En s’imposant sur la 19e étape du Tour d’Espagne, Alexis Gougeard, 22 ans, a permis à son équipe de ne pas repartir bredouille du dernier grand tour de l’année. Mais surtout, pour sa première participation à une épreuve de trois semaines, le Normand a encore plus brouillé les pistes quant à son profil. Baroudeur, rouleur, flandrien, puncheur, Gougeard est un peu tout à la fois.
« Il peut faire comme Tom Dumoulin »
Avant tout, Alexis Gougeard est un gros moteur. Un gars capable d’enchaîner les kilomètres à une allure folle, sans avoir besoin de se retourner. En 2011, il fut d’ailleurs sacré champion de France junior du contre-la-montre, puis médaillé d’argent aux championnats d’Europe. Mais l’exercice solitaire a rapidement lassé le Rouennais, bien plus attiré par les classiques. « Son profil est difficile à définir, nous concède Stéphane Goubert, directeur sportif chez AG2R. Mais Alexis est surtout fait pour les courses d’un jour. » Toujours chez les juniors, il terminera deuxième de Paris-Roubaix, avant de monter l’année suivante sur la deuxième marche du podium des championnats de France espoirs. A force de briller, forcément, il décroche ses premiers contrats. Stagiaire chez Véranda Rideau, puis chez AG2R La Mondiale à la disparition de l’équipe belge. Là, son staff se rend compte qu’il détient une pépite, capable de briller sur tous les terrains.
« Quand je vois ce que fait un coureur comme Tom Dumoulin sur la Vuelta actuellement, je me dis qu’Alexis pourrait en faire autant, s’enthousiasme même Stéphane Goubert. Alors après, peut-être pas jouer la gagne sur trois semaines, mais sur une, oui. Je le pense capable de se battre avec les meilleurs. » Pourtant, cette saison, c’est encore sur les classiques que Gougeard a brillé. Sur Paris-Roubaix, on l’a vu à l’attaque, résistant jusqu’à seulement 26 kilomètres de l’arrivée. C’était après avoir remporté la Classic Loire Atlantique, pour la deuxième année consécutive, et avant de s’imposer sur une étape des Quatre jours de Dunkerque. Un joli tableau de chasse pour un garçon seulement âgé de 22 ans, qui allie résistance et récupération. « Ce sont des qualités innées. Ca ne se travaille pas vraiment, même si avec l’âge on peut légèrement s’améliorer. Regardez Richie Porte, il est excellent sur une semaine, mais craque sur les grands tours. Alexis, lui, a cette chance de très bien récupérer », analyse Goubert. Ses qualités de récupération, le garçon les a mise à contribution sur cette Vuelta, en attendant la 19e étape pour s’imposer en costaud ! Avant, il avait pourtant tenté de se glisser dans les échappées. « Ca m’énervait, sourit Goubert. Je le savais capable d’en claquer une, mais je savais aussi que s’il gagnait, ce serait dans la deuxième partie de course, pas en première semaine. »
« Il n’a pas peur de perdre »
Gougeard n’est cependant pas qu’un gros moteur, il sait aussi la jouer tactique, comme sur les Quatre jours de Dunkerque en mai dernier. « Il est très fin, lâche son directeur sportif. Sur cette course, il avait attaqué pour voir qui était le maillon faible du groupe de trois (il était avec Antomarchi et Ramirez, ndlr), puis il s’était concentré uniquement sur le maillon fort. De l’extérieur, on a l’impression qu’il peut faire des erreurs tactiques, mais non, pas du tout. » A la clé, une nouvelle victoire, aussi surprenante qu’enthousiasmante pour l’un des grands espoirs du cyclisme tricolore. « Alexis le sait, il n’y a qu’en usant ses adversaires qu’il peut gagner, ajoute Goubert. Il ne restera jamais dans une échappée sans rien faire, à attendre le sprint. Il n’a pas peur de perdre, il a compris qu’il fallait parfois prendre des risques pour gagner. » Un état d’esprit offensif, qui lui permet de lever les bras régulièrement.
Mais surtout, le garçon est pour le moment très bien accompagné par son équipe, AG2R, qui fait tout pour le protéger et ne pas lui brûler les ailes. Il y a quelques années, pourtant, tout aurait pu être différent. « On l’aurait peut-être aligné sur le Tour de France, parce que c’est un coureur qui attaque beaucoup et qui est bon pour l’image de nos sponsors, concède Stéphane Goubert. Mais aujourd’hui, on a une équipe qui nous permet de pouvoir protéger nos jeunes. On n’a pas eu besoin de le mettre sur le Tour, et il n’y sera peut-être pas non plus l’an prochain. » Ce n’est de toute façon pas vraiment sur la Grande Boucle qu’on l’attend. En revanche, au sein de la formation savoyarde, on envisage en 2016 de le faire participer au Tour de Catalogne avec certaines ambitions. Qui sait, ce sera peut-être le début d’une nouvelle découverte : les qualités d’Alexis Gougeard en montagne.
Pitié Monsieur Watt, arrêtez avec vos “le natif de” dans chacun de vos articles je n’en peux plus.
@James : Je ne m’en rendais pas compte mais c’est vrai que l’expression revient un peu trop souvent, j’y veillerai pour les prochains articles !
Ah!! Le célèbre moteur !! En plus un gros.. avec toutes les rumeurs, bannissez certes expression. . Certains ne connaissent pas le figuré. .
Bon article.. S’il en a envie il peut imiter Dumoulin et tous les rouleurs qui ont eu envie de GT.. c’est plus facile qu’un rouleur passe la montagne que l’inverse
Ah cette tablette qui n’en fait qu’à sa tête. . Cette devenue certes