Il ne lui reste que trois semaines à trimer sur son vélo. Après cet ultime effort, Alberto Contador pourra dire au revoir à un peloton qu’il a profondément marqué, par ses attaques, son panache, sa danseuse et ses controverses, aussi. L’Espagnol a pris tout le monde de court en ciblant la Vuelta 2017 pour y jeter ses dernières forces. Pour tirer sa révérence à un niveau décent et essayer de gagner une quatrième fois sur cette course qui lui a toujours souri.

Vuelta salvatrice

L’un des exercices les plus difficiles pour un grand champion est de savoir se retirer dignement, sans écorner l’image façonnée par ses années de gloire. Savoir dire stop au moment opportun. Certains programment leur fin à l’avance, comme Bernard Hinault, quelques uns l’annoncent au sommet de leur carrière, d’autres la repoussent trop loin pour leur corps. Alberto Contador, à 34 ans, a annoncé la sienne il y a un peu plus d’une semaine. Avec comme dernier rendez-vous son tour national. Le Madrilène a longtemps retardé l’échéance. Jusqu’au dernier Tour de France, dont l’issue maussade a certainement convaincu le septuple vainqueur de grand tour d’en finir. Il n’est plus le meilleur, il perd et il a du mal à l’accepter. L’orgueil des grands, sans doute. Ce même orgueil qui force les observateurs à le considérer comme l’un des principaux favoris de sa dernière course.

Alberto Contador n’avait pas prévenu qu’il ferait la Vuelta, encore moins que ce serait l’ultime défi de son immense carrière. Mais il est là, et quand l’Espagnol est présent sur une course, c’est uniquement pour la gagner. Davantage encore chez lui, dans une épreuve qui lui a si souvent permis de se relever. Pour son premier sacre en 2008, il s’était rappelé au bon souvenir de ceux qui l’avaient privé du Tour, alors qu’il en était le vainqueur sortant. Son équipe, Astana, blacklistée à Paris, Contador avait écrasé la Vuelta par vengeance. En 2012, ce même sentiment de justice l’agitait lorsqu’il a intelligemment pris le dessus sur Joaquim Rodriguez. De retour de suspension, allégé de ses succès sur le Giro et le Tour, il avait lavé l’humiliation en remportant sa deuxième Vuelta. En 2014, enfin, de retour à son meilleur niveau, sa conquête du maillot jaune sur la Grande Boucle fut contrariée par une lourde chute. À nouveau, la Vuelta le consola de ses maux. Le Pistolero y retrouva sa superbe et remporta son duel face à Chris Froome. Seulement depuis, l’Espagnol a enchaîné les galères et les désillusions.

Battre Chris Froome

Y compris sur ses routes, où l’an passé il n’a pas tenu la comparaison avec Nairo Quintana et Chris Froome. Sa quatrième place avait néanmoins été rehaussée par son attitude au sommet d’Aramon Formigal où il avait fait triompher Nairo Quintana aux dépens de Chris Froome. L’aboutissement d’une rivalité profonde entre lui et le Britannique. Car si Contador le magnifique a disparu du podium de la Grande Boucle depuis sa suspension en 2011, la cause est à chercher chez Froomey, lui qui l’a mis à terre tant de fois sur le Tour. Dominé, on a senti l’Espagnol proche de l’anéantissement personnel. Froome est devenu une sorte d’obsession. Jamais il n’a pu le mettre en difficulté en France. En Espagne, par contre, la tendance est inverse. Et même lorsque le Madrilène n’avait pas le niveau l’an passé, il a trouvé le moyen de faire battre le Kényan blanc.

Cette saison, la donne est malgré tout bien différente. Chris Froome veut réaliser le doublé, il a préparé sa saison dans cette seule optique et il n’y a pas Nairo Quintana pour monter une alliance circonstanciée. Dans l’Hexagone, Alberto Contador a souvent semblé impuissant, incapable de terminer les étapes de montagne avec les meilleurs. Ses chutes n’expliquent pas tout… Mais à domicile, pour sa dernière danse, la motivation du Pistolero sera décuplée. Avec dans l’optique le record de quatre succès de Roberto Heras. Gageons qu’il ait encore assez d’énergie à puiser pour nous quitter de la plus belle des manières, en danseuse dans les cols, un pistolet en main au sommet.

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