Une semaine après la fin du Tour, comme chaque année, la Clasica San Sebastian amène le gros du peloton dans le Pays-Basque. Alors que certains coureurs décident de se reposer en vue de l’épreuve olympique, la formation BMC a rallié l’Espagne avec ses meilleurs coureurs, tous en pleine bourre. Un beau casse-tête à venir.
Des leaders, en veux-tu en voilà
Yvon Ledanois, le directeur sportif, n’a pas fait dans la dentelle. Dans ses bagages pour San Sebastian, plusieurs coureurs de renom qui pourraient postuler à un rôle de leader unique à peu près partout ailleurs dans le World Tour. Il y a d’abord les deux satisfactions du dernier Tour de France, Richie Porte et Greg Van Avermaet. L’Australien sort de son meilleur mois de juillet, avec une solide cinquième place en prime. Mais surtout, il a été performant tout au long de l’épreuve, étant le seul à pouvoir suivre par intermittence Christopher Froome. De son côté, le Belge a lui remporté une victoire pleine de panache, lors d’une étape de moyenne montagne, avant de porter le maillot jaune durant trois jours et d’animer de nombreuses étapes en partant à l’avant de la course. Même s’ils ont trois semaines de course dans les pattes, ces deux-là sont donc sur une très bonne dynamique.
Bien loin de l’animation de la Grande Boucle, Philippe Gilbert, lui, a continué son petit bonhomme de chemin et son retour au premier plan ces dernières semaines. Après un très bon mois de juin, ponctué d’un titre de champion de Belgique et quelques succès sur le Tour du Luxembourg, il a poursuivi sa préparation pour les JO avec une solide performance au Tour de Pologne. Idem pour son compatriote Ben Hermans, qu’il faut ajouter à cette armada, et Samuel Sanchez, le Basque d’adoption, qui a toujours à cœur de briller sur la Clasica. Sur le papier, il y a donc largement de quoi s’offrir une victoire grâce à la force du nombre. Mais dans les faits, tout sera sans doute un peu plus compliqué, samedi après-midi. Parce que l’équipe BMC a la fâcheuse tendance à s’auto-annihiler lorsque elle mise sur plusieurs leaders.
Un passif compliqué
Dans son histoire récente, la formation de Jim Ochowicz a trop souvent connu de genre de mésaventure. En 2012, il y avait eu l’échec de la « Dream Team », où les arrivées de Thor Hushovd et Philippe Gilbert devaient permettre d’accompagner Cadel Evans et Alessandro Ballan. Résultat, un flop complet dont l’équipe a mis du temps à se remettre. Ont suivi les nombreuses tensions entre les deux leaders belges, Gilbert et Van Avermaet. D’abord dans l’ombre du champion du monde, le Flamand a mangé son pain noir pendant des années avant de reprendre petit à petit le flambeau sur les classiques. Mais cet hiver encore, Gilbert a fait état de sa frustration de ne pas pouvoir participer aux classiques flandriennes, et surtout au Tour des Flandres. Enfin, exemple supplémentaire s’il en fallait un, la stratégie d’équipe est presque inexistante chaque année sur Milan-Sanremo, une épreuve que Gilbert comme Van Avermaet paraissent pourtant largement en mesure de remporter. Mais chez BMC, c’est un problème récurrent. Sur le Tour, cette année, les directeurs sportifs n’ont une nouvelle fois pas su trancher au bon moment, et ça leur a peut-être coûté une place sur le podium. Il a en effet fallu attendre l’habituelle défaillance de Tejay Van Garderen pour que Richie Porte soit enfin désigné leader unique. Un peu tard…
Pourtant, lors de son arrivée en 2013, Allan Peiper, directeur de la performance au sein de l’équipe américaine, déclarait que c’en était terminé de la compilation de leader. Même si depuis, il y a eu énormément de progrès notamment pour le cas des classiques printanières, cette formation pour la Clasica San Sebastian a un petit air de déjà-vu. Gilbert, qui partira en fin d’année, saura-t-il se sacrifier pour le bien du groupe ? Et vice versa, peut-il encore compter sur ses coéquipiers ? Greg Van Avermaet, revanchard depuis l’an passé – où une moto l’avait empêché d’aller gagner en le reversant dans le fossé -, ne semble plus pouvoir se contenter d’un rôle de lieutenant ou même de deuxième leader. La situation est plus ou moins similaire pour Porte, qui n’a pas quitté l’équipe Sky pour devenir un équipier de luxe. Forcément, au sein de ce trio de leaders, il y aura donc des déçus. Deux, au moins, qui devront bosser pour un autre. Et peut-être trois, si, comme trop souvent, l’équipe BMC ne prend pas de décision et tente de jouer sur les trois tableaux…
Nos favoris
***** Greg Van Avermaet, Alejandro Valverde
**** Dan Martin, Joaquim Rodriguez
*** Richie Porte, Adam Yates, Philippe Gilbert
** Warren Barguil, Jarlinson Pantano, Michal Kwiatkowski
* Mikel Nieve, Rui Costa, Roman Kreuziger, Tim Wellens
Bon article, mais on peut ajouter que c’est sans doute le handicap initial de Porte (1’45 sur crevaison) ainsi que le fameux épisode du Ventoux (reclassé dans le temps de Froome et Mollema alors qu’ils auraient sans doute creusé…) qui ont empêché BMC de trancher plus tôt : Porte fait un chrono moyen (pour lui) en Ardèche ensuite et est toujours derrière TVG au général (à 1’08”) délicat politiquement de lâcher l’un des deux… Ensuite il le dépasse au général lors de l’étape du Grand Colombier où Van Garderen lâche 1’30, mais même problème, ils sont 7 et 8ème à 20″ d’écart… Après l’explosion “classique” de lendemain de jour de repos à Emosson du pauvre Tejay, tout est plus clair… Mais je ne vois pas comment BMC aurait pu trancher en faveur de l’un des deux avant sans prendre un énorme risque, et en quoi surtout le “sacrifice” de l’un pour l’autre aurait pu l’aider mieux performer, on a bien vu chez Movistar et Astana que dans cette configuration de course étouffée par les Sky, même les grosses équipes n’arrivaient pas à utiliser leurs lieutenants pour secouer le cocotier… Avoir deux leaders, c’est jouer une forme de sécurité, surtout avec… Lire la suite »