Après l’édition précédente tronquée par les mauvaises conditions climatiques, les organisateurs du Tour de Catalogne avaient sûrement en tête d’offrir au public un spectacle extrême en guise de pardon. C’est chose faite avec cette sélection minutieuse de cols et côtes de première main qui jalonneront le parcours de cette 93e édition. Les grimpeurs se bousculent au portillon, tous espèrent succéder à Michel Albasini, dernier vainqueur de l’épreuve, qui depuis qu’elle a été repositionnée en mars, attire aussi bien les coureurs de Grands Tours que les spécialistes des classiques. Le Suisse avait par ailleurs terminé 2e de la Flèche Wallonne dans la foulée de son succès catalan. Et l’année précédente, c’est Alberto Contador qui avait profité de l’expérience acquise sur ces mêmes routes pour survoler deux mois plus tard le Giro.

– Les Favoris

***** Joaquin Rodriguez : Le parcours semble avoir été tracé pour lui. Aucun contre-la-montre au programme, deux arrivées en haute-montagne, dont une au sommet d’un col hors-catégorie, mais aussi et surtout une flopée d’étapes destinées aux purs puncheurs. Purito a toutes les chances de se balader sur son tour régional, lui, le natif de Barcelone. Solidement entouré par la meilleure équipe Katusha qu’il soit possible d’aligner : Losada, Moreno, Menchov, Caruso, Trofimov et Spilak, c’est en confiance que le vainqueur de 2010 aborde ce qui lui servira de répétition générale avant les classiques ardennaises sur lesquelles il fera figure de co-favori avec Gilbert.

**** Rigoberto Uran : Comme Rodriguez, le Colombien aime ce genre de tracé parsemé de difficultés qui lui rappellent les cols de son pays natal. Mauvais en récupération, Uran a pris l’habitude de se distinguer sur ces courses d’une semaine exigeantes qu’il affectionne particulièrement. Le Tour de Catalogne ne fait pas exception, puisqu’il est rentré dans les 5 premiers des deux dernières éditions. Épaulé par un Wiggins encore en manque de sensations, Uran, l’homme qui progresse à grands pas, est un élément de valeur qui pourrait entretenir la série fantastique de Sky en 2013 sur les courses par étapes.

**** Christopher Horner : Le quadragénaire le plus en forme du peloton ne prend plus une ride. Mieux, il rajeunit. Tant qu’il disposera de cet élixir de longue vie qui le maintient en forme au plus haut niveau à un âge où certains coulent déjà une retraite paisible, Horner continuera de botter le derrière des jeunots prétentieux qui pensent pouvoir se défaire facilement de ce « papy » bien encombrant. Encore 6e de Tirreno-Adriatico, le natif d’Okinawa au Japon est, avec Cancellara, le seul coureur de la Radioshack capable de sauver les apparences d’une saison cauchemardesque pour la formation américaine. Grand amateur des classiques ardennaises, mais aussi des Tours de Catalogne, du Pays-Basque et de Californie, Horner est un Phénix qui renaît au printemps.

– Les Outsiders

**** Alejandro Valverde & Nairo Quintana: Difficile de savoir lequel des deux occupera le rôle de leader de la Movistar sur les routes catalanes. Il est probable que le jeune et l’ancien cohabitent et forment un tout encore plus puissant qu’il sera difficile de distancer lors des ascensions montagneuses. Dans la plus pure tradition des grimpeurs colombiens, Quintana est prodigieux lorsque la route s’élève. La 4e étape, arrivant au sommet du Port Ainé (18,9 km à 6,5%) lui est déjà promise. Quant à Valverde, il a retenu son erreur de la saison passée en montant en puissance bien plus progressivement, pour arriver en forme au meilleur moment : celui de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège, deux classiques qu’il a déjà remporté et qu’il rêve de reconquérir à nouveau.

*** Jürgen Van den Broeck : Parti se préparer à Tenerife aux Canaries, le leader belge de la Lotto semble fin prêt pour aborder le trident Catalogne-Pays-Basque-Romandie décisif dans son optique de préparation du Tour de France. Cet objectif lointain l’accapare, lui le 4e des éditions 2010 et 2012 de la Grande Boucle, mais n’occulte pas le besoin de points immédiat de l’équipe Lotto. Les sprints victorieux de Greipel rapportent malheureusement bien peu au classement World Tour et la 17e place occupée actuellement placent l’équipe dans une situation d’urgence que “VDB” devra calmer.

*** Michele Scarponi : On n’en sait toujours pas plus sur le choix de Scarponi de se concentrer sur le Giro, le Tour, ou bien les deux. Mais une chose est certaine, sa forme actuelle, loin d’être optimale, est au moins correcte : sans une crevaison survenue au plus mauvais moment possible, Scarponi rentrait dans les 8 premiers de Paris-Nice. Son niveau devrait logiquement monter crescendo au fil des semaines. Le Tour de Catalogne et son relief accidenté sont idéaux pour un coureur dans cette situation.

*** Ryder Hesjedal : Tenant du titre sur le Giro, Ryder Hesjedal n’a pas fait beaucoup de bruit depuis le début de l’année avançant tranquillement, dans l’ombre même. Cette semaine, il aura l’occasion de se tester face à certains coureurs qu’il retrouvera plus tard, en Italie. Révélé en 2004 par une 4e place sur ce même Tour de Catalogne, Hesjedal a mis du temps avant de confirmer les espoirs placés en lui. Mais il n’a jamais perdu l’habitude de revenir là où tout avait commencé. Sans faire de vagues, il saura s’infiltrer au sein des dix premiers.

– A ne pas sous-estimer

** Mikel Nieve : Coureur régulier, Nieve s’est imposé comme une véritable alternative à son leader supposé Igor Anton, branché sur courant alternatif. Habitué des places de 10e sur les Grands Tours, il jouera encore une fois le général pour une équipe Euskaltel en pleine transition et qui n’a pas cru bon d’emmener Samuel Sanchez avec elle sur un tour pourtant à sa portée.

** Thibaut Pinot : Grand espoir français, Pinot a prouvé sur le dernier Tour de France qu’il était capable d’accompagner les meilleurs grimpeurs du peloton en haute montagne. Seul bémol, son manque d’expérience au niveau World Tour qui devrait l’handicaper dans l’option du classement général. Mais le Franc-Comtois est un élève qui apprend vite et progresse à une vitesse fulgurante. A chaque nouvelle course, c’est une nouvelle marche vers les sommets que franchit Thibaut Pinot.

* Robert Gesink : Très, très décevant sur Paris-Nice, Robert Gesink semble atteint du syndrome Andy Schleck du coureur tétanisé par les descentes. Il est donc plus que probable de le voir minimiser ses risques de chute en ne se livrant pas à fond sur une course qui ne fait de toute façon pas partie de ses objectifs. Kruijswijk ou Ten Dam prendront le relais si Gesink venait à être distancé rapidement.

* David Arroyo : Leader absolu de Caja-Rural, David Arroyo n’est plus un grimpeur de très haut niveau. Mais pour l’équipe espagnole, les Wild-Cards sont rares, et Arroyo s’est certainement préparé spécifiquement pour cette épreuve qui constituera l’un des trois points culminants de sa saison, avec le Tour du Pays-Basque et la Vuelta.

* Daniel Navarro : Ancien équipier modèle de Contador, Navarro peut enfin jouir d’un statut de leader au sein de la Cofidis. Déjà vainqueur du Tour de Murcie, il s’est aussi montré à son avantage sur les routes de Paris-Nice. A confirmer en Catalogne, course qu’il connait bien pour y avoir terminé 5e en 2008.

Louis Rivas


 

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