L’enfer leur est promis. La fatigue de la première semaine, la pluie annoncée en milieu d’après-midi et les trois cols hors-catégorie au programme du jour, voilà autant de facteurs qui devraient assurer une étape palpitante sur la route de Chambéry. Les pentes du terrible Mont du Chat en seront le dernier supplice.
Un mont pas comme les autres
Un chat. En temps normal, personne n’en a pas peur. Un chat noir, à la limite. Mais ce mont du Chat va à coup sûr donner des sueurs froides à nombre de coureurs, de directeurs sportifs et de supporters. Jamais une ascension n’a aussi mal porté son nom. L’ascension jurassienne n’est pas mignonne comme un chaton. Long de presque neuf kilomètres à une moyenne effarante de 10,3 %, placé après 155 kilomètres de course, le versant ouest du Mont du Chat comporte même plusieurs passages à 14 % et 15 %. Un long calvaire, à 1 500 mètres d’altitude.
Un homme l’a maîtrisé deux fois, il y a fort longtemps. La première, sur un Critérium du Dauphiné, en 1966. La seconde est plus connue, il s’agit d’un épisode légendaire du Tour 1974. Raymond Poulidor – car c’est de lui que nous parlons – est le champion le plus mieux placé pour parler de l’épreuve qui attend les coureurs du Tour 2017. « C’est une ascension très difficile », nous explique le Limousin. Jamais avare de bonnes histoires, Poupou nous raconte une histoire qui résume bien la difficulté du Mont du Chat. Nous sommes sur le Dauphiné 1966. « Roger Pingeon avait sa voiture à trois ou quatre kilomètres du sommet, il roulait en tête. Quand il a vu sa voiture, il a abandonné. Il a abandonné parce qu’il disait qu’il ne marchait pas et qu’il n’avait pas réussi à les lâcher ! » Pingeon se remettra vite de cette désillusion, remportant le Tour l’année suivante. Mais la défaillance d’un tel grimpeur illustre bien que le Mont du Chat n’est pas comme les autres cols.
Une véritable épreuve
Thomas De Gendt n’est pas un favori pour le classement général. Mais il a gravi ce mont il y a quelques semaines sur le Dauphiné – ascension alors inédite depuis 1985 – dans la peau du maillot jaune. Le Belge y avait logiquement été décroché. « Le Mont du Chat est une montée très difficile, nous explique-t-il. Et aujourd’hui aussi ce sera compliqué. C’est très raide, le pourcentage moyen est très élevé. Ce sera une véritable épreuve. » Mais au sommet, rien ne sera encore joué. « La descente est aussi compliquée que l’ascension parce qu’elle est très sinueuse, se rappelle Poulidor. En 1974, il y avait des gravillons et des nids-de-poule. J’avais lâché Merckx dans la montée, mais j’ai descendu sans prendre de risques. Merckx les a pris et il m’a rejoint dans le bas de la descente. »
Les coureurs les moins à l’aise dans les descentes devront donc rester sur leurs gardes. Mais attention, d’autres facteurs peuvent rentrer en jeu. Après la reconnaissance grandeur nature du mois de juin, Richie Porte confiait une inquiétude en conférence de presse : « J’espère que la route ne sera pas mouillée pour le Tour de France. » Pas de chance, on annonce quelques orages sur Chambéry en début d’après-midi. Pour compliquer un peu plus la tâche des leaders du peloton, le Mont du Chat vient après deux autres hors-catégorie : le Col de la Biche et le Grand Colombier (avec des passages à 22 %). Au Dauphiné, le Mont du Chat était la seule difficulté du jour, et elle avait déjà vu des défaillances, notamment celle d’Alberto Contador… Cette étape Nantua-Chambéry fera donc des dégâts. « Il y aura des écarts entre des petits groupes, comme sur le Dauphiné », nous prédit De Gendt.
Juge de paix d’une étape difficile
Mais cette ascension peut-elle empêcher les favoris de s’attaquer dès les premières pentes ? Pour Poulidor, c’est une évidence : « Je ne pense pas qu’un favori attaquera de loin, ça se fera dans les derniers kilomètres. Attaquer, ce n’est pas facile surtout qu’aujourd’hui, Froome qui descendait mal est devenu un des meilleurs descendeurs du monde. » Poupou a un favori : « Bardet a ses chances et est plein de promesses. » Même si les AG2R seront à domicile – le Français a ainsi reconnu la montée à plusieurs reprises – cela suffira-t-il pour prendre l’avantage sur un Froome grandissime favori ? « Sur la Planche des Belles Filles, Froome n’a eu besoin que d’un kilomètre et demi pour jauger et distancer beaucoup de ses adversaires. Il va être difficile à battre ! » s’exclame Poulidor.
« Sur la Planche des Belles Filles, Froome n’a eu besoin que d’un kilomètre et demi pour jauger et distancer beaucoup de ses adversaires. Il va être difficile à battre ! »
Chose certaine, le Mont du Chat sera l’un des tournants de ce Tour. Et si l’étape est effrayante, Rigoberto Uran ne se fait pas une montagne du Chat. « Avoir peur ? Pas du tout ! ». Le Colombien n’est pas inconscient, mais il préfère relativiser : « Ce sera difficile pour tout le monde, c’est tout. » Onzième du général, Uran sait qu’il ne devra pas se faire croquer… par le Chat.
Mais pourquoi une étape aussi difficile ? Ca ne sert à rien, c’est du combat de gladiateurs.
Le Grand Colombier et le Mont du Chat suffisaient amplement. Cela aurait pu éviter des éliminations prévisibles et des chutes probablement dues en bonne parti à l’épuisement.
“en bonne partie”, scusez moi.
c’est sur je verrai bien 21 etapes style champs-elysée, au moins pas de chute dans les descentes, pas de hors -delai, pas de defaillance qui nous gache le plaisir, et au moins on n’aurai pas de combat, cd serai quand meme bien mieux