course de ses rêves en 2005 avec Milan-San Remo. Le natif de La Spieza, une légende pour certains, incarne néanmoins un souvenir moins glorieux pour d’autres. La faute à une collection de victoires acquise sur le Tour d’Italie 2007 entachée par un contrôle positif a une molécule anti-asthme. Ale-Jet comme il est surnommé, a désormais 39 ans et approche inéluctablement de la fin de sa mise en service. Mais l’enterrer trop vite sera évidemment une grave erreur.
Après un retour de suspension tonitruant, ponctué d’un maillot vert sur le Tour de France, Petacchi a entamé un déclin logique. Aujourd’hui, le sprint italien ne jure plus que par Andrea Guardini, Elia Viviani, Sacha Modolo ou encore Oscar Gatto. Proche de la quarantaine, le Ligurien n’est pour certains plus qu’un ancien tout juste capable de distiller de bons conseils à la jeune garde transalpine. Même au sein de son équipe, il n’est plus le sprinteur désigné, ayant laissé ce rôle à Roberto Ferrari, transfuge hivernal en provenance d’Androni. Après les retraites de Mario Cipollini, Erik Zabel et plus récemment d’Oscar Freire, Petacchi est l’un des derniers dinosaures du début des années 2000. Autant de vainqueurs de Milan-San Remo qui ont fini par raccrocher les pédales. Et incontestablement, c’est ce qui attend Alessandro Petacchi.
Un cadeau d’adieu magique ?
L’histoire d’amour entre Alessandro Petacchi et Milan-San Remo est vraiment particulière. Ce monument, le seul qui peut s’offrir occasionnellement à un sprinteur, attire les convoitises de nombreux coureurs, surtout italiens. Pour Peta, ce fut tout aussi compliqué que pour les autres. Il lui aura fallu la courir quatre fois et se rapprocher chaque fois un peu plus des places d’honneur avant de gagner, enfin, en 2005. Comme un consécration qui le faisait entrer dans le cour des grands, aux côtés des mythes vainqueurs avant lui de la Primavera. Aujourd’hui, le Ligurien rêve sans aucun doute de rééditer son exploit, à 39 ans. Mais il ne sera pas seul puisqu’il devra partager le leadership avec celui qui lui a succédé au palmarès, Filippo Pozzato. Et avant le départ de l’épreuve, Pippo paraît être une carte bien plus fiable pour la formation de Giuseppe Saronni.
Mais Petacchi a des arguments sérieux, bien qu’ayant perdu de son exceptionnelle pointe de vitesse. Parfait connaisseur de la Classicissima, il saura gérer au mieux les capi ainsi que les conditions climatiques grâce à son expérience. Et dans le final, il peut espérer être l’un des seuls sprinteurs à avoir passer le Poggio. A condition, bien sûr, de profiter d’une physionomie de course favorable à une arrivée massive. Mais il peut aussi compter sur un élément de superstition : depuis 1983, tous les dix ans, c’est bien un Italien qui s’impose. Pour succéder à Saronni, Fondriest et Bettini, Alessandro Petacchi devra donc être dans un grand jour. Cela pourrait lui permettre, en cas de victoire, d’être le plus vieux vainqueur de l’épreuve depuis Andreï Tchmil en 1999. Enfin, cela pourrait encore, et surement pour la dernière fois, faire taire ses détracteurs. L’histoire retiendrait alors un atterrissage somptueux, en fin d’après-midi, d’un avion rose nommé Ale-Jet.
Alexis Midol