Il y a deux ans, sur le Tour, il avait marqué les esprits en décrochant deux étapes. Il avait alors joué des coudes avec Kittel et Greipel, maîtres du sprint en l’absence de Cavendish. Mais cette saison, Alexander Kristoff a du mal. Son printemps a été compliqué, sa préparation au Tour pas aussi prolifique que prévue. Et pour l’instant, les signes d’amélioration sont timides.

Descendu de son piédestal

Il y a comme une impression de contre coup. Après deux saisons fantastiques, où il s’est révélé être l’un des meilleurs routiers du peloton en remportant Milan-Sanremo, deux étapes de la Grande Boucle et le Tour des Flandres, Kristoff avait peut-être besoin de souffler. Sur la Primavera et le Ronde, cette saison, il n’a pas été ridicule – 6e et 4e : mais trop loin des attentes, et surtout incapable de peser sur les évènements. Le Scandinave n’aura été qu’un patron éphémère des classiques. Mais surtout, même dans les sprints, son domaine de prédilection, il semble avoir perdu en efficacité. En 2016, il n’a toujours pas levé les bras en World Tour. Ces trois dernières années chez Katusha, où il avait le Tour de France comme objectif de l’été, il n’avait jamais connu un tel bilan. De quoi faire naître les prémices d’une inquiétude. L’enfant de Stavanger, à l’Ouest de la Norvège, est dans la force de l’âge. Ce n’est pas le moment de baisser de régime.

Au printemps, le garçon n’a pas été épargné par la maladie, devant par exemple faire une croix sur Gand-Wevelgem. Mais ça ne suffit pas à expliquer ses « seulement » huit victoires de la saison, quand il y a un an, il en comptait déjà dix-huit. L’un des hommes les plus prolifiques du peloton est redescendu d’un cran. Alors pour titiller Cavendish, Kittel et Greipel sur les routes du Tour, ça ne suffit pas, même si le principal intéressé ne veut pas dramatiser. « Il ne faut pas que je me mette trop de pression. Ca n’aidera pas, a-t-il assuré à Cyclingnews. Surtout que peu de gars ont déjà gagné, ça ne concerne pas que moi. » Le Norvégien n’est pas non plus aidé par la chute de Michael Morkov sur la première étape : le Danois devait faire partie de son train, et il se bat désormais pour simplement franchir la ligne d’arrivée. Alors Kristoff prend son mal en patience. Au bout de trois sprints, il n’a pu que regarder ses rivaux lever les bras.

Timide progression

Il peut se rassurer en se rappelant qu’en 2014, c’est en deuxième semaine qu’il était allé chercher ses succès. Sur les premières étapes, il avait aussi été spectateur du show allemand proposé par Kittel et Greipel. Et puis il y a du mieux, malgré tout. A Utah Beach et à Angers, le leader de l’équipe russe n’avait pas vraiment été dans le coup pour la victoire alors qu’à Limoges, mardi, il a pu observer de près le coude à coude entre Kittel et Coquard, se classant au pied du podium. Reste à franchir cette dernière marche. En état de grâce, même sur un sprint totalement plat, il peut prendre le meilleur sur les références de la discipline. Mais il lui faudra justement réunir toutes ces conditions et être au top. « Je me rapproche et je me suis montré à moi-même que je peux aller gagner une étape si tout se passe parfaitement. Mais si tout n’est pas parfait, sur le Tour, vous ne pouvez pas gagner. » Un vrai défi à relever pour un Kristoff qu’on ne reconnait plus. Sa dernière victoire remonte au Tour de Californie, il y a un mois et demi. Une éternité pour un sprinteur de sa trempe.

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