Depuis le départ du sponsor Omega-Pharma et de Philippe Gilbert vers BMC, l’équipe de Marc Sergeant a décidé de prendre un virage à 180° en se concentrant exclusivement sur André Greipel, le Tour de France et la formation de jeunes talents belges. Mais cette nouvelle philosophie n’a pas du tout payé cette année : 18e au classement World Tour, Lotto est loin des objectifs annoncés…

Entre blessures et contre-performances

Marc Sergeant a pris un gros risque en misant tout sur la grande messe de juillet, à l’instar de la saison précédente. Et cette centième édition s’est vite transformée en calvaire pour la formation belge, que ce soit au niveau du classement général ou sur les sprints. A Montpellier, alors qu’André Greipel venait de remporter ce qui sera sa seule étape sur la Grande Boucle 2013, le leader de l’équipe, Jürgen Van den Broeck, dû abandonner suite à une chute dans la dernière ligne droite. Un échec cuisant sur l’épreuve juillettiste, qui remet en question ce choix d’en faire l’unique objectif annuel. Car après cet abandon, “VDB” n’a plus couru. Et avant, il n’avait tout simplement rien gagné… A désormais 30 ans, le Flamand a gaspillé une nouvelle cartouche dans sa quête de podium sur le Tour (déjà 4e en 2010 et 2012). Et que dire de ses piètres performances chroniques sur les courses d’une semaine, toutes aussi inquiétantes ! Incapable d’être régulier, le natif de Herentals semble se brider lui-même, et voit ainsi les victoires s’éloigner année après année.

Mais ne nous y trompons pas, ça n’a pas été la seule déception. Le sprinteur allemand, André Greipel, n’a pas fait bien mieux. Malgré une armada de routiers-sprinteurs à sa disposition, le champion d’Allemagne a déçu en ne remportant qu’une seule étape, accompagnée de trois podiums. Même s’il fût parfois malchanceux, le coureur de Rostock s’est montré trop juste, écrasé par son compatriote Marcel Kittel. Finissant derrière Cavendish et Kittel et à égalité avec Sagan (lui vainqueur du maillot vert) en nombre de victoires, Lotto-Belisol ne peut pas se réjouir d’un tel bilan, surtout après les efforts consentis pour permettre à Greipel de glaner de nombreux bouquets. D’autant que c’est l’ensemble de la saison du Gorille qui a été moyenne. Incapable de s’imposer sur une classique, même sans la présence des cadors, il n’a pas non plus été à la hauteur sur les épreuves locales, de l’Eneco Tour aux flandriennes, qu’il a traversé comme un fantôme malgré des tentatives d’échappée. Et ce n’est pas l’émergence de nombreux jeunes talentueux qui va permettre à l’Allemand de retrouver des sommets qu’il quitte petit à petit.

Dans un autre registre, le cas Vanendert pose question. Souvent malade ou blessé, l’ancien lieutenant de Philippe Gilbert aura couru en 2013 dans l’anonymat le plus totale. Après avoir débuté les classiques hors de forme, il dut renoncer à la Grande Boucle début juin à cause d’une blessure. Une malchance n’explique pas tout, loin de là… Transparent sur les routes de la Vuelta, celui que l’on surnomme Rachid aura plus souvent été présent dans le gruppetto qu’à l’avant de la course. Ironie du sort, son frère cadet Dennis a même glané plus de points World Tour que lui, illustration parfaite de la saison catastrophique que Wallon. Les échecs de ses trois leaders mettent en évidence le manque de profondeur d’effectif. Après avoir laissé partir le meilleur coureur du monde de l’époque, Gilbert, sans le remplacer, la formation de Marc Sergeant a réédité l’erreur avec Gianni Meersman. Au final, l’avant dernière place au classement World Tour n’est pas si surprenante…

Jürgen Roelandts dans le rôle du Messie

Heureusement, dans le bilan médiocre de Lotto, tout n’est pas à jeter. En reconstruction depuis le départ de son co-sponsor Omega-Pharma, la loterie nationale belge a donc opté pour la formation, en espérant que cela se passe mieux que par le passé, comme a pu le montrer le cas Van Avermaet. Et la grande satisfaction de la saison est un coureur formé au sein de la structure, Jürgen Roelandts. Blessé lors de l’édition 2012, l’ancien champion de Belgique a été époustouflant sur le Tour des Flandres, une course dont l’équipe se préoccupe de moins en moins depuis quelques années (et notamment le départ de Leif Hoste). A côté de ça, le Flamand de 28 ans s’est montré plutôt régulier, le plus souvent au service de Greipel, mais assez efficace lorsque le rôle de coureur protégé lui a été attribué, en témoigne sa quatrième place sur le GP de Plouay.

Des coureurs formés chez Lotto qui réussissent plutôt bien, à l’image du grimpeur Bart De Clercq, vainqueur d’une étape du Giro lors de sa première année chez les pros (en 2011) et meilleur élément des Belges sur le dernier Tour de France. Résistant en haute montagne et doté d’une excellente récupération, il en a surpris plus d’un. Comme son coéquipier Tom Wellens, qui s’est mis en évidence sur les semi-classiques et les courses par étapes d’une semaine. Malgré sa non-participation au Tour d’Italie à cause d’une blessure, le jeune grimpeur a pu confirmer les espoirs placés en lui. Enfin, il faut noter les performances de Jens Debusschere, qui a montré le bout de son nez sur le Tour de l’Eurométropole avec la victoire finale et une étape dans la besace.

Cependant, on s’en rend compte, ça fait assez peu de satisfactions pour l’ensemble de l’exercice 2013. Malgré tout, c’est la preuve que la politique de formation peut porter ses fruits et qu’elle doit perdurer. Limité financièrement, Lotto-Belisol ne peut rivaliser à la régulière face aux monstres que sont BMC, Sky ou encore les rivaux belges d’Omega-Pharma Quick-Step. A l’heure où la cohabitation entre Greipel et Van den Broeck sur la Tour paraît de plus en plus difficile, mettre en avant la jeunesse est obligatoire. Tout en rétablissant la situation et en conservant ses leaders, condition indispensable pour que la saison 2014 soit de meilleure facture…

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