Pour sa quatrième édition, le week-end des classiques canadiennes a encore frappé fort avec son plateau de renommée mondiale. Ceux qui ont décidé de faire une croix sur une Vuelta extrêmement difficile se sont donnés comme terrain d’affrontement les rues escarpées des deux cités d’Outre-Atlantique, Québec et Montréal, pour un bilan une nouvelle fois satisfaisant, et riche en enseignement.

L’arc-en-ciel de demain y était peut-être

Peter Sagan, Greg Van Avermaet, Ryder Hesjedal, Rui Alberto Costa, Alberto Contador, Robert Gesink, Cadel Evans, Chris Froome, Michael Albasini… Tant de candidats plus ou moins crédibles au titre de champion du monde sur route à Florence le 29 septembre prochain qui étaient présents au Canada ! Ces classiques exotiques ont la côte et se voient auréolées d’une certaine hausse de popularité dans l’échiquier mondial. La nouvelle préparation idéale pour l’épreuve d’une année ? Le temps nous le dira, mais il est clair et net que la Vuelta ne fait plus l’unanimité aux yeux des observateurs. Vaut-il mieux privilégier vingt-et-unes étapes se finissant une fois sur deux lors d’un mur abrupt et pas forcément adapté aux caractéristiques des Mondiaux, où il est difficile de se mettre en évidence à moins de jouer les premiers rôles ? Ne serait-ce pas plus bénéfique de se rendre du côté du Canada, où la mise en valeur est facilitée par une course en circuit propice aux offensives ?

C’est l’équation de la préparation aux championnats du monde, et la question se pose chaque année. Mais c’est aujourd’hui encore plus d’actualité à la vue des classements finaux de ces classiques. Malgré une démonstration du cannibale Sagan à Montréal, une flopée d’outsiders et de prétendants indirects au titre arc-en-ciel ont répondu présents. Ainsi, on a pu voir les volontés ambitieuses d’un certain Robert Gesink, survolant le dernier kilomètre de la côte de la Mortagne, ou de Greg Van Avermaet, qui pourrait bien voir la malchance le quitter au meilleur des moments… Bref, si les résultats ne sont pas encore significatifs, ils peuvent déjà compter dans la balance par rapport à une partie du peloton sortant exténuée d’une Vuelta sans répit. Une force ? Pas impossible…

Encore dix jours pour se cacher

A force d’en entendre parler, on pourrait croire que l’épreuve reine des Mondiaux, c’est demain. Mais il reste encore dix jours de préparation avant le dimanche clé. Et cette semaine et demi aura son importance. On dit souvent qu’il ne faut pas être en forme trop tôt, et certains se demandent si Sagan ne le serait pas… Lui qui a survolé toutes les courses auxquelles il a participé depuis le mois d’août lors du circuit américain n’en ferait-il pas trop, bien qu’il ait admis n’être pas encore à 100% ? Le doute est permis, d’autant plus que comme en témoigne la tactique de course adoptée du côté du Canada, l’irrésistible tentation de trop en faire pourrait bien continuer à se poser comme son péché fatal. Trop incisif à Québec, il fut dépassé lorsque l’intensité de la bagarre fut à son comble dans les derniers mètres. Heureusement, il s’est rattrapé à Montréal, en se donnant toujours autant, mais cette fois en gagnant.

Mais le scénario du Québec restera dans l’esprit de certain. Car on l’a vu, à force de trop en faire, le sort se retourne contre vous et une pancarte peut se coller à votre maillot. Il faut alors compter sur les outsiders pour tirer les marrons du feu. Gesink est là pour confirmer la thèse. Il est le symbole parfait du coureur qui a parfaitement jugé le moment opportun pour placer son démarrage final. Solidement emmené par ses coéquipiers Slagter et Martens, l’éternel espoir a conclu le travail et s’est rappelé aux bons souvenirs de ses supporters et des observateurs aguerris. De là à le propulser en haut des têtes d’affiche florentines ? Probablement que non, car sur une course d’un jour, tout peut arriver, et les favoris du départ ne sont pas toujours à l’arrivée. D’où la complexité d’analyse de ces classiques, alléchantes et pleines de suspense, qui nous mettent en appétit avant les Mondiaux.

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