Course montagneuse, le Tour de Suisse a encore séduit bon nombre d'outsiders du Tour de France - Photo TDS
Course montagneuse, le Tour de Suisse a encore séduit bon nombre d’outsiders du Tour de France – Photo TDS

4e Tour national derrière la Vuelta, le Giro, et le Tour, l’épreuve helvétique reste prisée par deux types de coureurs : les sortants du Giro, qui veulent profiter de leur condition pour empocher un bon classement général sur ce terrain prestigieux, et les prochains concurrents du Tour de France, qui souhaitent préparer l’événement loin des lumières du Dauphiné. Un choix potentiellement risqué, en effet, seul Eddy Merckx est parvenu à réaliser le doublé Tour de Suisse-Grande Boucle. Les frères Schleck, toujours très attirés par la course suisse, où l’aîné Frank lutte régulièrement pour la victoire finale, ne seront cette fois-ci représentés que par le cadet Andy, à la recherche de sensations après deux années vierges de tout accessit.

– Les Favoris

***** Tejay Van Garderen : En balance avec Cadel Evans pour le statut de leader sur le Tour de France, Van Garderen a encore besoin d’affirmer sa domination sur un coureur australien probablement émoussé par un Giro frigorifiant. Le parcours est –sur le papier – délicat pour l’Américain, qui excelle en contre-la-montre, mais n’a pas encore atteint un niveau suffisamment élevé pour suivre les tous meilleurs en haute montagne. Cependant, les coureurs de son profil se sont aisément distingués ces dernières années : si Karpets, Kreuziger, Leipheimer et Rui Costa ont eu les jambes pour s’accrocher dans les montées et distancer les grimpeurs dans l’effort chronométré, Van Garderen devrait y parvenir.

**** Simon Spilak : Victorieux des semi-classiques de Frankfurt et d’Escella, placé sur les Tours de Romandie (2e) et du Pays-Basque (4e), le Slovène semble avoir franchit un cap. Peu à l’aise sur les grands tours, où son manque de capacités de récupération lui fait défaut, Spilak s’affirme sur les courses d’une semaine, où il mène la danse pour une équipe Katusha qui lui confie volontiers le rôle de leader en l’absence de Joaquim Rodriguez, présent sur le Dauphiné. Étincelant en Romandie, où il provoqua la surprise d’un Chris Froome qui ne l’attendait pas à ce niveau, Spilak, qui n’a jamais vraiment brillé en milieu de saison, sera un homme à surveiller.

– Les Outsiders 

*** Janez Brajkovic : 9e du Tour de France en 2012, l’ancien grand espoir de la Discovery Channel a cette fois concentré sa préparation dans l’optique exclusive de briller au mois de juillet. Très discret jusque là, Brajkovic ne s’est pas mis en évidence sur Paris-Nice ou en Catalogne, comme il avait l’habitude de le faire. Conscient de ses capacités, qui pourraient le conduire vers le top 5 de la prochaine Grande Boucle, le Slovène monte tranquillement en puissance. Le Tour de Suisse sera pour lui un premier véritable test face à une concurrence à sa portée.

*** Jean Christophe Péraud : Après sa saison 2012 délicate, Péraud a retrouvé des couleurs en remportant enfin sa première victoire professionnelle sur les pentes du Mont Faron en début de saison. Alors que les coureurs français choisissent généralement de s’aligner sur le Critérium du Dauphiné, ce candidat au top 10 du prochain Tour de France s’est tourné vers la Suisse, où décidément beaucoup d’outsiders vont se retrouver.

*** Thomas Lovkvist : S’il y a bien une course où malgré les blessures et les méformes, le coureur d’IAM répond présent, c’est certainement sur le Tour de Suisse. Prometteur vainqueur du Tour Med, Lovkvist a encore joué de malchance en se fracturant la main dès le mois d’avril, le privant de la Flèche wallonne et du Tour de Romandie, sur lesquelles il entraînait des espoirs de bons résultats. Privée de Tour de France, la nouvelle équipe suisse jouera à fond sa carte sur son tour national, elle y a ainsi aligné sa meilleure équipe possible.

*** Rui Faria Da Costa : Tenant du titre, le leader de la Movistar aura fort à faire pour défendre son bien. L’année passée, Alejandro Valverde avait été d’un grand soutient dans la quête et la préservation du maillot  jaune. Cette fois un peu plus esseulé et désavantagé par un chrono moins long, le Portugais demeure cependant un outsider sérieux, sa régularité sur ce type d’épreuves n’étant plus à démontrer.

*** Michele Scarponi : Surfant sur sa forme du Giro, Scarponi pourrait s’inscrire dans cette lignée des coureurs italiens ayant conquis la course helvétique après avoir pesé sur leur tour national. Particulièrement marqué par ses trois semaines d’efforts intenses, aura-t-il suffisamment récupéré ? Auteur de gros progrès en contre-la-montre, Scarponi est maintenant suffisamment complet pour lutter avec les spécialistes. Son palmarès en la matière, fort de précédentes victoires sur Tirreno et en Catalogne mérite d’être complété.

– A ne pas sous-estimer

** Ryder Hesjedal : Malade sur le Giro, poussé à l’abandon, le Canadien a vécu un mois de mai très délicat. Reposé, il vise désormais le Tour de France, où sa 6e place de 2010 était restée dans les mémoires. Son état de forme du moment reste inconnu, il ne part donc qu’avec un statut d’outsider potentiel. Avec le soutient d’un coureur comme Daniel Martin, fraîchement vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, Hesjedal cherchera peut-être simplement à faire monter sa condition, et se tester sur une étape.

** Jonathan Tiernan-Locke : Handicapé par de graves soucis physiques en début de saison, la révélation de la saison précédente va mieux. La jeune garde de Sky, représentée par Luke Rowe, Joe Dombrowski et Joshua Edmondson, aura carte blanche pour se mettre en évidence, en l’absence des hommes forts de l’équipe. Encore sur le retour, « TL » a cependant été désigné dossard n°1, un signe qui ne trompe pas.

** Thibaut Pinot : Le jeune grimpeur français, tête de file de la nouvelle génération, a excellé sur le dernier Tour de Suisse. Le débutant y avait multiplié les bonnes places, manquant le top 10 à cause d’un abandon le jour de l’arrivée. Décrit par son entraîneur, le réputé Fredéric Grappe, comme « l’un des 5 meilleurs grimpeurs du monde » après cette course, Pinot a confirmé ce statut sur le Tour de France. Malgré ses 23 ans, il faudra le considérer comme un favori des étapes difficiles de la Punt et de Crans Montana. Cependant, sa faiblesse en chrono et sa capacité à éviter les pièges l’éloignent encore des toutes premières places des classements généraux.

* Wilco Keldermann : 17e du Giro, son premier grand tour, la nouvelle pépite de l’équipe Blanco (ou doit-on désormais dire Belkin ?) est proche de s’emparer du statut de leader de l’ancienne Rabobank. Les anciens chefs de file, Gesink et Kruijswijk, ont tous déçu. Si Bauke Mollema mènera encore la barque sur le prochain Tour de France, Keldermann pourrait profiter de son pic de forme du Giro pour glaner un nouvel accessit avant sa coupure.

Mentions : Bauke Mollema, Peter Velits, Igor Anton, Andreas Kloden, Maxime Monfort, Matthias Frank, Daniel Martin, Domenico Pozzovivo et Nicolas Roche.

Louis Rivas


 

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