IMPASSE CANCI
Après une édition 2012 non terminée, le Suisse Fabian Cancellara a renoncé en totalité au Tour 2013 – Photo Radioshack

Voir un coureur de la trempe de Fabian Cancellara renoncer au Tour de France n’est pas un fait anodin. Justifiant ce choix par son désir de préserver au maximum ses chances de remporter un hypothétique championnat du monde sur route à Florence en septembre, le Suisse a surpris. Octuple vainqueur d’étape, porteur pendant 28 jours du maillot jaune, Spartacus est une légende de l’épreuve. Présent au départ de la course sans discontinuer depuis 2007, il fera donc l’impasse cette année. Que se cache t-il derrière cette décision ? L’Helvète est-il poussé par la direction de Radioshack à renoncer ? Craint-il la domination de Tony Martin et Christopher Froome dans sa discipline de prédilection ? Ou serait-il tout simplement lassé de servir d’équipier de luxe à un Andy Schleck qu’il ne juge pas digne de lui servir de leader ?

Remplacer le Tour par un enchaînement Autriche-Pologne   

Sa déclaration au Het Nieuwsblad interloque : « Le Tour m’a offert de belles choses mais je me suis fixé d’autres objectifs comme les championnats du monde de Florence. Je ne courrai pas le Tour de France mais bien les Tours d’Autriche, de Pologne et d’Espagne afin de préparer les Mondiaux. » Quadruple champion du monde de l’effort chronométré, Cancellara avait pour habitude d’abandonner le Tour d’Espagne au cours de la deuxième semaine, comme le font de nombreux coureurs : un schéma qui lui a plutôt bien réussi et qu’il devrait donc reconduire cette année. Rappelons qu’en 2009, Spartacus avait enchaîné Tour-Vuelta à un très haut niveau avant de se montrer à son avantage sur les Mondiaux de Mendrisio, avec une prometteuse 5e place sur la course en ligne. Cette fois-ci, pas de Grande Boucle, mais bien un tandem Autriche-Pologne totalement inédit…

Auteur d’une campagne de classique couronnée de succès sur les flandriennes, Cancellara a puisé dans ses réserves au cours du printemps. Le coureur ne rajeunit pas, et afin d’optimiser ses chances de réaliser une bonne fin de saison, il souhaite certainement s’éloigner de la pression et de l’environnement pesant du Tour de France pour tourner les jambes tranquillement en Europe Centrale, loin de la lumière des projecteurs. Les circonstances exceptionnelles entourant une équipe Radioshack fragilisée par les événements précédents ont de bonnes raisons d’inquiéter un garçon dont la réputation n’a jusque là jamais été entachée.

De réelles chances de se parer d’arc-en-ciel ?

Le championnat du monde de Florence sera difficile, très exigeant. Absent l’année passée aux Pays-Bas, sur un parcours pourtant à sa convenance, Cancellara devra démontrer qu’il est capable de retrouver un niveau suffisamment élevée sur les vallons pour espérer s’imposer. Le directeur du comité d’organisation décrit d’ailleurs le parcours comme « le plus exigeant depuis de nombreuses années ». Excellant d’avantage sur les terrains avec relativement peu de relief, le Suisse surestime peut-être ses capacités à résister aux accélérations des puncheurs. Car si de gros groupes volumineux de 40 à 50 coureurs avaient eu l’occasion de s’accrocher jusqu’à la ligne d’arrivée sur les tracés de Melbourne et de Copenhague, il n’en sera pas de même cette année.

Au cours de sa carrière, Canci a déjà démontré qu’il était loin d’être ridicule lorsque la route s’élève, cependant, ses dernières performances de marque datent de l’époque Saxo-Bank, où il imprimait de gros rythmes dans des cols comme le Tourmalet – sur la Grande Boucle 2008 – ou suivait les meilleurs dans l’ascension vers Crans Montana – sur le Tour de Suisse 2009. Délaissant petit à petit le contre-la-montre, le Bernois affirme son désir de briller sur des classiques avec du dénivelé, et si un léger changement de cap prend généralement du temps, pour un tel champion, rien ne semble impossible. De quoi, peut-être, réaliser l’un de ses rêves dans les années à venir : remporter Liège-Bastogne-Liège…

Louis Rivas


 

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