L’offensive et la persévérance payent toujours. Souvent moqué par le passé pour sa capacité à toujours finir à un rien de la victoire, Greg Van Avermaet a conclu son fabuleux été par un très beau succès sous le soleil de Copacabana. Une médaille d’or savoureuse et pleine d’énergie, qui a réjoui la planète vélo et la nation noire, jaune et rouge. Et redoré l’image d’une épreuve olympique souvent méprisée par des médaillés au passé trouble et sulfureux.

Un succès inattendu

Quelques minutes après le succès de Greg van Avermaet, son coéquipier Laurens de Plus craque. Il est en pleure dans les bras de Kevin de Weert, nouveau sélectionneur de l’équipe belge. « C’est incroyable, incroyable, a déclaré l’ancien coureur. C’est à peine imaginable que Greg soit champion olympique. Ce soir, nous allons faire la fête. » Car oui, cette victoire n’était absolument pas prévue. Venus en tant qu’outsider à Rio, les Belges n’avaient pas de véritable leader. « Avant la course, nous nous sommes rassemblés et on a décidé que Van Avermaet et Gilbert tenteraient d’anticiper les attaques. Wellens et Pauwels attendraient quant à eux la fin », racontait De Weert. “GVA” a remarquablement suivi les remarques de son sélectionneur : à plus de 70 km de l’arrivée, le Flamand était déjà à l’attaque avec notamment Thomas, Caruso, Taaramae et Henao.

Mais malgré son pedigree, Van Avermaet n’était qu’un des nombreux outsiders de l’épreuve. Avec le passage à trois reprises de la montée vers Vista Chinesa, cette course était normalement destinée aux grimpeurs, et elle l’a été. Sur les 15 premiers coureurs qui ont franchi la ligne d’arrivée, seul le vainqueur et Andrey Zeits ne brillent pas régulièrement sur des étapes de haute montagne. Pour l’habituel leader de la BMC, rien n’était donc acquis au départ. Collaborant tout en ne se mettant pas dans le rouge, il a eu l’intelligence de ne pas suivre l’offensive de Nibali dans la dernière difficulté, préférant monter à son rythme tout en participant à la poursuite avec Fuglsang. « J’ai essayé de m’épargner un peu et de survivre dans la montée finale, qui était longue et très dure, confirmait-il à l’arrivée. Jamais je n’avais espéré un scénario comme celui-là. Il fallait que tout soit parfait, et ce fut le cas. » C’est vrai, Van Avermaet a eu des circonstances de course favorables. Mais comme le veut l’adage, la chance a souri hier à un audacieux.

Le successeur de Boonen et Gilbert

La Belgique a longtemps puisé sur deux énormes talents, Tom Boonen et Philippe Gilbert. Chacun d’eux avait propulsé le cyclisme belge en haut de l’affiche et caché le manque de grands talents du plat pays. Depuis leur déclin entamé il y a quelques saisons, les coureurs belges ne pouvaient se targuer que de victoires sur des semi-classiques ou sur des courses par étapes de second rang. Ils n’étaient même plus dominateurs sur leurs propres courses, les classiques pavées. Van Avermaet, même s’il a mis du temps et joué de malchance – ou de manque de lucidité tactique -, s’inscrit donc comme un digne successeur. Avec ce titre olympique, il rentre dans l’histoire : comme Boonen et Gilbert, sacrés de leur côté champions du monde en 2005 et 2012.

Qui peut encore revendiquer être plus costaud que lui sur une épreuve de plus de 250 kilomètres ? Sagan sans doute, Kwiatkowski peut-être. Et on a fait le tour. Van Avermaet est devenu d’une polyvalence rare, même capable maintenant de grimper des cols, comme on l’a pu l’observer cet été. Vainqueur de Tirenno-Adriatico, du Het Nieuwsblad, d’une étape du Tour et également porteur du maillot jaune durant trois jours, le Belge réalise tout simplement la meilleure saison de sa carrière. « C’est une année de rêve », concédait-il hier, tout cela malgré sa chute sur le Tour des Flandres. Van Avermaet est devenu grand. Sa médaille d’or autour du coup, il n’en est qu’un champion plus émouvant et rafraîchissant. On comprend aisément les larmes de Laurens de Plus. Elles représentent ce qu’un petit pays tout entier a pu ressentir dans les derniers kilomètres d’une course haletante. Parce que la Belgique attendait une médaille d’or dans son sport de prédilection depuis plus de 60 ans.

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