En faisant son entrée dans le World Tour au bout de sa troisième édition, le Tour d’Abu Dhabi ne perd pas de temps. Et peu importe si la réforme de l’UCI y est pour beaucoup. Dans la lutte que se livrent RCS et ASO, l’organisateur italien semble ainsi avoir pris une longueur d’avance au Moyen-Orient. Abu Dhabi a tout pour devenir la course de référence des pays à pétrodollars.
Une start-list exceptionnelle
Pour qu’une course soit grande, il faut évidemment que les protagonistes le soient également. Et pour une première dans l’élite mondiale, le Tour d’Abu Dhabi n’a pas fait dans la demi-mesure. Chez les sprinteurs, Cavendish, Greipel, Kittel, Ewan et Viviani ont fait le déplacement. Déjà impressionnant, et pourtant, c’est bel et bien la liste des leaders qui fait frissonner. Contador, Quintana, Nibali et Aru, pour les vainqueurs de grands tours, seront là. Accompagnés de Bardet, Majka, Van Garderen, Zakarin, Kruijswijk, Costa, Dumoulin ou Mollema. Du très beau monde.
Une bonne partie des leaders qui ont en vue le Giro s’affronteront pour la première fois de la saison sur les pentes de Jebel Hafeet. Seuls accrocs, l’absence de deux équipes World Tour (la FDJ et Cannondale) et une équipe Sky qui n’a pas emmené de leaders. Quand on connaît l’impact de la formation britannique sur le cyclisme actuel, il est sûr que RCS doit avoir des regrets. Mais à moins d’une énorme surprise, c’est un grand nom qui devrait succéder à Chaves et Kangert, vainqueur des deux premières éditions. Qn dit souvent que l’on juge une course à son palmarès, alors force est de constater que le Tour d’Abu Dhabi a marqué des points dès sa naissance. N’en déplaise aux défenseurs d’un cyclisme du vieux continent, l’épreuve s’offre la plus belle liste de coureurs au départ vue depuis le début de la saison.
L’atout Jebel Hafeet
Dans un Moyen Orient plat et désertique, il n’est pas évident pour les organisateurs de trouver un terrain de jeu pour attirer les grimpeurs. Le Tour de Dubaï a ajouté la montée de Hatta Dam pour varier un peu les plaisirs. Mais ça n’a pas empêché Kittel de remporter l’épreuve en 2016 – cette année, l’étape a été annulée. Le Tour du Qatar se contentait lui ces dernières années de faire saliver les coureurs de classiques avides de bordures. Il n’y a bien que le Tour d’Oman qui essaie de proposer un parcours vallonnée, mais les ascensions restent courtes. Les coureurs peuvent trouver les mêmes difficultés en Andalousie ou au Portugal, sans s’infliger le trajet et le décalage horaire.
Pour attirer les leaders, il fallait donc une difficulté longue et pentue. Une ascension difficile à insérer en Europe à cause du risque de neige. Jebel Hafeet avec ses onze kilomètres à 6,6 % (avec des passages à 11 %) de moyenne est apparu comme le terrain de jeu idéal. Si les objectifs des grimpeurs sont encore lointains, il est évident que celui qui gagnera en haut de Jebel Hafeet, à défaut de prendre un avantage psychologique, fera le plein de confiance au vu de l’adversité. Mais surtout, l’épreuve émiratie n’a pas oublié pour autant de placer des étapes propices aux bordures, comme la première, avec une grosse partie dans le désert. Nairo Quintana a justement indiqué vouloir venir pour progresser dans les étapes venteuses. Le souvenir du coup de bordure de Froome et Sagan lors du dernier Tour de France y est sûrement pour beaucoup.
Une bonne place dans le calendrier
La dernière semaine de février est un bon créneau pour une course qui veut se faire une place. En face du Tour d’Abu Dhabi, on retrouve le Tour de Provence et le Tour de Langkawi. Deux épreuves qui n’attirent pas les stars du peloton. Bien sûr, le Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne se déroulent dans le même temps, mais Abu Dhabi n’a pas vocation a attiré les flandriens. D’autant que si certains sprinteurs ont la double casquette, nombreux sont ceux qui n’aiment pas particulièrement le vent et les pavés. En ce sens, il y aura toujours un plateau de sprinteurs intéressant aux Émirats arabes unis.
Reste que cette course se termine une semaine avant le départ de Paris-Nice et dix jours avant Tirreno. Le risque est le même que pour les autres épreuves du Moyen-Orient, celui que l’épreuve devienne une préparation pour ces courses européennes qui marquent le vrai début de saison pour beaucoup de leaders. Tout ce que ne veut pas Abu Dhabi, qui rêve de devenir un vrai objectif pour les grands noms du peloton. Si son futur règne sur le cyclisme au Moyen-Orient semble bien parti, il faudra donc du temps à l’épreuve pour s’étendre au monde entier. Mais avec son parcours, un organisateur inspiré, des stars intéressées et évidemment le statut World Tour, il y a tout les ingrédients pour se faire une place de choix dans le cyclisme mondial.
Qui est le coureur à la droite de Bardet? Ça m’a l’air d’être un Astana… Kangert?
C’est bien Kangert, vainqueur l’an dernier, mais qui ne fait toutefois pas vraiment partie des cadors présents cette année.
excellente analyse ! je fais partie de ceux qui pense que ces épreuves ont leur utilité , même si la culture cycliste de ces pays est proche de zéro, que les pétrodollars dont florés, et que leur politique en matière d’exploitation des travailleurs est a tous le moins contestable !!! mais malheureusement si on s’arrête a ces contingence politique, on ne fait plus le tour de Californie a partir de cette année !!!!
Ca me plait cette formule 4 jours de course avec un tour en altitude sans risque de neige et cette panolplie de cadors qui repond present . C´est bien, il faut continuer à developper ce type d´epreuve !