Après six étapes, la doute plane toujours. Officiellement, la course devait décider du leader au sein d’une formation Movistar pouvant compter sur Nairo Quintana et Alejandro Valverde. Sauf qu’en réalité, dès ce jeudi vers La Zubia, première arrivée au sommet de cette Vuelta, l’Espagnol était au service du Colombien. Avant que tout ne soit remis en question…

Une montée et déjà des questions

L’ascension vers La Zubia n’avait rien de très impressionnante, plutôt courte et clairement pas la plus raide au programme de cette Vuelta. Mais inédite, elle a été abordé sans a priori de la part des coureurs. Toutefois, la Movistar avait prévu d’imposer tout de suite sa supériorité numérique, et dès le pied, Alejandro Valverde avait pris les commandes d’un groupe de plus en plus réduit au fil des hectomètres. Dictant un rythme d’enfer, il avait Quintana dans sa roue, suivi de Contador, Froome et Rodriguez notamment. Le signe que le Murcian, coureur emblématique de la formation ibérique, avait accepté ce que semblait imposer la logique, à savoir le leadership du Colombien vainqueur du dernier Giro et nouveau patron des courses par étapes chez les hommes d’Eusebio Unzué. Sauf que rien ne se passa en réalité comme prévu dans le dernier kilomètre…

En effet, on était en mesure d’attendre l’attaque de Quintana après l’énorme travail de son coéquipier. Mais finalement, à 700 mètres de la ligne, c’est Joaquim Rodriguez qui a dynamité la fin d’ascension. Une attaque comme il en a l’habitude, pleine de vivacité avec sa giclette légendaire. Sur le moment, un seul homme est parvenu à boucher le trou rapidement creusé par le Catalan : Vaverde ! Le trio composé de Contador, Froome et Quintana est revenu quelques secondes plus tard, avant que le dernier nommé ne craque, à la surprise générale. Plus surprenant encore, et même s’il est impossible de savoir si l’Imbatido avait eu vent de cette petite défaillance, Valverde a attaqué pour aller chercher la victoire d’étape, enfonçant un peu plus son coéquipier colombien. De quoi tout remettre en question et se demander qui est vraiment le patron chez Movistar.

Opportuniste et offensif

Sur le papier, il n’y a pas photo entre les deux compères de la formation ibérique : Quintana est sans doute le meilleur grimpeur du peloton et en constante progression quand Valverde est sur le déclin et clairement pas aussi spécialiste des grands tours. Mais qu’importe, l’Espagnol a saisi l’opportunité de fortement marquer les esprits sur cette première arrivée en altitude. Il l’avait déjà fait il y a deux jours, attaquant dans l’ultime grand prix de la montagne du jour. Parce qu’il a des fourmis dans les jambes. Les aura-t-il durant trois semaines ? C’est la grande question après avoir couru le Tour de France en jouant le classement général. Mais le statut de l’ancien vainqueur de la Vuelta laisse la porte ouverte à toute éventualité. Les spéculations autour de son contrat sont aussi au cœur du débat, la Movistar souhaitant qu’il se focalise sur les classiques alors que lui veut continuer de viser les courses par étapes.

Ce 69e Tour d’Espagne est donc pour lui l’opportunité de montrer qu’il peut encore jouer la gagne sur trois semaines, au moins autant qu’un Quintana qui n’a plus grand chose à prouver à ce niveau là après avoir remporté le Giro en mai dernier et terminé deuxième de la Grande Boucle en 2013. A 34 ans, Valverde est aussi orgueilleux comme peu de coureurs, et voir celui qui était son lieutenant il y a deux ans venir lui chiper le leadership aurait de quoi passer difficilement. Même si son accélération dans les derniers hectomètres ce jeudi pourrait être mal prise par Quintana, le Murcian a simplement marqué son territoire. Peut-être se mettra-t-il au service du Colombien, mais pas du tout parce qu’il est à la ramasse. Et puis sait-on jamais, peut-être qu’Alejandro Valverde aura carte blanche et pourra jouer le général sans se soucier de son encombrant coéquipier. Dans tous les cas, jusqu’à la fin de la Vuelta, la cohabitation risque de ne pas être aussi facile qu’on a voulu nous le faire croire…

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