Tom Dumoulin a gagné la bataille du chrono, et tout le monde s’y attendait. Mais il est loin d’avoir gagné la guerre. Fabio Aru, héroïque, a sauvé les meubles. L’Italien ne pointe qu’à trois secondes du nouveau leader néerlandais, et se trouve plus que jamais en position de remporter cette Vuelta.

Loin derrière, Aru peut jubiler

Le leader de l’équipe Giant-Alpecin n’a pas fait dans le détail sur ce fameux contre-la-montre de Burgos. En un peu plus de 38 kilomètres, il a collé plus d’une minute à son dauphin du jour, Maciej Bodnar. Un écart invraisemblable, alors que derrière, du deuxième au dixième, tout le monde se tient en seulement 36 secondes… Cette performance aurait pu suffire au natif de Maastricht pour remporter le Tour d’Espagne. Rafal Majka, troisième du général, a concédé 2’38, et surtout Joaquim Rodriguez, maillot rouge au départ, est resté collé à la route, pointant à plus de trois minutes à l’arrivée. Mais il en restait un : Fabio Aru. Pas vraiment réputé meilleur rouleur que l’Espagnol et le Polonais, il a été capable de se surpasser pour finalement faire bien mieux que ce que l’on osait espérer. Alors qu’il comptait 1’50 d’avance sur le Néerlandais sur la rampe de départ, il n’a lâché « que » 1’53, et reste donc à seulement trois secondes au classement général.

« C’est très bien, il me reste quatre journées très difficiles pour récupérer ces quelques secondes », a lâché l’Italien à l’arrivée, pressé d’aller se reposer. On a du mal à savoir si lui-même espérait faire aussi bien, mais le voilà dans une position presque plus avantageuse qu’avant l’exercice solitaire. Avant d’ultimes étapes où il sera très compliqué de faire de gros écarts, tout pourrait se jouer aux bonifications : et à ce jeu-là, mieux vaut batailler contre Dumoulin que contre Rodriguez. Plus que jamais, le Sarde de 25 ans, venu dans l’ombre de Vincenzo Nibali et propulsé leader unique de l’équipe Astana, est en passe de remporter son premier grand tour. Un pronostic partagé par beaucoup mais largement paradoxal puisque le plus dur du parcours est passé, qu’Aru n’a pas le maillot rouge et qu’il a même perdu du temps sur la tête de course aujourd’hui.

Dumoulin, vainqueur et futur vaincu ?

« Définitivement, la Vuelta n’est pas finie. L’équipe Astana va faire tout son possible pour me reprendre ce maillot rouge. » A l’arrivée du contre-la-montre de Burgos, Dumoulin était lucide. Sans doute n’imaginait-il pas être aussi dominateur, mais il comptait incontestablement reprendre plus de temps à Fabio Aru. Sur des pentes sérieuses, il le sait, le Néerlandais aura du mal. Et s’il avait devancé les grimpeurs à la Cumbre del Sol à une époque où on ne l’imaginait absolument pas jouer le général, il ne peut plus compter sur l’effet de surprise. Dans les prochains jours, les Astana s’attèleront sans doute à reléguer Dumoulin en queue de groupe, sans forcément chercher à le faire craquer irrémédiablement. Il suffira en effet à Aru de finir dans les trois premiers d’une étape avant l’arrivée madrilène pour reprendre le maillot rouge de leader. Un défi largement à la portée de l’Italien, qui en perdant 1’53 à Burgos ce mercredi, a gagné le droit d’aller cueillir sa première victoire finale sur trois semaines.

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