Quatorzième du Tour en 2011 avec la FDJ, Arnold Jeannesson vivait depuis dans l’ombre de son leader Thibaut Pinot. En passant chez Cofidis cet hiver, celui qui a décidé de faire l’impasse sur les épreuves de cyclo-cross à l’intersaison s’est offert un nouveau départ. Une nouvelle étape, à 30 ans, pour tenter de retrouver la lumière qu’il avait entraperçu il y a quelques années.

Un épisode qui change tout

Les cicatrices sont encore là, les doutes, eux, ont progressivement disparu. Nous sommes le dimanche 3 mai 2015. Alors qu’il participe à un stage dans les Pyrénées et que nombre de ses coéquipiers sont malades ou blessés, Arnold Jeannesson est appelé à la rescousse pour disputer le Grand Prix de la Somme. Ce qui ne devait être qu’une course comme les autres tournera finalement au cauchemar. A cinquante kilomètres de l’arrivée, un coureur de l’équipe Cofidis embarque la roue avant de Jeannesson et l’entraîne dans une lourde chute. Le Vendéen tombe la tête la première sur le sol et derrière lui, plusieurs coureurs ne parviennent pas à l’éviter. Les blessures sont importantes : sept points de suture autour de la bouche, une dent cassée et des contusions aux mains et aux genoux. Mais plus que physiquement, Arnold Jeannesson est touché mentalement. Il doit faire une croix sur le Giro, objectif de sa saison, et se pose des questions sur son avenir dans le cyclisme. Est-ce vraiment raisonnable de continuer à courir ? Il participe au Dauphiné au mois de juin, sans vraiment y être. Il est remonté sur un vélo, mais n’est pas sûr de lui. La réflexion est longue, et dans le doute, il décide même de ne pas faire le Tour. Il faut attendre plusieurs mois pour qu’il soit enfin sûr de lui : il va se reprendre, et effacer ce qui n’est aujourd’hui plus qu’un mauvais souvenir. Tout en sachant que cet épisode le changera pour la suite de sa carrière.

Passé pro en 2008 sous les couleurs d’Auber 93, le Parisien de naissance brille sur le Tour de l’Avenir et découvre le World Tour à l’étranger, chez Caisse d’Epargne. Il y dispute ses premiers grands tours comme équipier de David Arroyo, avant de retrouver la France en 2011, avec la FDJ. Sous la direction de Marc Madiot, il affiche d’abord de belles promesses lors de sa première participation au Tour de France (14e à plus de 21 minutes de Cadel Evans) et lors du début de saison 2012 (5ème du Tour d’Oman et 6ème de Paris-Nice). Mais à cause de problèmes physiques récurrents et face à la montée en puissance de Thibaut Pinot, il s’efface petit à petit. Il n’est alors leader qu’à de rares exceptions, et doit mettre de côté ses ambitions personnelles. Jusqu’à la saison dernière, celle de trop pour le récent trentenaire. Celle qui l’a poussé à prendre un nouveau départ et à relever un nouveau challenge.

Le besoin de voir autre chose

Passé chez Cofidis durant l’intersaison, cet amateur de cyclo-cross – deux fois sur le podium des Championnats de France – justifie sa décision par « un besoin de changer d’air » : « Chez Marc Madiot, j’avais fini par m’endormir un peu. J’ai trente ans maintenant, je ne veux pas passer à côté de certaines choses, comme regagner une course par exemple. » Son unique succès, il l’a en effet décroché en 2008, sur le Tour de l’Avenir. Pas tout à fait chez les pros, donc. Mais sur le dernier Paris-Nice, Jeannesson a prouvé qu’il n’était pas encore bon à jeter. Onzième, il a fait étalage des qualités qu’on lui connaît : celles dont il aura besoin pour briller lors des prochaines échéances. Après le Tour du Pays-Basque et le Dauphiné, le point d’orgue de sa saison sera bien entendu le Tour de France. Mais avant, il y a le Critérium International, ce week-end. La dernière fois qu’il y est allé, c’était en 2011, année de ses meilleurs résultats. “J’ai longtemps été dans l’ombre, je passe aujourd’hui dans la lumière”, assurait-il il y a quelques mois. Le bout du tunnel est peut-être tout proche.

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