Le cyclisme est le plus collectif des sports individuels et le contre-la-montre par équipes en est le plus bel exemple. Cet exercice si spécifique est unique et demande aux coureurs des qualités plutôt rares comme la cohésion. Des automatismes entre les équipiers sont nécessaires et seules les plus grandes formation, avec la meilleure homogénéité, ont une chance de décrocher le bouquet de vainqueur. Ces dernières années, les spécialistes se nomment Orica GreenEdge, BMC et Etixx Quick-Step.

Une épreuve par comme les autres

Si l’exercice a été abandonné pendant plusieurs années, il est revenu à la mode ces derniers temps. Son côté spectaculaire le rend très télévisuel et de plus en plus de courses l’adoptent sur des distances raisonnables. On est loin des soixante voire soixante-dix kilomètres qui étaient de rigueur il y a plus de 20 ans, ceci afin de ne pas trop pénaliser les coureurs appartenant à des équipes plus faibles. Les pertes de temps sont moindres mais parfois significatives d’un état de forme. Le Giro et la Vuelta ont d’ailleurs choisi une formule plutôt bien adaptée. Le chrono par équipes fait une vingtaine de kilomètres et est synonyme de première étape. Il permet aux leaders des meilleures formations de prendre un léger avantage, il est vrai plus psychologique qu’autre chose. Comme on l’a vu lors du Tour d’Italie le mois dernier, les écarts sont de trente secondes voire une minute maximum. S’il est préférable d’être devant, rien n’est perdu pour les retardataires à l’aube d’une course de trois semaines.

Le Tour de France va cette année renouer avec cet exercice si particulier, qui exige une excellente cohabitation entre de fortes individualités. Mais l’originalité du chrono collectif proposé par les organisateurs de la Grande Boucle est la place tardive qu’il occupe dans l’épreuve. Il faudra attendre neuf jours de courses et la traversée de la France d’est en ouest pour que les équipes présentes s’opposent entre Vannes et Plumelec. Et tout le monde sait que sur la première semaine du mois de juillet, les risques sont nombreux. Entre les chutes qui arriveront forcément et des pertes de temps imprévues, beaucoup d’évènements viendront modifier la donne de cette étape bretonne. Imaginez qu’une équipe déplore déjà deux voire trois abandons, par rapport à une formation comptant encore neuf coureurs. La différence pourrait être grande.

Une technique particulière

Depuis septembre 2012, une nouvelle épreuve du championnat du monde sur route met même en lumière l’exercice collectif. Les équipes ne sont pas nationales mais par marques, comme pour garder une certaine cohérence que nécessite ce contre-la-montre. Parce qu’à chaque fois, les équipes doivent se préparer minutieusement afin de trouver les automatismes, les bonnes places des coureurs et le temps des relais de chacun. De nombreuses heures, pendant plusieurs mois, sont nécessaires pour être au point sur 25 kilomètres. En sachant que l’on peut économiser près de 30 % de son énergie en restant dans les roues, c’est un calcul très précis qui peut permettre, en fonction des coureurs et de leur force, de trouver les relais parfaits et d’optimiser le collectif. Le plus important est peut-être de rester parfaitement en ligne, se mettre à l’abri du vent et négocier au mieux les virages.

A l’arrivée, le temps est pris sur le cinquième coureur de l’équipe. En partant à huit ou neuf en fonction de la course, ça laisse une certaine marge et cela permet à d’habituels gregarios de se sacrifier pour les meilleurs rouleurs. Attention cependant à ne pas se retrouver à cinq coureurs trop tôt, car les relais vont revenir beaucoup trop vite et l’énergie diminuera encore plus rapidement. Jack Bauer peut en témoigner. Le Néo-Zélandais de Cannondale-Garmin était à la limite de la rupture dans les derniers kilomètres au Dauphiné. Il pense alors à se relever, se retourne et voit qu’il est le cinquième coureur de son équipe. Il doit persévérer jusqu’à la fin. Avoir de gros rouleurs est bien sûr avantageux. Mais si le niveau est trop hétérogène, le meilleur risque de cramer tout le monde. C’est ce qu’il s’est passé avec l’équipe Etixx encore une fois il y a quelques jours. Tony Martin, triple champion du monde du contre-la-montre individuel et deux fois vainqueur en équipes, est parti fort en prenant de gros relais. Résultat, une belle place pour lui et ses coéquipiers mais moins bonne que d’habitude. L’effort n’a pas été géré au mieux.

On ne sait pas encore ce qu’il se passera le 12 juillet prochain, mais la programmation de cet évènement un dimanche montre l’envie de montrer au plus grand nombre cette épreuve. Nul doute qu’il y aura des milliers de personnes le long des 28 kilomètres du parcours, et des millions de téléspectateurs pour regarder ce spectacle plutôt inhabituel. Espérons qu’il soit au rendez-vous.

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