Supercombatif du Tour en juillet dernier, Alessandro De Marchi était passé à côté d’une victoire d’étape méritée, la faute en partie à plus fort que lui, à savoir Rafal Majka, et un Vincenzo Nibali cannibale. L’état d’esprit qui le traverse habituellement était toujours de la partie aujourd’hui entre Alhendin et Alcaudete. Portant une attaque décisive dans le long faux-plat montant menant à l’arrivée, il décroche la plus belle victoire de sa carrière, et donne de l’air à son équipe Cannondale…

Spécialiste des échappées au long cours

Comme beaucoup d’autres coureurs transalpins venus d’équipe continentales de la Botte, Alessandro De Marchi s’est rapidement fait un plaisir de montrer le maillot n’importe où sur son passage. Déniché par Gianni Savio, aux commandes d’Androni Giocattoli, son profil est peu clair, venant avant tout de la piste, où son palmarès actuel est flatteur. Cinq titres de champion d’Italie de la poursuite, dont quatre par équipes et un en individuel. C’est son Giro 2012 qui viendra par la suite conforter l’hypothèse d’un montagnard en devenir. Auteur de nombreuses échappées, il se fait remarquer sur la quatorzième étape, arrivant dans la station de Breuil-Cervinia, au terme d’une montée usante de 27 kilomètres. Il passe tout près d’une victoire de prestige qui reviendra à Andrey Amador. Rebelote lors du lendemain de la journée de repos, où le basque Ion Izagirre remporte une étape pour baroudeurs à Falzes, devant… De Marchi ! Transféré au sein d’une équipe Cannondale en grande partie articulée autour de Peter Sagan, son rôle attendu est celui d’un électron libre capable de tirer son épingle du jeu sur les courses par étapes, sous la protection de l’expérimenté Ivan Basso. Une saison discrète mais symbolisée par une philosophie intacte. Attaquer, tenter, essayer coûte que coûte pour déjouer les stratégies pré-établies. Avec à la clé un joli point d’orgue que cette victoire décrochée sur le Dauphiné, dans le brouillard de Risoul, avec les ogres Froome et Talansky sur ses talons.

Pas du genre à chômer

Peu à son aise sur d’autres terrains, c’est un homme des bons coups, ayant incontestablement du flair, représentant une alternative crédible pour son équipe en dehors des sprints. On ne peut en effet pas dire qu’un leader clair et net l’empêche de s’illustrer… Ivan Basso est sur la pente descendante, Damiano Caruso est encore tendre, et les quelques autres grimpeurs de la structure italo-américaine sont pour la plupart des néo-pros. Alors, ses qualités tombent à pic pour une équipe dépendante de la machine slovaque, et faisant face à un irrégulier Viviani. Il aime bien le Critérium du Dauphiné, et il le prouve en 2014, en ramenant cette fois le maillot de meilleur grimpeur, honorant son nouveau surnom du « Rosso di Buja » , en référence à son Frioul natal. Sur le Tour, il contribuera malgré lui à l’époustouflant numéro de Tony Martin sur l’étape vosgienne se terminant à Mulhouse, accompagnant l’Allemand durant la première moitié du parcours, avant de craquer logiquement face à un tel rythme effréné. Le maillot de meilleur grimpeur était certainement un objectif établi dans sa tête, mais lorsqu’il part seul contre tous sur la route de Chamrousse, il sait qu’une victoire d’étape serait le meilleur moyen de relever la tête après les désillusions occasionnées par Sagan auparavant. A l’avant sur la neuvième, treizième, quatorzième, dix-septième – où Majka le crucifie dans le Pla d’Adet – et dix-huitième étape, le prix de la combativité lui étant décerné sur les Champs-Elysées est tout à son honneur. Et le voici qui surfe sur sa dynamique en Espagne…

Ne pas s’arrêter en si bon chemin

Car une chose est sûre, c’est qu’Alessandro De Marchi n’est pas du genre à s’éteindre brusquement. Il repassera inévitablement à l’attaque durant les prochains jours, de plus en plus à son avantage, avec les arrivées au sommet en masse qui se profilent. Cannondale avait déjà remporté une étape l’an dernier grâce à Daniele Ratto en Andorre, elle pourrait doubler la mise, qui plus est en cas de réveil de Peter Sagan en deuxième partie de Vuelta, s’il termine son deuxième Grand Tour de l’année. Des Grands Tours ou les bilans respectifs des autres petits hommes verts ne sont pas très fameux. Transparente sur le Giro, stérile sur le Tour, elle débloque enfin son compteur en Espagne. Fusionnant avec Garmin pour 2015, De Marchi a fait l’objet de nombreuses sollicitations pour l’an prochain, parmi lesquelles Astana et BMC. La deuxième option a finalement été choisie, et il y retrouvera son compère Caruso, partant également. Il serait dommage de le priver de sa liberté.

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