Ils sont – avec peut-être Boonen et Cavendish – les deux meilleurs coureurs de la dernière décennie. Alberto Contador, Fabian Cancellara : ces deux noms résonneront à tout jamais comme ceux de patrons aux résultats incroyables. Mais 2016 sera vraisemblablement leur dernière année, et il va falloir se faire à l’idée que sur chaque épreuve, ce sera la dernière fois qu’on les voit.

Ca aurait pu être encore plus tôt

Finalement, on s’en sort bien, parce que les deux larrons n’ont pas été loin de raccrocher cet hiver. Au moins l’idée a-t-elle été au programme pendant un moment. « Comme les gens, et mes supporters notamment, me suppliaient de continuer, j’ai fini par repousser l’échéance à 2016 », expliquait l’Espagnol il y a quelques mois. Le Suisse de son côté, avait démarré la dernière saison en assurant qu’une victoire sur une grande classique pourrait sonner la fin de son parcours chez les pros. Mais une blessure l’a empêché de courir les flandriennes, et lui aussi s’est octroyé un peu de rab.  Pour notre plus grand bonheur. Mais les deux hommes ont une vision très différente de leur dernière saison. Pour le Bernois, il n’est pas question de Jeux Olympiques ou de record de l’heure : il veut aller vers l’inconnu. Le maillot rose du Giro semble l’attirer au plus au point, presque autant que l’arc-en-ciel des Mondiaux en ligne, après lequel il court depuis si longtemps.

Bien sûr, il sera aussi un prétendant à la victoire sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Mais Cancellara a surtout décidé de prendre des risques pour sa dernière année. Histoire de partir sans regret. Contador, de son côté, devrait tout miser sur le Tour de France, comme souvent. Avec l’objectif d’enfin réussir à battre Chris Froome. Avant peut-être la Vuelta pour définitivement tirer sa révérence. Même si pour le moment, le Madrilène ne veut pas s’avancer. « Je dois faire un choix avec ma tête, pas avec mon cœur », se plaît-il à expliquer, comme pour faire tourner tout le monde en bourrique. Mais il est clair qu’on imagine mal l’Ibère s’en aller sans passer par son grand tour national.

Partir par la grande porte

Si les deux champions devraient vivre différemment leurs derniers mois dans le peloton professionnel, ils ont malgré tout un sacré point commun. Celui de vouloir rester maîtres de leur carrière, et de ne jamais se faire rattraper par les années. « C’est moi qui choisi quand j’arrêterai, et personne d’autre », expliquait le Suisse de 34 ans l’hiver dernier. « J’aimerais me retirer au sommet. Au sommet d’un podium. Je ne veux pas dépasser mes limites », argue pour sa part le Pistolero, qui a fêté ses 33 ans au mois de décembre. Pour l’un comme pour l’autre, on peut donc reconnaître une terrible envie de ne pas faire l’année de trop, et de partir avec les honneurs. Sans doute pourraient-ils continuer un peu, et Contador a d’ailleurs laissé la porte entrouverte en cas de gros pépin en 2016. Mais ils ont choisi la raison. Encore compétitifs, ils ne s’offrent absolument pas une tournée d’adieux, même si le public devrait leur réserver partout à travers l’Europe et le monde un accueil digne de ce nom. Au contraire, ils veulent continuer à faire ce pour quoi ils sont faits : gagner. Ensuite, ils pourront se retirer, le sentiment du devoir accompli.

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