On ne les attendait pas là. Au moment de tirer les premiers bilans, en ce mois d’octobre, un certain nombre de coureurs font office de bonnes surprises. Ces dix-là (enfin onze, on a triché !) ont simplement fait mieux que prévu.

Julian Alaphilippe / Etixx Quick-Step

Le Français est sans doute la plus grosse progression de 2015. Alors qu’il découvrait seulement le monde professionnel en fin d’année 2014, il a décroché deux deuxièmes places, sur la Flèche wallonne puis à Liège-Bastogne-Liège, en 2015. Chaque fois barré par un virevoltant Valverde, il n’a que peu de regrets à nourrir. Au contraire, sa semaine ardennaise a réveillé l’enthousiasme chez les tricolores, qui voient en ce jeune puncheur de 23 ans désormais une véritable chance de victoire pour le futur. En se mettant au service de Kwiatkowski, Alaphilippe a déjà conquis le monde du cyclisme. Alors on a déjà hâte d’être à la campagne de classiques 2016, lors de laquelle le Français sera débarrassé du Polonais, parti chez Sky.

Fabio Aru / Astana

Après un podium décroché sur le Giro l’année passée, on attendait forcément de Fabio Aru qu’il franchisse un cap cette saison. Mais il l’a fait dans des proportions impressionnantes. Deuxième de la course rose derrière l’intouchable Alberto Contador, le Sarde a prouvé aux tifosi transalpins qu’il avait la carrure pour prendre le relais d’un leader emblématique comme Nibali. Et surtout, à la fin de l’été sur la Vuelta, il a démontré sa capacité à ne jamais rien lâcher pour s’offrir un succès de prestige à Madrid. Rien n’a été facile face à l’héroïque Tom Dumoulin, et l’arme privilégiée de l’équipe Astana a du batailler dur. Mais finalement vainqueur de son premier grand tour à 25 ans, Aru n’aura pas traîné, et va désormais devoir assumer un nouveau statut au sein du peloton.

André Greipel / Lotto-Soudal

Tantôt sous-fifre de Cavendish ou Kittel, tantôt meilleur sprinteur du monde. C’est le quotidien d’André Greipel, qui depuis quelques années, ne jouit pas d’une grande régularité. Mais même à 33 ans, quand il est dans une grande année, l’Allemand est tout bonnement indestructible. Parti sur les chapeaux de roues dès le printemps, avec une campagne de classiques durant laquelle il s’est beaucoup montré, il a poursuivi sur le Giro avec un succès, avant de filer vers la Grande Boucle. Et en juillet, le Gorille de Rostock a tout détruit sur son passage. Avec quatre bouquets, il n’y a d’ailleurs jamais été aussi prolifique. Sans un grand van den Broeck dans son équipe pour lui réquisitionner quelques équipiers, il a cartonné, et a bien mérité le repos relatif auquel il a eu droit depuis la fin de l’été.

Rohan Dennis / BMC

Dès janvier, l’Australien a crevé l’écran en battant le record de l’heure. Une performance qu’on pensait alors presque anodine, puisque tous ceux ou presque qui le tentaient le battaient. Mais les difficultés de Bradley Wiggins, quelques mois plus tard, pour battre ce record, ont prouvé que Dennis avait fait quelque chose de grand, et qu’il est désormais l’un des meilleurs rouleurs du peloton. Egalement vainqueur du prologue sur le Tour de France, le protégé de John Lelangue chez BMC a eu les honneurs du premier maillot jaune sur l’épreuve version 2015. Plus que jamais, et malgré ses seulement 25 printemps, Rohan Dennis, qui a aussi terminé deuxième du prologue de Paris-Nice, fait son trou dans la hiérarchie des plus grands spécialistes actuels.

Tom Dumoulin / Giant-Alpecin

On espérait bien voir le Néerlandais confirmer ses bonnes dispositions en chrono voire sur les courses d’une semaine. Après de jolies performances au Pays-Basque (victoire sur le chrono) et en Suisse (troisième du général et vainqueur du prologue), le Néerlandais s’était déjà assuré de ne pas être considéré comme un des échecs de la saison. Puis est venue la Vuelta, où malgré son isolement au sein même de son équipe, il s’est retrouvé propulsé au milieu des leaders. Quelques jours, puis une semaine, et finalement jusqu’au bout, il s’est battu avec les meilleurs. Aru, même lors de l’ultime étape de montagne, avait de quoi douter. En réalité, Dumoulin a craqué au dernier moment ou presque, offrant la victoire à son collègue italien. Mais le natif de Maastricht a pris rendez-vous, et à l’avenir, plus personne ne le sous-estimera.

