Gagner en 2015 le Giro et le Tour de France, c’est le grand objectif d’Alberto Contador, celui qu’il clame haut et fort depuis le début de saison. Avant le départ de la course rose, on avait du mal à y croire, tant on l’imaginait devoir batailler pour remporter ce premier grand tour de l’année. Mais finalement, pas vraiment embêté depuis le départ de San Lorenzo, il n’a pas lâché beaucoup d’énergie et pourrait arriver sur le Tour presque aussi frais que Quintana, Froome et Nibali.

Le Giro est plus que plié

Dans le Monte Ologno, encore une fois, Fabio Aru a craqué. Landa, lui, a crevé au pire des moments. Donc Contador a attaqué, accroissant son avance au classement général. Le duo d’Astana encore relégué bien loin, le Pistolero compte désormais une avance de plus de cinq minutes sur son dauphin. Autant dire qu’à trois jours de l’arrivée à Milan, le maillot rose, sauf chute, ne lui échappera pas. Et malgré ces écarts impressionnants, Contador ne l’a pas été tant que ça. Il s’est simplement employé lorsqu’il a fallu : sur le chrono de Valdobbiadene, où il a décroché le troisième temps et mis un sacré coup de massue derrière la tête de ses adversaires, et dans le Mortirolo, où il a comblé une minute de retard due à une crevaison, faisant comprendre à tous qu’il en faudrait bien plus pour venir lui titiller le maillot rose.

Il n’y a donc eu que les chutes, en première semaine, pour faire espérer à ses adversaires et notamment à l’équipe Astana qu’il était prenable. Mais de Landa à Porte en passant par Aru et Uran, personne n’aura mis en danger Contador au cours de ce Giro. Dans les grands cols jusqu’ici au programme, le Madrilène l’a joué à l’économie. Quand Aru a pu attaquer, il s’est contenté de suivre. Et quand c’est Landa qui a fait le show, il n’a pas réagi, conscient que le danger au général ne venait pas de son compatriote. Alors qu’on attendait une grande bataille pour le maillot rose, on se dirige donc tout droit vers une victoire aisée du leader de l’équipe Tinkoff. C’était sans doute ce qu’il pouvait espérer de mieux dans l’optique de son doublé Giro-Tour. S’il avait eu à bagarrer, il aurait sans doute hypothéqué ses chances de victoire en juillet. Mais avec un Giro aussi sereinement remporté, tout reste possible.

Du repos et des adversaires dans l’inconnu

A la fin de la semaine, Contador va connaître le repos, pendant un peu moins d’un mois. Il faudra conserver la condition tout en récupérant, avant de revenir vraisemblablement sur la Route du Sud. Loin des épreuves World Tour très médiatisées où il serait en concurrence avec ses futurs adversaires du Tour, l’Espagnol pourra reprendre avec un semblant de discrétion sur une épreuve qui reste très exigeante. Il saura alors s’il est en mesure de disputer la gagne sur la Grande Boucle. D’autant qu’il le conçoit, le parcours du Tour cette année paraît sur le papier plus compliqué que d’habitude. S’il a déjà prouvé qu’il pouvait très bien récupérer, son expérience de doubler Giro et Tour de France en 2011 s’était soldée par un échec. Pourtant, il avait couru le moins possible entre les deux grands tours, disputant seulement ses championnats nationaux. C’est donc un gros point d’interrogation qui plane au dessus des têtes quant à la préparation de Contador.

En tout cas, pendant que l’Ibère se fera discret, on scrutera avec assiduité les performances de Quintana, Froome et Nibali, présentés comme les autres favoris du Tour. En Romandie, il y a quelques semaines, aucun des trois n’avait réellement impressionné, dans la continuité du début de saison. Seul Quintana a d’ailleurs tenu son rang en 2015, c’était sur Tirreno, avant de se faire plus discret. On en viendrait donc presque à se dire que même emprunté physiquement, Contador pourrait leur tenir tête au mois de juillet. Histoire d’en savoir plus, on va attendre avec impatience le Dauphiné et le Tour de Suisse. Mais remporter le Giro sans trop forcer était le premier facteur indispensable pour Contador, et jusqu’à maintenant, tout semble concorder pour que le Pistolero puisse au moins nourrir légitimement l’ambition de réaliser le doublé.

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