Chris Froome est un très solide maillot jaune, qui a prouvé ce jeudi sur le chrono qu’il n’avait personne à craindre. Mais derrière, pour les deux places qu’il reste à prendre sur le podium, ils sont cinq en un peu plus d’une minute. Avec, au cœur de la bagarre, un Français qui redonne le sourire.

Un loup, cinq brebis

Après avoir franchi la ligne d’arrivée avec le meilleur temps, Chris Froome a levé son bras droit avec un grand sourire. Il le sait, sauf accident de parcours, le Tour est gagné. Il ne peut plus rien lui arriver, parce qu’il est au-dessus des autres, et surtout parce que les autres sont cette année incapables de venir ne serait-ce que le titiller. Le Britannique a presque tranquillement construit le succès qui se profile, sans jamais être inquiété. Ce qui n’empêche pas ses poursuivants de livrer bataille, chaque jour. Et vu que tout le monde est à bloc, c’est par l’arrière que se fait la sélection. Au fil des étapes, tous ont lâché quelques secondes à gauche à droite. Mais à trois jours de Paris et avec encore deux étapes de montagne au programme, les écarts sont minimes. Il n’y a que 1’08’’ entre Bauke Mollema, deuxième, et Richie Porte, sixième. Les deux derniers jours alpestres doivent affiner tout ça. Et comme il n’y aura que deux places pour accompagner « Froomey » sur le podium dimanche soir, il y aura forcément trois déçus.

Parce qu’un peu de chauvinisme de temps en temps ne fait pas de mal, et aussi parce que le Tour des Français est jusqu’ici plutôt terne, on a envie que Romain Bardet fasse partie des deux heureux. Un podium viendrait récompenser sa saison aboutie, et une philosophie offensive. « Sauver une sixième place, ça ne m’intéresse pas », assurait l’Auvergnat en début de semaine, lors du jour de repos. Hier, vers Finhaut-Emosson, et aujourd’hui sur le contre-la-montre entre Sallanches et Megève, il s’est donné les moyens de ses ambitions. Le Français a gratté une place, et surtout pas mal de secondes. Le voilà à seulement une minute et cinq secondes de Mollema, toujours dauphin de Froome même s’il ne cesse de perdre du temps. Jamais sur un Tour de France Bardet avait été aussi bien placé aussi proche de l’arrivée sur les Champs-Elysées. Soutenu comme jamais par le public, encore plus à Sallanches, théâtre du titre mondial de Bernard Hinault en 1980, le leader d’AG2R doit faire avec beaucoup de pression. Mais il semble désormais avoir les épaules pour la supporter.

Tous y croient encore

Derrière lui, en revanche, il devra se méfier d’un Richie Porte chaque jour un peu plus impressionnant. « C’est un désastre, c’est un désastre », répétait l’Australien à Cherbourg, au terme de la deuxième étape, lorsqu’il venait de perdre 1’45’’ sur une crevaison malvenue. Tout ça n’est pas oublié tant sa course aurait pu être différente s’il n’y avait pas eu cet incident. Sans compter, en plus, l’épisode de la moto dans le Mont Ventoux. Mais l’ancien lieutenant de Chris Froome a relevé la tête et petit à petit, a recollé aux hommes qui talonnent – si l’on peut dire – le Maillot Jaune. Son premier podium sur une épreuve de trois semaines est peut-être tout proche. Il pensait ses espoirs envolés dès le premier week-end de course : seize étapes plus tard, il est encore en mesure de terminer deuxième du Tour. Un pas de géant pour le Tasmanien, qui avait finalement décroché sa meilleure performance sur son premier grand tour, le Giro 2010.

Mais devant les deux hommes en forme que sont Porte et Bardet, il reste malgré tout trois garçons qui font figure d’obstacles en vue du podium. Quintana, toujours plus inquiétant, s’accroche comme un beau diable même s’il n’est plus du tout celui qu’on a connu dès lors que la route s’élève. Mais dire que c’est celui qui sera le plus facile à passer suffit à mesurer l’ampleur de la tâche. Parce que devant le Colombien, aussi inattendus soient-ils à ce niveau, Yates et Mollema sont de sacrés clients. Le Néerlandais a beau avoir lâché du temps ces deux derniers jours, il reste celui qui a accompagné Froome et Porte dans le Ventoux. Quant au Britannique, révélation de cette Grande Boucle, il poursuit son ascension avec insouciance et le rêve d’offrir à son pays un nouveau doublé au classement général, comme lorsqu’en 2012 Bradley Wiggins s’était imposé devant Chris Froome. Si ce Tour est donc dénué de suspense depuis un moment, il lui reste un peu d’intérêt. Et à n’en pas douter, voir un Français monter sur la boîte dimanche suffirait à égayer ce mois de juillet.

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