Gagner le Tour de France n’offre pas forcément le titre honorifique de meilleur grimpeur du peloton. Demandez à Bradley Wiggins, que Chris Froome connaît si bien. Mais dans le cas de Froomey, et pour ce qui est de 2015, sa domination en montagne n’a souffert d’aucune contestation.

Une attaque pour mettre tout le monde d’accord

14 juillet. On rêve, comme chaque année, d’une victoire française sur le Tour. L’étape du jour, au  lendemain d’une journée de repos, offre la première arrivée au sommet de la grande messe juillettiste. Si victoire tricolore il y a, ce sera donc encore plus beau. Mais rapidement, tout le monde a compris que ce serait un Britannique qui allait lever les bras. Après dix jours d’épreuve, Nibali et Contador sont déjà loin. Quintana, lui, a encore tous ses espoirs. Mais ils vont s’envoler en quelques instants, vers La Pierre-Saint-Martin. Alors que le Colombien est – logiquement – le dernier à accompagner celui qui porte déjà le maillot jaune, il ne peut absolument rien faire quand Chris Froome décide qu’il est temps de partir seul. Virevoltant, impressionnant et suscitant même beaucoup de suspicions, l’Anglais a ridiculisé la concurrence sur cette première arrivée en altitude.

Quintana, lui aussi considéré comme l’un des meilleurs coureurs du peloton quand la route s’élève, pointait à plus d’une minute au sommet. Pour Contador (2’51) et Nibali (4’25), les chiffres étaient encore plus cruels. Résultat, après cet épisode, personne n’a semblé douter des qualités de Froome en haute montagne. Solidement entouré par la Sky, le vainqueur du Tour 2013 n’a donc eu qu’à contrôler la suite de la course pour s’offrir un deuxième succès sur les Champs-Elysées. Que ce soit vers le Plateau de Beille ou vers La Toussuire, il n’a pas eu à s’inquiéter, et il a fallu attendre l’Alpe d’Huez pour le voit un tantinet en difficulté. Qu’importe, l’écart était fait, et le constat imparable : Froome était bel et bien le patron en montagne, qu’il ait besoin de creuser des écarts ou bien de gérer sa large avance.

Pinot comme dauphin

Certains regrettent donc qu’il n’ait pas davantage fait étalage de sa domination au mois de juillet. Il aurait sans doute pu, à plusieurs reprises, assommer ses adversaires avec aisance. Mais compte tenu de l’accueil qu’a reçu son premier succès, il est compréhensible qu’il ait ensuite souhaité rester en retrait. Inutile de tendre le bâton pour se faire battre alors que le Tour était joué – et gagné. En remontant le fil de sa saison, on trouve toutefois plusieurs résultats qui corroborent ce statut légitime de meilleur grimpeur de la saison. Du Tour d’Andalousie au Dauphiné, le natif de Nairobi a compilé trois succès en haute altitude, prouvant qu’il savait s’atteler au travail en montagne lorsque la victoire finale en dépendait. Alors oui, il n’a pas levé les bras sur le Tour de Catalogne, ni en Romandie, où l’étape reine est revenue à Thibaut Pinot sans que Froome ne donne l’impression de pouvoir réagir. Mais il a malgré tout fait mieux que ses rivaux.

Nairo Quintana n’a en effet remporté qu’une seule étape de montagne en 2015 : c’était au Terminillo, sur Tirreno-Adriatico. Alberto Contador s’est lui offert deux succès, mais dans des épreuves de second rang : sur le Tour d’Andalousie puis sur la Route du Sud. Même sur le Giro, qu’il a remporté, il n’a pas gagné une seule étape de montagne. Bien sûr, ça ne veut pas tout dire. Mais par le passé, le Colombien comme l’Espagnol avaient su se montrer bien plus impressionnants sur leur terrain de prédilection. Ainsi, s’il devait y avoir un concurrent à Chris Froome pour ce titre honorifique, il serait sans doute à chercher du côté des Français. Vainqueur à Champex-Lac, à Sölden et à l’Alpe d’Huez, Thibaut Pinot est sans doute le premier poursuivant du Britannique en montagne. Comme l’Anglais, il a su prendre ses responsabilités à chaque fois. La différence réside cependant dans la victoire finale.

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