Zdenek Stybar / Etixx Quick-Step

A y regarder de plus près, le Tchèque aurait peut-être pu faire encore mieux. Cette saison, il semblait en effet voler un peu partout, sur les bosses comme sur les pavés, et ses rares succès peuvent être une source de regret au cœur d’une saison pourtant très réussie. Dès l’ouverture des classiques, sur l’Omloop Het Nieuwsblad, Stybar a montré son plus beau visage, et il n’a pas tardé à gagner, sur les Strade Bianche. La suite, ce fut une série de places d’honneur, notamment sur le GP E3 et Paris-Roubaix, où il termine deuxième. Une campagne de classiques plus qu’honorable, sublimée par un succès en costaud sur le Tour de France, au Havre. Chez Etixx, ce pourrait être lui, désormais, le patron des classiques – avec Julian Alaphilippe.

Mikel Landa / Astana

L’explosion du grimpeur basque était attendue depuis quelques années, mais rien ne laissait penser qu’elle interviendrait cette saison, et qu’elle serait aussi foudroyante. Sur le Giro, Landa s’est montré aussi fort – pour ne pas dire plus par moments – que son leader Fabio Aru. Résultat, la direction de l’équipe Astana ne savait quoi ordonner à ses troupes tant la situation portait à confusion. Finalement, la hiérarchie n’a pas été bousculé et l’Espagnol a bien travaillé pour l’Italien, mais il est tout de même aller chercher un podium personnel, de loin son meilleur classement sur une épreuve de trois semaines. Le signe que l’espoir est devenu un coureur qui compte, également capable de remporter l’étape reine de la Vuelta au sommet de Cortals d’Encamp.

Geraint Thomas / Sky

Le Gallois n’est pas facile à suivre, aussi bien sur la route que dans sa progression. Rouleur, flandrien, grimpeur, son profil regroupe ces trois qualités. Cinquième de Paris-Nice, avec en prime une deuxième place au sommet de la Croix de Chaubouret, juge de paix de l’étape reine, puis deuxième du Tour de Suisse, il a fait étalage de grosses qualités sur les courses d’une semaine. Mais c’est pourtant sur les classiques qu’il a le plus brillé cette saison. A de nombreuses reprises, il a semblé le plus costaud de tous les protagonistes quand les pavés étaient au programme. Et s’il n’a pas toujours eu la même réussite que sur le GP E3, où sa puissance n’a laissé aucune chance à ses concurrents, sa régularité et sa volonté d’attaquer ont fait forte impression.

Adam et Simon Yates / Orica-GreenEDGE

Il y a peu, on avait du mal à différencier Adam et Simon Yates. Et en fait, ça continue. A tour de rôle, ils viennent batailler avec les meilleurs, et on a toujours autant de mal à les reconnaître, surtout en course. La plus belle victoire revient incontestablement à Adam, vainqueur de la Clasica San Sebastian dans la confusion générale, puisque lui-même n’a pas levé les bras, persuadé d’être deuxième. Mais la régularité, elle, sacre davantage Simon, cinquième du Tour du Pays-Basque puis du Dauphiné, où il a d’ailleurs terminé deuxième de l’ultime étape, vers Modane Valfréjus. En tout cas, pour la fratrie britannique, l’évolution est constante depuis quelques années, et 2015 a marqué un cap supplémentaire, encore plus déterminant.

John Degenkolb / Giant-Alpecin

Retrouver l’Allemand vainqueur d’un monument n’a pas grand chose d’une surprise. Mais deux, c’est quelque chose qu’on n’imaginait malgré tout assez peu en début de saison. Quand on connaît la difficulté et la part de chance qui s’immisce dans ces épreuves, triompher successivement sur Milan-Sanremo et Paris-Roubaix est proche d’un exploit. Degenkolb l’a fait, preuve qu’en 2015, il était sur un nuage. Il peut donc regretter de ne pas avoir connu le succès sur le Tour malgré l’absence de Kittel, ou de n’avoir décroché qu’un seul bouquet sur la Vuelta, qui l’avait vu faire une véritable razzia il y a de ça un an. Mais à 26 ans, l’Allemand n’a qu’une chose à retenir : il est le nouveau patron des classiques, et peut-être même du peloton. C’est déjà pas mal.

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