Pour sa première saison sous les couleurs du Team Sky, le Basque Mikel Landa n’a pas encore eu l’occasion de se mettre en valeur, faute d’une préparation perturbée et d’une grande rigueur imposée par ses dirigeants quant à son programme de courses. Annoncé comme le grand leader des Britanniques sur le Giro, Landa doit donc monter en puissance à un mois du grand départ d’Apeldoorn. Le Tour du Pays Basque, chez lui, tombe à pic.

Un parcours toujours aussi extrême

Dans l’imaginaire collectif, Tour du Pays Basque rime avec courtes côtes aux forts pourcentages. Cette première semaine d’avril réunit en effet les meilleurs grimpeurs et puncheurs pour ferrailler sur des routes de montagne n’excédant jamais, ou presque, la barre symbolique des 1000 mètres d’altitude. Comme à l’accoutumée, il faudra atteindre le célèbre sanctuaire d’Arrate, mais aussi se coltiner quelques trouvailles assassines, dont l’Alto de Garrastatxu (2 kilomètres à 11 % de moyenne), ou le désormais traditionnel Alto de Aia, en haut duquel l’ancien coureur d’Astana s’était imposé en 2015. Sur ces étapes très nerveuses et sans temps mort, Landa sera observé par ses futurs rivaux sur la course rose : tout le contraire de ce qui s’est passé sur la Semaine Coppi et Bartali, où son coéquipier Gianni Moscon lui a même chipé la vedette en l’absence de véritables pointures. Il est donc l’heure, pour le garçon de Murgia, de montrer qu’il saura répondre présent ces prochaines semaines. Car pour l’instant, c’est un peu le néant.

Rien de dramatique, dans l’absolu, d’autant plus que pour le compte de l’écurie kazakhe, la révélation de l’année 2015 n’avait pas fait trembler grand monde avant le Tour du Trentin, répétition grandeur nature du premier grand tour de l’année. Au Pays Basque, il s’était contenté d’une victoire d’étape en fin de semaine, grâce à une bonne échappée. Ce sera peut-être encore son objectif cette année, avec l’ambition d’emmagasiner de la confiance en vue de la suite de sa préparation. « C’est frustrant de ne pas arriver ici en meilleure condition, car le parcours est toujours aussi adapté à mes qualités de grimpeur, surtout avec le contre-la-montre montagneux autour d’Arrate, expliquait-il à Cyclingnews. Mais à partir de maintenant, si ma forme s’améliore au fur et à mesure, je n’aurais aucun mal à aborder le Giro dans le même état que l’année dernière. » L’ancien chouchou d’Igor Gonzalez de Galdeano du temps d’Euskaltel-Euskadi, est donc bien mesuré quant à ses chances de succès, et, rempli de sagesse, il semble déjà se tourner vers le Giro. Assez étonnant, quand on sait que l’intéressé avouait « courir sans objectifs et sans motivation » en Italie, du fait de ne pas avoir pu courir comme il l’espérait à Valence, en Andalousie et sur Tirreno-Adriatico.

Henao pourrait en profiter

Prudence, donc, autour du fantasque lieutenant de Vincenzo Nibali et Fabio Aru il y a encore quelques mois. Chez Sky, d’ailleurs, on devrait jouer sur plusieurs tableaux. La présence de Sergio Henao, deuxième l’an dernier et déjà vainqueur d’étape, est donc une aubaine. Il a lui aussi les qualités pour damer le pion à des spécialistes de trois semaines comme Contador et Quintana, peut-être un peu moins explosifs que lui sur les pourcentages les plus rudes. Troisième du Tour Down Under, sixième de Paris-Nice et dauphin de Ion Izagirre sur le GP Miguel Indurain, l’atout punch des hommes en noir a définitivement retrouvé son niveau des années 2012 et 2013, et mis de côté son passage à vide après sa suspension interne. La fratrie Henao sera donc l’une des pièces maîtresses de ce qui s’annonce comme une bataille des collectifs entre les principales équipes du World Tour ayant motivé leurs troupes à deux semaines de l’Amstel Gold Race.

Malheureusement pour Movistar, le forfait de dernière minute de Gorka et Ion Izagirre va probablement compliquer la mission de Nairo Quintana, vainqueur indiscutable en Catalogne, mais désormais esseulé sur le papier. Avec le transfuge Jürgen van den Broeck et l’imprévisible Simon Spilak, l’équipe Katusha a pour sa part donné les moyens nécessaires à Joaquim Rodriguez afin de conserver son titre brillamment acquis l’an passé. Une épreuve de force collective dans laquelle devra s’immiscer la FDJ de Thibaut Pinot, impressionnant au Critérium International, mais qui s’apprête à renouer avec une opposition de haute volée. De Fabio Aru à Dan Martin, en passant par Bauke Mollema, Rui Costa, ou encore Warren Barguil, le Tour du Pays Basque à encore fait le plein au niveau de la liste des engagés. Il n’y a plus qu’à espérer qu’au sommet des cols de la région, tout ce beau monde n’arrive pas main dans la main.

Nos favoris

**** Nairo Quintana, Alberto Contador
*** Joaquim Rodriguez, Daniel Martin, Sergio Henao
** Thibaut Pinot, Mikel Landa, Bauke Mollema, Fabio Aru, Rui Costa
* Ryder Hesjedal, Daniel Navarro, Samuel Sanchez, Warren Barguil, Robert Gesink, Igor Anton

Retrouvez le parcours et la liste des engagés.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.